Tahiti Infos

Timei : "Je veux me battre pour décrocher mon premier CDI"


Timei espère devenir soudeur.
Timei espère devenir soudeur.
Papeete, le 31 octobre 2019 - Après deux courses à l’emploi les années précédentes, les communes et FACE Polynésie sont revenues sur le devant de la scène de l'insertion pour aider les demandeurs d’emploi de quartiers prioritaires de neuf communes de l’agglomération de Papeete. Pour cette nouvelle édition, un grand forum s'est déroulé ce jeudi matin à la Présidence. Ouvert également à tous les demandeurs d'emploi, ce rendez-vous innovant leur a ouvert les portes des centres de formation et de certaines entreprises.

Ce n'est ni la volonté, ni l'envie et encore moins le courage qui manquent à Timei pour décrocher un job, "un vrai travail", comme il dit. "Un job avec un CDI, quelque chose qui ne s'arrête pas du jour au lendemain. Je veux me battre pour décrocher mon premier CDI", confie l'homme. Mais à 44 ans, ce qu'il manque à Timei pour réaliser son rêve, c'est peut-être un diplôme, un vrai, car il n'est pas allé bien loin dans les études. Aujourd'hui, Timei a le moral et compte bien mettre à profit sa venue au forum pour "avancer" et peut-être décrocher un diplôme bientôt.

Timei fait partie des 315 demandeurs d'emploi des quartiers prioritaires de neuf communes de l’agglomération de Papeete (Mahina, Arue, Pirae, Moorea, Papeete, Faaa, Punaauia, Paea et Papara), qui ont pu participer, avec les autres demandeurs d'emplois qui le souhaitaient, au forum organisé par le Contrat de Ville, le gouvernement de la Polynésie française et FACE Polynésie (la Fondation Agir Contre l'Exclusion). Le concept de ce forum innovant est de permettre aux demandeurs d'emploi de trouver tout ce dont ils ont besoin pour optimiser leurs démarches dans la recherche d'un job. Une préparation en amont, puis des rencontres avec des professionnels, des entreprises, un bar à CV, des visites d'entreprises, et surtout de centres de formation.


"UNE FORMATION RÉMUNÉRÉE DE 30 SEMAINES"

Pour Timei, c'est direction le CFPA (centre de formation professionnelle des adultes) de Pirae grâce à des bus mis en place par les organisateurs. "C'est vraiment pratique, car ce n'est pas toujours facile de s'y rendre", admet-il. Pendant un peu plus d'une heure et demie, Timei va être briefé avec un groupe d'une dizaine d'autres personnes à la formation de soudeur proposée par le centre. Formation qui aboutit à un titre reconnu niveau CAP/BEP. "On a choisi volontairement des domaines d'activités qui ont besoin de main-d'œuvre", souligne Olivier Pôté, le directeur de Face.

"J'ai déjà fait un peu de soudure et j'aimerais bien me former plus, car c'est un métier qui peut présenter quelques risques, mais si on le fait avec la bonne tenue, le casque et que l'on apprend toutes les règles, ça va", confie avec optimisme Timei, qui espère bien intégrer cette formation rémunérée de 30 semaines. Et pourquoi pas décrocher enfin son premier CDI, voire même travailler pour son compte d'ici quelque temps. "Il est essentiel que les stagiaires choisissent une formation qui les intéresse pour s'insérer ensuite dans le marché du travail", insiste le directeur général du CFPA, Michel Blanchemanche.


"ÇA MOTIVE. DE TOUTES FAÇONS JE VEUX TROUVER DU TRAVAIL",

Moe, elle, travaillait depuis plusieurs années dans une boulangerie-pâtisserie. Il y a quelques semaines, elle a perdu son emploi pour des raisons économiques. Depuis, cette mère de famille envoie des CV un peu partout. Elle a déjà passé plusieurs entretiens, mais n'a toujours pas encore eu le "oui" salvateur comme réponse. En attendant ce précieux sésame tant espéré, Moe n'est pas contre apprendre un autre travail, se former à autre chose. "J'ai assisté aux présentations des formations administratives, ça peut être intéressant. Ça motive. De toutes façons, je veux trouver du travail", insiste avec volonté la jeune femme.

Olivier Pôté, directeur de Face

"Le rôle de Face est d'inciter quelque chose d'innovant. On crée des outils. Ensuite, on travaille avec des structures associatives, les communes, pour leur transmettre ces outils. Une fois qu'elles sont capables de les gérer par elles-mêmes, nous créons alors autre chose de nouveau (…).

Le concept pour ce forum était de se dire que les demandeurs d'emplois des quartiers prioritaires subissent un peu une triple peine. Ils ont des parcours scolaires très courts, donc peu de diplômes. Ils n'ont pas ou peu d'expérience professionnelle et, surtout, ils n'ont pas de moyen de transport pour se déplacer.

Cette triple peine les empêche de rentrer dans le marché du travail. Alors on a essayé d'imaginer un nouveau concept pour les aider à rentrer dans le marché du travail en les préparant. C'est ce que l'on a fait depuis le début du mois d'octobre avec les communes. Cela s'est fait à la carte, certaines communes ont fait des opérations CV/lettres de motivation, d'autres ont travaillé sur le savoir-être, d'autres ont fait des courses à l'emploi, des simulations d'entretiens d'embauche…

On a donné à ces personnes l'outillage, puis on a organisé cette journée commune afin qu'elles puissent aller à la rencontre des entreprises et des centres de formations pour savoir quelles compétences elles doivent acquérir pour faire tel ou tel métier…

L'an prochain, on va essayer de faire en sorte que ce soit les communes qui pilotent, qui prennent la main du forum. Selon la réussite de l'année prochaine, on regardera si on peut amener les communes à modifier les forums emplois qu'elles organisent elles-mêmes avec des stands en incluant des visites d'entreprises, de centres de formation."

le Jeudi 31 Octobre 2019 à 16:35 | Lu 2323 fois