Tahiti Infos

Tiger, pro gamer et globe-trotter


Alan "Tiger" Roger sur scène lors d'un tournoi.
Alan "Tiger" Roger sur scène lors d'un tournoi.
Tahiti, le 1er septembre 2022 - Alan Roger, 26 ans, alias “Tiger”, mène depuis 2017 une carrière de joueur pro de League of legend (LOL), où il occupe le poste d'ADC. En cinq ans, le Tahitien a connu pas moins de huit équipes professionnelles entre la France, l'Australie, l'Allemagne et la Belgique avec plus ou moins de réussites. 

C'est ce qu'on appelle rouler sa bosse. Depuis le début de sa carrière de joueur professionnel sur League of legend (LOL), démarré en 2017, Alan Roger (26 ans), plus connu sous son pseudo “Tiger” (prononcé Tijé), a connu pas moins de huit équipes professionnelles, sur deux continents et dans quatre pays. 

Il a connu évidemment la France, puis l'Australie, l'Allemagne et depuis juin dernier c'est en Belgique, au sein du KRC Genk Esports que le Tahitien a exporté ses talents d'ADC. “J'ai toujours aimé voyager et c'est ce qui me plaisait dans le fait de changer d'équipe. J'aime bien changer d'environnement. C'est quelque chose que j'aime dans le métier, rencontrer de nouvelles personnes, de nouvelles cultures. Et puis ça montre aussi que tu es capable de t'adapter à différents styles de jeu (…) même si professionnellement parlant, je n'ai pas toujours fait les bons choix. Mais sur le plan personnel ces voyages m'ont enrichi”, indique le jeune homme, devenu papa il y a quelques mois. 

2019 la belle année

Et en effet les fortunes ont été diverses pour le joueur pro. Mais c'est en 2019 que Tiger se fait définitivement remarquer. Avec ROG Esport, il réalise une belle saison en LFL (championnat de France de League of legend) où son équipe sera éliminé en playoffs. Puis dans la foulée l'ADC tahitien brille de nouveau avec son équipe et s'impose lors de la 20e édition de la Gamers Assembly. 

Direction ensuite l'Allemagne et la formation Euronics Gaming. Tiger y est également performant et réussi à atteindre avec ses coéquipiers la finale du segment d'hiver de la ESLM (le championnat allemand), où Euronics Gaming sera finalement défait. Et ses bonnes performances lui permettent finalement de se faire remarquer par une grosse écurie allemande, SK Gaming, qu'il rejoint en janvier 2020. “Le fait de changer d'équipe aussi souvent, on pourrait me prendre pour un mercenaire”, explique Tiger.  “Mais aujourd'hui les recruteurs demandent un feed-back de l'entraineur de ton ancienne équipe, ils demandent des vidéos de tes performances, ils prennent vraiment le temps d'analyser ton profil. Ce qui n'était pas forcément le cas il y a quelques années où ils prenaient vraiment un joueur selon les résultats qu'il avait.” 

Pas loin de la petite Coupe d'Europe

Mais à SK Gaming, les résultats ne suivront pas. Si Tiger dispute une partie en LEC (l'équivalent de la Ligue des champions au football), suite à “un remplacement de dernière minute”, le Tahitien, et son équipe en général, ne brille pas dans le championnat domestique. Puis de septembre 2020 à janvier 2021, il est banni par l'éditeur du jeu, Riot Games. Un épisode qui ne pénalisera pas plus que ça sa carrière, car il retrouve après ce “ban” une formation marseillaise, le Team MCES avec qui il dispute la saison 2021 de LFL, mais là encore sans trop de succès. Après cet interlude sur la Canebière, il rejoint le Team OPLON en début d'année 2022, mais la réussite n'est toujours pas au rendez-vous pour le Tahitien. 

Pour se relancer Tiger a donc choisi la Belgique et l'équipe du KRC Genk qu'il a rejoint en juin dernier. Et là, l'ADC polynésien a retrouvé les sommets. Avec sa formation, il domine la phase régulière en remportant 10 victoires en 14 parties, dans une ligue qui rassemble les meilleures équipes belges et néerlandaises. Néanmoins, le titre de champion échappera à Tiger et à Genk qui sont battus en finale des playoffs par les Hollandais de The Agency. 

Mais cette finale leur ouvre les portes d'un tournoi de qualification pour les EUMaster, l'équivalent de la deuxième division européenne. Après une belle phase de groupe, Genk a été défait, samedi dernier, en play-in par la formation française, Gameward. “Ça ne fait que quatre mois que l'on joue ensemble à Genk. L'objectif c'était de sortir de la phase de groupe et on l'a fait”, explique Tiger. “Après là où je suis un peu déçu, c'est que je crois que l'on aurait pu sortir premier du groupe, surtout au vu du tirage, et on aurait joué une équipe plus faible en play-in. Mais au final on se serait retrouvé en main-stage en EUMaster dans un groupe hyper difficile avec de grosses équipes. Et je ne sais pas si ça aurait été une bonne chose pour nous.”

 

Le championnat de France et la première division européenne dans un coin de sa tête

Si Tiger se verrait bien rester en Belgique, –“j'aimerais trouver de la stabilité maintenant, d'autant plus avec un bébé”–, l'ADC reste ouvert à toute proposition, notamment d'équipe de la LFL. “Depuis deux ans la LFL est la plus forte. Les équipes, comme la Kcorp, mettent vraiment les moyens pour attirer les meilleurs joueurs et c'est donc logique que le niveau monte. Et je crois qu'elle restera la meilleure pour quelques années encore”, atteste le Polynésien. 

Et la LEC, la première division européenne, reste aussi dans un coin de sa tête. “J'espère pouvoir garder un niveau suffisant pour pouvoir toujours intéresser des équipes LEC. Mais aujourd'hui, avec un enfant, c'est très compliqué pour moi de faire les choses que l'on attend d'un joueur LEC. Il faut bouger à Berlin, s'entrainer 10 heures par jour, c'est impossible quand tu dois t'occuper d'un enfant (…) Mais je me dis aussi que rester à Genk qui est dans le top 1, top 2 de sa ligue c'est une bonne opportunité pour moi. Le mercato va s'ouvrir fin octobre et tout pourra se passer.” 

En attendant de nouvelles opportunités, le Tahitien sera de nouveau sur le pont avec son équipe de Genk ce week-end et dans les prochaines semaines pour disputer un nouveau tournoi et pourquoi pas briller de nouveau. 

“Beaucoup de ligues, beaucoup d'équipes et beaucoup d'offres d'emploi”

Tiger avec le maillot de l'équipe marseillaise, Team MCES, où il a évolué entre janvier et octobre 2021.
Tiger avec le maillot de l'équipe marseillaise, Team MCES, où il a évolué entre janvier et octobre 2021.
La carrière de joueur professionnel d'esport pourrait faire en rêver plus d'un. Mais à l'image du football et d'autres disciplines sportives plus traditionnelles, les places chez les pros ne reviennent qu'à quelques élus. Néanmoins, selon Alan Roger, l'esport et notamment le jeu League of legend offre les meilleures opportunités pour passer pro. “Il y a quelques années on pouvait se faire remarquer sur des LAN, où il y avaient des équipes amateurs et des pros. Tu faisais une bonne perf à une LAN, les pros te remarquaient et ils te recommandaient dans certaines équipes. Aujourd'hui il y a les “soloqueue” (les parties en solo), si t'es dans le top 100 des joueurs en soloqueue, tu te feras forcément remarquer par des équipes. Mais sur Lol aujourd'hui il y a tellement d'équipes, de ligues, je trouve qu'il y a beaucoup d'offres d'emploi. Je pense que maintenant, tu peux vivre de Lol en étant un joueur moyen sur le jeu”, indique Tiger. “A Tahiti, des gens ont évidemment le potentiel de passer joueur pro. Quand j'étais encore à Tahiti il y en avait quatre ou cinq qui avaient le potentiel. Après j'ai eu l'opportunité de partir en France pour mes études et j'ai pu me faire remarquer.”

Rédigé par Désiré Teivao le Jeudi 1 Septembre 2022 à 19:34 | Lu 700 fois