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Tensions autour des Jeux du Pacifique


Louis Provost, le président du COPF. Crédit photo : Thibault Segalard.
Louis Provost, le président du COPF. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 4 février 2025 - Les déclarations de Moetai Brotherson sur un possible désistement de la Polynésie pour l’organisation des Jeux du Pacifique 2027 ont fait réagir Louis Provost, président du Comité olympique de la Polynésie française. Ce dernier a rappelé les engagements contractuels du Pays, soulignant que des conséquences financières importantes seraient à prévoir en cas de désengagement. “Moi, je reste dans la logique d’aller au bout de l’organisation”, explique-t-il.
 
“La tenue des Jeux du Pacifique est conditionnée par ces investissements. Si on ne peut pas les faire, à un moment donné, il faudra que l’État assume que les Jeux du Pacifique ne se tiennent pas à Tahiti”, a déclaré Moetai Brotherson sur Polynésie La 1ère le 26 janvier dernier. Le président de la Polynésie française mettait ainsi en lumière les incertitudes entourant la participation financière de l’État pour les Jeux de 2027, toujours en suspens en raison de l’instabilité gouvernementale à Paris et du projet de loi de finances 2025 pas encore adopté. Cette déclaration n’a pas tardé à faire réagir Louis Provost, président du Comité olympique de la Polynésie française (COPF), qui a répondu sans détour : “Au final, s’il n’a pas les crédits, derrière il y aura des conséquences”, renvoyant ainsi Moetai Brotherson à ses propres responsabilités. Soucieuse de calmer la tempête, la ministre des Sports, Nahema Temarii, a publié un message sur Facebook lundi soir : “Nous continuerons à porter les Jeux du Pacifique Tahiti 2027, comme nous nous sommes engagés à redonner du sens à l’obtention de cette candidature, dans un contexte social complexe.”

Le contrat à 150 millions

Lors d’une conférence de presse donnée ce mardi pour présenter la soirée Aito Tu’aro, Louis Provost est revenu sur la question : “On a signé un contrat en 2022. Le COPF s’engage à organiser les Jeux et a mis en place un comité organisateur, ce qui a été fait. Dans ce même contrat, le Pays s’est engagé à accompagner la réalisation de ces Jeux. C’est de sa responsabilité. Moi, ça ne m’impacte pas, je reste dans la logique d’aller au bout de l’organisation.”

Un désengagement du Pays pourrait cependant coûter cher. En cas de rupture d’engagement, la Polynésie serait tenue de verser 150 millions de francs au Pacific Games Council (PGC), l’instance qui supervise les Jeux du Pacifique. De plus, cette somme ne tient pas compte des frais déjà engagés sur le territoire. Bien que les déclarations de Moetai Brotherson semblent avant tout destinées à exercer une pression sur l’État, le précédent des Jeux de 2019 laisse planer le doute concernant les possibilités de désengagement : les Samoa avaient dû reprendre le flambeau après le retrait des Tonga. “Si on devait se désengager, les Fidji pourraient être candidats. Ils sont prêts et disposent déjà des infrastructures”, confie Louis Provost.

Des infrastructures en retard et des incertitudes pour les athlètes

Au-delà des questions financières, les délais de livraison des infrastructures inquiètent. Louis Provost a indiqué que certains équipements ne seraient pas achevés avant juillet 2026, pouvant ainsi altérer les conditions d’entraînement optimales pour les athlètes. La piscine, notamment, fait partie des infrastructures concernées. “C’est le système français : il y a beaucoup de procédures administratives avant le premier coup de pioche, entre les marchés publics… Mais le Polynésien sait se retourner et s’adapter”, relativise-t-il. “Il faut rester positif, car si le chef est malade, c'est la débandade.”
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 4 Février 2025 à 17:49 | Lu 1458 fois