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Témoignages accablants pour l'accusé du crime de Tikehau


La planche de bois avec laquelle l'accusé avait frappé sa femme à plusieurs reprises.
La planche de bois avec laquelle l'accusé avait frappé sa femme à plusieurs reprises.
Tahiti, le 9 mars 2020 - Au second jour du procès de l'ex-mutoi poursuivi pour le meurtre de son épouse le 19 octobre 2018 à Tikehau, la cour d'assises a longuement entendu les témoins directs des violences qui avaient causé la mort de la victime. Le procès doit s'achever mercredi avec les réquisitions de l'avocat général et les plaidoiries des deux parties.
 
“On sentait que ça allait mal se terminer car il ciblait ses coups”. Au deuxième jour du procès d'un ancien policier municipal jugé pour avoir battu sa femme à mort le 19 octobre 2018 à Tikehau, les témoins directs de la scène funeste ont défilé à la barre pour dresser le portrait d'un accusé qui s'était acharné sur sa femme, laquelle avait “pris les coups” sans réagir.
 
Ce sont tout d'abord les membres d'équipage et les touristes, qui avaient accueilli l'accusé et la victime sur leur luxueux catamaran pour un dîner, qui ont relaté les premiers coups, des coups “violents” portés sur une femme qui leur avait dit qu'elle avait l'habitude d'être régulièrement frappée par son tane. Interrogée sur l'attitude de la victime, auquel son mari reprochait d'être tombée à l'eau et de lui avoir fait “honte” devant ses hôtes, l'une des touristes entendus par visioconférence a expliqué que la femme semblait “avoir peur” et qu'elle ne voulait pas rentrer chez elle. Selon tous ces témoins, les violences étaient ciblées uniquement sur la victime qui était effrayée à l'idée de rentrer avec son mari mais qui n'avait pas vraiment eu le choix.
 

Violences habituelles

La sœur de lait de l'accusé, qui était présente le soir des faits à la fois sur le catamaran mais également lorsque le couple avait quitté ce dernier, s'est ensuite avancée à la barre pour expliquer qu'elle avait tout essayé pour sauver sa belle-sœur qu'elle aimait beaucoup. “J'ai toujours son image devant moi. J'aime mon frère mais je n'accepte pas ce qu'il a fait”. Après avoir affirmé à la barre qu'elle ne savait pas si sa belle-sœur était victime de violences habituelles car “chacun faisait sa vie”, la sœur de l'accusé a finalement concédé que la victime avait souffert : “Elle protégeait mon frère. Elle n'allait jamais à l'infirmerie et ne portait pas plainte. Elle supportait les coups.”
 
Interrogée sur la soirée fatale, la quinquagénaire a relaté la violence incontrôlable de son frère. “Il a frappé sa femme jusqu'au bout. Tout le monde criait et lui disait d'arrêter mais il ne s'arrêtait pas.” En sanglots, elle a ensuite murmuré à l'adresse de son frère qu'elle était “désolée”. Le procès reprendra ce matin. L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 9 Mars 2021 à 19:10 | Lu 3836 fois