Tahiti, le 13 novembre 2025 – Le Cesec s’est retrouvé à moitié vide ce jeudi matin pour voter l’avis sur le projet de loi du Pays instaurant le ticket-restaurant "Tama'a maitai". Après une première séance houleuse et le départ des représentants syndicaux, l’avis défavorable a été adopté par 18 voix, 3 contre et 5 abstentions. Derrière ce vote, deux visions s’opposent : celle d’un patronat opposé à un texte déguisé en "cadeau aux fonctionnaires” et celle de syndicats qui défendent un “plus” pour le pouvoir d’achat des salariés.
Au lendemain d'une séance houleuse marquée par le départ d'une dizaine de représentants syndicaux, le Cesec a repris ses travaux ce jeudi matin dans un hémicycle à moitié vide. Ni Patrick Galenon (CSTP/FO) ni Lucie Tiffenat (Otahi) n'étaient présents. L'avis défavorable proposé par l'institution au projet de loi "Tama'a maitai" a donc finalement été approuvé par 18 voix, trois conseillers s'y étant opposés et cinq s'étant abstenus. La veille, faute de quorum, ce vote avait dû être repoussé. En cause, le rejet de l'amendement proposé par Patrick Galenon (CSTP/FO) qui prévoyait de revoir à la baisse le montant du financement du titre "Tama'a maitai" fixé à 18 000 francs, mais aussi de "soutenir" le projet de loi du gouvernement.
Ce jeudi matin, Christophe Plée (CPME) a martelé que ce texte du gouvernement s'inscrivait dans un "agenda électoral" fort opportun, et surtout qu'il "mélangeait tout" sans répondre aux objectifs affichés. "Il y a quand même des limites dans les textes qu'on peut accepter au CESEC. Sur quatre points principaux, il y en a trois qui répondent défavorablement. Est-ce que ça va aider la production locale ? Non. Un taux de 2% de produits locaux, c'est ridicule. Est-ce que les petites entreprises vont s'en servir compte tenu du montant de 18 000 francs qui a été mis en place par salarié ? Non. Les petites entreprises, à 90%, ne vont pas s'en servir. Est-ce qu'on va aider les gens à manger mieux avec ce texte ? Non", déplore le représentant patronal pour qui la seule réponse favorable à ce texte concerne l'extension du dispositif aux agents publics.
Un "cadeau politique" qui va coûter entre 450 et 900 millions par an au Pays. "On a proposé d'augmenter les catégories D. Mais le Pays ne peut pas d'un côté refuser cette augmentation, et de l'autre, lâcher 450 millions de tickets-restau. On peut en faire autre chose pour des gens qui en ont peut-être plus besoin", a-t-il lancé, précisant que ces fonctionnaires n'avaient effectivement "rien demandé".
Nous n'allions pas refuser "un plus"
Du côté syndical, Vaitea Le Gayic (CSIP) qui est favorable à ce texte, regrette néanmoins, comme le patronat, que le gouvernement ait court-circuité le dialogue social. "La mesure qui nous est proposée est celle du gouvernement. Il n'y a eu aucune demande qui a été faite par les salariés, ni par les organisations patronales", nous a-t-elle confié à l'issue de la séance, expliquant être, comme ses collègues syndicalistes, dans son rôle en soutenant ce dispositif qui "permet de donner un plus aux salariés".
Même si la méthode est contestable, concède-t-elle, "nous n'allions pas refuser non plus". Vaitea Le Gayic a aussi tenu à prendre la défense des fonctionnaires : "Qu'on arrête de dire que les fonctionnaires sont mieux lotis que d'autres. Il n'y a pas de primes d'intéressement, pas de 13e mois, pas de primes paniers, pas de telles primes en comparaison avec ceux du privé. Nous devons passer des concours pour avoir un CDI". Ce vote illustre surtout les désaccords d'une société civile où syndicats et patronat ont affiché leur frustration face à un gouvernement jugé peu à l'écoute.





































