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Surf - Jeux Olympiques : Michel Bourez sous les couleurs de la France, ou pas ?

C'est désormais acquis, le surf sera une des disciplines proposées aux Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo, au Japon. Qu'en est-il de la participation de Michel Bourez (8e WCT), actuellement le meilleur français classé dans le World Tour proposé par la WSL ? Sous quelle bannière ? Il n'y aura que deux places pour la France, or il y a aussi le Réunionnais Jérémy Florès (12e WCT) et le Métropolitain Joan Duru (34e WCT).


Michel Bourez est actuellement le surfeur pro français le mieux classé
Michel Bourez est actuellement le surfeur pro français le mieux classé
Michel Bourez aura-t-il sa place ?
 
Trois français participent cette année au championnat du monde professionnel de surf proposé par la world surf league. Le Tahitien Michel Bourez est le mieux classé actuellement, il est 8e mondial. On retrouve ensuite le réunionnais Jérémy Florès, 12e mondial, puis le métropolitain Joan Duru, 34e mondial. Le problème, c’est qu’il n’y aura que deux places pour la France aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.
 
Au moment de l’autonomie de la Polynésie française en 1984, la fédération tahitienne de surf (FTS) avait pris ses distances par rapport à la fédération française contrairement à la ligue réunionnaise, restée plus proche. Le père de Jérémy Florès, Patrick, a même été l’entraineur de la sélection française – victorieuse par équipe - lors des championnats du monde des nations qui se sont déroulés en 2017 à Biarritz.
 
Lors de cette compétition majeure qui a réuni 47 pays, la France avait été représentée par Jérémy Florès, Joan Duru, Dimitri Ouvré et Vincent Duvignac. Chez les filles, il ne devrait pas y avoir de dilemme. Johanne Defay ou Pauline Ado sont classées dans le WCT alors qu’aucune Tahitienne n’y figure. Chez les garçons, la question de la présence de Michel Bourez dans la sélection peut être posée, car Michel est le meilleur français classé actuellement.

Michel Bourez ne devrait plus arborer les couleurs tahitiennes dans le championnat WSL 2019
Michel Bourez ne devrait plus arborer les couleurs tahitiennes dans le championnat WSL 2019
Si oui, sous quelle bannière ?
 
Si Michel Bourez participe aux Jeux Olympiques, ce sera sous la bannière de la France. Selon le président de la FTS Lionel Teihotu, cela devrait même déjà changer pour la world surf league à partir de l’année prochaine. La Polynésie n’est pas reconnue par le comité olympique international, les Tahitiens et les Tahitiennes devront donc jouer leur éventuelle qualification à travers la France.
 
Après des années « perdues » sur la voie « Tauhiti Nena » visant à tenter de faire reconnaître la Polynésie française directement par le CIO, le nouveau président du COPF Louis Provost souhaite se rapprocher des instances métropolitaines pour espérer obtenir la solidarité olympique qui contribuerait substantiellement au financement du sport en Polynésie française, qui est financé actuellement par les instances gouvernementales. SB

Lionel Teihotu, président de la fédération tahitienne de surf
Lionel Teihotu, président de la fédération tahitienne de surf
Parole à Lionel Teihotu, président de la fédération tahitienne de surf :
 
La fédération tahitienne de surf a pris ses distances avec la fédération française dans le passé, la tendance s’inverse ?
 
« Après le statut de l’autonomie en 1984, toutes les fédérations sportives de Polynésie ont pris leur autonomie. Certaines sont restées en bon termes, d’autres moins. Aujourd’hui, on n’a pas d’autre choix que de faire en sorte que nos athlètes Polynésiens, même s’ils sont sous la bannière de la France, puissent atteindre cette participation aux Jeux Olympiques. Le but c’est que nos athlètes soient au top. Les JO, c’est le Gräal, le summum sur le plan sportif. On a l’exemple d’Anne-Caroline Graffe, elle porte le drapeau français mais tout le monde sait qu’elle est polynésienne. »
 
En raison de la scission passée FTS/FFS, la Réunion ou tout simplement les métropolitains n’auront-ils pas plus de chances d’être sélectionnés ?
 
« Aujourd’hui, il y a un autre contexte, il y a cette volonté de prendre en compte tous les pays ultra-marins pour constituer la meilleure équipe de France possible. Il y aura normalement deux garçons et une fille. Les Jeux de 2020 seront à Tokyo, ceux de 2024 seront à Paris donc il y a vraiment une réflexion de la part de la fédération française de surf pour penser déjà à Paris. Nos juniors d’aujourd’hui pourraient tenter d’intégrer l’équipe de France pour les pré-sélectives. »
 
Les Jeux Olympiques de Tokyo se rapprochent ?
 
« La nouvelle du surf aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 était tombée l’année dernière, là cela se concrétise. Aujourd’hui, nous avons des échanges avec les représentants de la fédération française de surf mais aussi avec des représentants de l’état et de la direction de la jeunesse et des sports. »
 
« Michel Bourez est affiché comme « médaillable » par la fédération française de surf. On souhaiterait travailler ensemble pour former la meilleure équipe possible sous la bannière « France ». Les bannières, même à partir de l’année prochaine pour la WSL, devraient changer. Nous sommes concernés, tout comme Hawai’i avec les USA. Michel Bourez devrait donc concourir sous les couleurs de la France à partir de l’année prochaine dans la WSL. »

Louis Provost, président du COPF
Louis Provost, président du COPF
Parole à Louis Provost, président du COPF :
 
Vous souhaitez augmenter les moyens du sport local ?
 
« Le COPF est actuellement en discussion avec le comité national olympique et sportif français (CNOSF), on attend une réponse par rapport à la solidarité olympique. Cette solidarité vient du CIO via le CNOSF. On pourrait bénéficier de cette manne financière mais il nous faut une convention avec le CNOSF. C’est à destination de toutes les fédérations délégataires de service public. C’est là-dessus que nous sommes en train de travailler. Nous préparons nos athlètes pour les championnats du monde mais si c’était pour les sélections françaises en vue des Jeux Olympiques, ce serait intéressant. Avec les fonds du CIO, on pourrait se préparer beaucoup mieux et augmenter ainsi nos chances de participation aux Jeux Olympiques. »
 
C’est une politique différente de celle de l’ancien président du COPF ?
 
« Complètement. Mr Tauhiti Nena espérait obtenir l’affiliation directe au CIO via les comités nationaux olympiques d’Océanie (ONOC). Mais les statuts du CIO sont clairs, c’est l’article 1. Il faut être un pays indépendant affilié à l’organisation des nations unies (ONU), nous ne sommes pas dans ce cas de figure aujourd’hui. Donc on a perdu 10 ans sur une piste qui n’a pas abouti. Cela me semble beaucoup plus logique de passer par une organisation reconnue par le CIO, puisque nous sommes français, jusqu’à preuve du contraire, pour obtenir la manne financière de la solidarité olympique. Il s’agit d’un choix politique. Si un jour les électeurs décident de l’indépendance, là on reverra notre positionnement sur l’échiquier sportif international. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. »
 
Pour le surf par exemple, on devra passer par la fédération française ?
 
« Il faut savoir de manière générale que les fédérations françaises et tahitiennes ont déjà pour beaucoup des conventions qui existent de par la spécificité de nos statuts. Mais elles sont donc distinctes et autonomes. Il faudra donc passer par les fédérations françaises, quelles que soient les disciplines, ce n’est pas propre à la fédération tahitienne de surf. C’est déjà le cas pour le taekwondo où nous avons une Polynésienne qui est en équipe de France. » Propos recueillis par SB

Lexique

CIO : Comité Olympique International
COPF : Comité olympique de Polynésie française
ONOC : Comités Nationaux Olympiques d’Océanie
CNOSF : Comité National Olympique et Sportif Français
Solidarité Olympique : Fonds issus du CIO visant à financer le sport
 

Surf - Jeux Olympiques : Michel Bourez sous les couleurs de la France, ou pas ?

Rédigé par SB le Jeudi 30 Août 2018 à 17:55 | Lu 2041 fois