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Sur la trace des grands singes menacés, dans la forêt tropicale version musée


Paris, France | AFP | vendredi 06/02/2015 - Gorilles, chimpanzés, orangs-outans sont nos cousins. Pourtant ils sont en voie de disparition. Une exposition à Paris propose de se lancer sur leurs traces au coeur de la forêt tropicale et de prendre conscience des menaces sur leur avenir.

"Sur la piste des grands singes", qui se tient du 11 février au 21 mars au Jardin des Plantes, s'appuie sur les collections d'animaux naturalisés du Museum national d'histoire naturelle (MNHN) et sur les travaux récents de ses chercheurs.

Nicolas Hulot, parrain de cette exposition, espère qu'"elle sera une extraordinaire caisse de résonance au cri de désespoir que les grands singes lancent sans être compris ou entendus".

Dans une ambiance de forêt tropicale - l'humidité en moins -, le visiteur découvre l'organisation sociale de ces primates dépourvus de queue et dotés d'un cerveau volumineux qui leur donne d'importantes capacités de mémoire, d'apprentissage et de communication.

Les gorilles, qui vivent en Afrique, sont organisés en cellules familiales menées par un mâle au dos argenté.

Les chimpanzés, également africains, vivent en communautés de 15 à 200 individus sur un territoire déterminé. Des sous-groupes ne cessent de se former et de se défaire. Le mâle dominant "se reconnaît au fait qu'il est salué par les autres par un grognement spécifique et que lui ne salue personne", explique à l'AFP la primatologue Sabrina Krief, co-commissaire de l'exposition.

Le mâle dominant a trois ou quatre alliés avec lesquels il parvient à faire respecter sa prédominance, souligne ce maître de conférence au MNHN, qui étudie les chimpanzés en Ouganda.

Les orangs-outans, qui vivent à Bornéo et à Sumatra, en Asie du Sud-Est, sont des solitaires. Mâles et femelles se rencontrent pour s'accoupler. Les femelles restent avec leurs petits qui dépendent d'elles jusqu'à l'âge de huit ans.

- Le sexe comme pacificateur -

Se nourrir est l'activité principale de la journée pour tous ces singes qui mangent essentiellement des fruits et des végétaux. Ils savourent aussi des fourmis et des termites. Parfois les chimpanzés se lancent à la chasse aux petits primates.

Ces grands singes font tous un nid différent chaque soir. Essentiellement dans les arbres mais parfois à terre pour le gorille mâle en raison de son poids qui peut dépasser les 200 kilos.

C'est en comptant ces nids faits de branches ployées que les chercheurs évaluent les populations de grands singes.

Le sexe joue un rôle très important dans la dynamique sociale des grands singes. Chez les gorilles, les mâles entrent en compétition pour s'attirer les faveurs des femelles. Chez les chimpanzés au contraire, tous les mâles ont accès aux femelles et vice-versa.

Une des vidéos qui sera sans doute très regardée présente des séquences d'accouplement. Le chimpanzé nain bonobo règle les conflits par la sexualité. Il s'intéresse aux deux sexes et peut s'accoupler face-à-face, comme l'homme.

Les chimpanzés savent se soigner avec des plantes, ont démontré les travaux en Ouganda de Sabrina Krief. Ils ingèrent notamment des feuilles amères de Trichilia rubescens, qui possèdent des propriétés antipaludiques.

Soudain, la forêt tropicale disparaît. Le visiteur se retrouve face à un mur de produits de consommation courante fabriqués au prix de la destruction de l'habitat des singes, menacé par l'expansion des cultures et l'exploitation des richesses du sous-sol : bois pour les meubles, téléphones portables contenant le métal tantale, pâte à tartiner riche en huile de palme, etc.

"Tous les grands singes sont en voie de disparition parce que leur habitat disparaît au profit de zones agricoles ou minières, et parce qu'ils sont braconnés pour leur viande ou pour le commerce d'animaux vivants", déplore Sabrina Krief.

Ces espèces ont perdu au minimum 70% de leurs effectifs au cours des cinquante dernières années. Toutes sont en danger.

Les orangs-outans de Sumatra pourraient carrément disparaître : il n'en reste que 6.500.

"Notre destin est intimement lié à notre capacité à prendre en charge le destin de ces animaux", selon Nicolas Hulot. "Ce sont des sentinelles qui testeront notre détermination" à préserver la biodiversité.

Rédigé par () le Vendredi 6 Février 2015 à 06:16 | Lu 266 fois