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St Régis et Four Seasons se battent pour un lagon


PAPEETE, le 22 octobre 2019 - Après de multiples rebondissements, l’hôtel St Régis de Bora Bora pourrait bien être autorisé à construire 25 bungalows supplémentaires sur le lagon de Faanui. Hier, le rapporteur public du tribunal administratif a conclu en faveur du rejet d’une requête de la société Libb3, exploitante d’un établissement mitoyen du St Régis, sur le motu Piti A’au de Bora Bora : l’hôtel Four Seasons. 

Après quatre ans de procédure, l’hôtel St Régis de Bora Bora pourrait obtenir le droit d'occuper jusqu'en 2032 une parcelle de 20 480 mètres carrés du domaine public maritime, sur le lagon de Faanui. Hier, le rapporteur public du tribunal administratif a conclu en faveur du rejet d’une requête de la société Libb3, exploitante d’un établissement mitoyen au St Régis, sur le motu Piti A’au de Bora Bora : l’hôtel Four Seasons. L’affaire est mise en délibéré. Une décision est attendue pour le 31 octobre prochain.

La société Libb3, cogérée par Thierry Barbion, demandait au tribunal d’annuler un arrêté du 17 décembre 2015 par lequel le conseil des ministres a autorisé la Société hôtelière Motu Ome’e (SHMO), propriétaire du St Régis de Bora Bora, à occuper temporairement 20 480 mètres carrés du domaine public maritime sur le lagon de Faanui.

Dans cette affaire de conflit de voisinage sur fond d’intérêts économiques, la société Libb3 avait déjà obtenu, en décembre 2014, l’annulation d’un précédent arrêté d’occupation du domaine public maritime délivré par l’administration au bénéfice de la société SHMO, affiliée au groupe Wane.

Elle était ensuite venue à bout d’un arrêté de février 2015 autorisant cette même société à réaliser une extension de la capacité d’accueil du St Régis de Bora Bora, avec la construction de 25 bungalows sur pilotis au sein de la parcelle du domaine public maritime au cœur du litige. Libb3 défendait que la construction de cette nouvelle barre de bungalows sur le lagon était de nature à dévaloriser des parcelles immédiatement attenantes et dont elle revendique la propriété à terre, sur le motu.

Après cette série d’annulations, le conseil des ministres avait de nouveau accordé le 17 décembre 2015 une autorisation d’occupation sur 20 480 mètres carrés du domaine maritime à la société SHMO. L’affaire avait encore été portée devant le tribunal administratif en 2016. Elle était en instance depuis, dans l’attente d’un jugement du tribunal foncier de Raiatea permettant de démêler les titres de propriété concernant trois parcelles sur le motu, directement attenantes à la concession maritime au centre du litige et que revendiquent les deux sociétés hôtelières. Le tribunal foncier doit se prononcer le 31 janvier prochain dans cet autre litige.

Sans attendre plus longtemps que cette procédure soit tranchée devant le tribunal foncier, le rapporteur public du tribunal administratif a estimé hier, que la société SHMO avait donné suffisamment de pièces à l’administration pour justifier de sa qualité de "propriétaire apparent" des terres au cœur du litige. En accordant le permis d’occupation temporaire du domaine public maritime, l’administration n’avait pas en outre produit un acte contraire à l’intérêt général, ni à l’intérêt public.

La décision du tribunal administratif attendue le 31 octobre prochain pourrait bien mettre un terme à quatre ans de procédure. Entre temps, l’hôtel St Régis a été vendu au groupe chinois HNA et le Four Seasons au fonds de pensions Private Equity Gaw Capital, en 2017. Entre temps aussi, le Four Seasons de Bora Bora a lancé la construction sur le lagon de Faanui d’une rangée supplémentaire de bungalows sur pilotis qui se trouve face à face avec le projet du St Régis.
 

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 22 Octobre 2019 à 17:25 | Lu 5398 fois