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Sous-variants Omicron : Le retour des gestes barrières à l'étude


Tahiti, le 04 juillet 2022 – Les sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5, qui se répandent rapidement en métropole, circulent également au fenua, où ils semblent déjà majoritaires. Malgré un taux de contagion très élevé, les autorités de santé se veulent rassurantes sur la situation locale. Vigilance, port du masque recommandé et dose de rappel pour les personnes à risques pourraient suffire à maintenir l’épidémie à un niveau stable.
 
Avec un taux d’incidence de 85 cas actifs pour 100 000 personnes en sept jours à Tahiti, soit 177 personnes testées positives sur toute la Polynésie, on peut aujourd’hui parler de nouvelle vague épidémique au fenua, à l’instar de ce que l’on voit actuellement en Europe et aux États-Unis. Il semblerait qu’ici aussi, les responsables en soient les deux sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5, a priori plus contagieux que les précédents mais pas plus dangereux.
 
Alors qu’en métropole, BA.5 est devenu tout récemment majoritaire (lire encadré ci-contre), ici, il est plus difficile de détecter de manière précise les souches en circulation. "On a moins d’une dizaine de prélèvements PCR valables à analyser chaque semaine mais, selon les dernières données collectées en laboratoire ce lundi, sur quatre échantillons, trois étaient des sous-variants BA.4 ou BA.5", explique Henri-Pierre Mallet, médecin épidémiologiste de l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (ARASS).
 
La semaine dernière, le bulletin épidémiologique faisait déjà état de deux cas de ces sous-variants sur quatre souches criblées par l’institut Louis-Malardé. "C’est un petit échantillon mais il ressort déjà une majorité de ces sous-variants. On va bientôt avoir la capacité de les distinguer mais cela ne change pas grand-chose car ils sont très semblables."
 
Ne pas s’alarmer mais rester mobilisés
 
Selon l’épidémiologiste, ce nouveau virus devrait s’installer d’autant plus facilement au fenua que la dernière épidémie d’Omicron, avec son sous-variant BA.2, date d’il y a six mois déjà et que l’immunité baisse rapidement. "Aujourd’hui, il n’y a pas de quoi s’alarmer mais, statistiquement, on va avoir beaucoup de cas, donc on aura également des hospitalisations et, probablement, des décès. C’est ce qui se passe en France aujourd’hui, dans une mesure bien moindre que lors des vagues précédentes, mais il faut être conscient de cela et rester mobilisés pour ne pas sacrifier nos proches."
 
C’est pourquoi les autorités de santé recommandent aux personnes âgées ou de santé fragile de faire leur vaccin ou leur rappel si celui-ci date de plus de six mois, afin de se protéger des formes graves. Particulièrement à risques, les plus de 80 ans, les hémodialysés et les immunodéprimés peuvent même effectuer leur dose de rappel au bout de trois mois.
 
Daniel Ponia, responsable vaccination de la plateforme Covid, se réjouit d’un rebond de la fréquentation des centres de vaccination ces dernières semaines. Que ce soit pour partir en vacances à l’étranger ou bien suite à la dernière campagne de promotion de la vaccination menée, 3 000 personnes se sont en effet rendues au mois de juin dans l’un des centres toujours ouverts à Mama’o, Papara ou Toahotu, ou bien encore en dispensaires, toujours sur Tahiti.
 
Outre la vaccination, les anciennes recommandations concernant le port du masque, lorsque l’on présente un risque d’être contaminé ou de contaminer les autres, ou encore l’hygiène des mains, sont toujours d’actualité. Elles seront d’ailleurs discutées lors d’une réunion de prévention ce jeudi matin avec les autorités du Pays et de l’État, afin de faire le point sur la situation épidémiologique. "En fonction des éléments dont nous disposons, c’est à nous d’orienter les responsables politiques sur les mesures sanitaires à prendre", explique Daniel Ponia. "Nous recommandons fortement le port du masque dans les circuits de santé, les transports en commun, les lieux de grand rassemblement et les endroits clos, afin de protéger la population. On ne veut pas obliger les gens à le faire, on n’est plus dans l’urgence sanitaire, mais on va faire appel à la responsabilité individuelle et collective de chacun."
 
Le CHPF sur le qui-vive
 
L’ARASS travaille toujours en étroite collaboration avec le centre hospitalier de la Polynésie française, qui a fermé sa filière Covid dédiée mais reste sur le qui-vive, prêt à réactiver son plan blanc si les indicateurs venaient à montrer une tension hospitalière trop importante. Mais on en est encore loin, avec aucune hospitalisation Covid depuis plus de trois semaines. "Il y a quand même des inquiétudes indirectes. Qui dit gens malades dit arrêts de travail, et cela a un coût pour le fonctionnement du pays, notamment dans le milieu sanitaire. Si tous les infirmiers et les médecins sont malades, cela va créer une grosse tension dans tous les services. C’est un effet collatéral qu’il ne faut pas oublier, et qui risque d’arriver."
 
En cas de symptômes Covid, évoquant actuellement un état grippal, il est donc toujours demandé de se faire tester en pharmacie, en laboratoire ou chez son médecin, afin de pouvoir être pris en compte dans les statistiques et de pouvoir suivre au mieux l’évolution de l’épidémie, puis de s’isoler en cas de résultat positif. Mais si l’on peut continuer à travailler, à distance ou en présentiel en prenant toutes les précautions possibles, rien ne justifie de se faire arrêter, selon le médecin épidémiologiste de l’ARASS. Le bon sens doit prévaloir, comme lors d’une grosse épidémie de grippe…
 

Henri-Pierre Mallet, médecin épidémiologiste de l’ARASS : "On repense au port du masque"
 
"On va faire le point cette semaine avec le ministère, l’hôpital et les différents services pour prendre des mesures de prévention générales. On repense au port du masque, recommandé en France mais pas encore obligatoire. Je pense qu’on va aussi le recommander ici, voire plus dans certains contextes, comme les transports ou les milieux confinés. Si on veut ralentir la progression de l’épidémie, c’est une mesure logique, pour les personnes fragiles mais aussi lorsque l’on présente des symptômes, pour protéger les autres. Le retour du pass sanitaire, quant à lui, n’est pas d’actualité pour le moment. Quant aux contrôles aux frontières pour les voyages internationaux, j’espère que ce ne sera plus à l’ordre du jour car, à mon avis, c’est illusoire. Les mesures coercitives de limitation de déplacement sont des contraintes vraiment lourdes qui n’empêchent de toute façon pas la propagation, au mieux ça la ralentit. Par contre, protéger son entourage en choisissant de porter son masque, ça, c’est de la responsabilité individuelle."
 

Daniel Ponia, responsable vaccination de la plateforme Covid : "On tourne autour de 160 à 200 vaccinations par jour"
 
"On s’est rendu compte qu’avec la petite recrudescence de l’épidémie d’Omicron, avec l’arrivée du BA.4 et 5, la population est revenue à la vaccination. On a également communiqué là-dessus et, contrairement à la métropole actuellement, nous proposons la deuxième dose de rappel du vaccin [qui correspond à la quatrième dose au total, NDLR] à toutes les personnes de plus de 18 ans [contre 60 ans en France depuis le 22 juin, NDLR]. Si on regarde les chiffres, plus de 500 personnes âgées de plus de 60 ans ont déjà effectué cette quatrième dose, alors qu’on a démarré il y a peu. Depuis la semaine dernière, toutes doses confondues, on tourne autour de 160 à 200 vaccinations par jour, c’est énorme. J’attends les résultats du jour pour envisager de réactiver d’autres centres de vaccination, en lien avec les communes, pour répondre à la demande."
 

Le variant BA.5, désormais majoritaire en métropole
 
Selon le dernier point épidémiologique de l’agence nationale Santé Publique France, le sous-variant BA.5, issu de mutations du variant Omicron, est désormais majoritaire en métropole. S’il inquiète particulièrement la communauté internationale, c’est parce qu’il est plus contagieux que les précédents (environ 20% de plus que son prédécesseur BA.2, toujours en circulation au fenua). Sa dangerosité, par contre, semble stable, avec un taux de létalité apparemment légèrement inférieur. Mais "la grande différence de ce sous-variant tient dans la durée des symptômes, qui peuvent mettre jusqu’à dix jours pour disparaître, contre quatre jours pour le sous-variant BA.1 d’Omicron", a fait remarquer le médecin et journaliste de France Télévisions, Damien Mascret, sur le plateau du 20 Heures lundi dernier. Fièvre, toux, maux de gorge, fatigue, mais aussi nausées et vomissements, ces symptômes sont relativement similaires aux précédents. Des vaccins spécifiques sont actuellement en préparation.
 


Rédigé par Lucie Ceccarelli le Mardi 5 Juillet 2022 à 17:02 | Lu 3154 fois