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Sommet du Groupe Mélanésien Fer de Lance : la Papouasie indonésienne attendra


Le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama reçu à l’aéroport de Nouméa-La Tontouta par Victor Tutugoro (membre du FLNKS et Président désigné du GMFL, le Président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Harold Martin et Roch Wamytan, 1er Vice-prés
Le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama reçu à l’aéroport de Nouméa-La Tontouta par Victor Tutugoro (membre du FLNKS et Président désigné du GMFL, le Président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Harold Martin et Roch Wamytan, 1er Vice-prés
NOUMÉA, mardi 18 juin 2013 (Flash d’Océanie) – Les ministres des affaires étrangères des quatre États membres du Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL), Fidji, îles Salomon, Vanuatu et Papouasie-Nouvelle-Guinée et du mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie ont clairement indiqué lundi, à l’issue de leur réunion préparatoire au sommet des dirigeants, en milieu de semaine en Nouvelle-Calédonie, que la question d’octroyer un statut au mouvement de libération de la Papouasie occidentale (province indonésienne également connue sous le nom d’Irian Jaya) ne figurait pas à l’ordre du jour immédiat, mais pourrait faire l’objet d’une nouvelle réunion avant la fin 2013.
Par contre, les ministre sont évoqué la perspective d’une mission pouvant être dépêchée sur place afin de constater de visu la situation dans cette province annexée en 1963 par Djakarta et d’où émanent de fréquents comptes-rendus de violations des droits humains et de morts à la suite d’affrontement entre le mouvement armé de libération et les forces indonésiennes.
Sur ce dossier, c’est Ratu Inoke Kubuabola, ministre fidjien des affaires étrangères, qui aurait transmis au GMFL une invitation émanant du gouvernement indonésien pour qu’un groupe de ministres du GMFL se rende en Indonésie et en Papouasie occidentale avant la fin de l’année 2013.
Cette invitation avait été faite au Président encore en exercice de ce groupement subrégional, le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama, lors de la visite à Suva de M. Djoko Suyante, ministre indonésien chargé des questions de sécurité, le 3 juin 2013.
Face à un consensus émanant de Fidji, des Salomon et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu, perçu comme l’un des membres les plus engagés en faveur de la cause nationaliste papoue en Indonésie, s’est incliné, se déclarant « battu par la majorité », selon les propos de son chef de la diplomatie Edward Natapei.
Il a néanmoins voulu positiver en estimant que ce calendrier était « au moins un début ».

Dimanche 16 juin 2013, un nouvel incident a été signalé dans cette province indonésienne : un poste de police a été pris d’assaut par une foule d’une centaine de personnes, à Oksibil.
Bilan : deux policiers blessés, plusieurs voitures et des motos de police saccagées, selon la police indonésienne.
De nouveaux renforts ont depuis été déployés dans cette zone.

À l’occasion des nombreuses cérémonies marquant le 25ème anniversaire de la création du GMFL, depuis le début 2013, les dirigeants régionaux ont à plusieurs reprises insisté sur la nécessité pour ce groupe de revenir à ses fondamentaux, comme par exemple la défense de la cause indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, mais aussi la lutte du peuple mélanésien de Papouasie occidentale (province annexée par l’Indonésie en 1963), province également connue sous le nom d’Irian Jaya.
Ces derniers mois, plusieurs épisodes de violents affrontements entre militants présumés du front de libération OPM et les forces de sécurité indonésiennes ont été signalés, et les bilans non confirmés de plusieurs dizaines de victimes.
Les autorités indonésiennes ont depuis formellement démenti ces allégations.
Le 1er mai 2013, lors d’une manifestation dans cette province, la police a arrêté une vingtaine de personnes, suscitant les protestations du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme.

Le Contre-amiral accueilli à Nouméa

Par ailleurs, lundi 17 juin 2013, le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama, qui dirige le gouvernement de cet État depuis son putsch de décembre 2006, est arrivée en Nouvelle-Calédonie, où il a été accueilli par, entre autres, Victor Tutugoro (membre du FLNKS et désigné comme celui devant assurer la Présidence du GMFL à l’issue d’une passation de pouvoirs cette semaine), mais aussi le Président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Harold Martin.
L’annonce de la visite de M. Bainimarama en Nouvelle-Calédonie avait suscité des réactions de la part d’un des partis de cette collectivité, Calédonie Ensemble, via son chef de file Philippe Gomès, élu député à l’Assemblée Nationale française en juin 2012.
Ce dernier, ennemi politique de M. Martin, avait demandé au ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, de faire en sorte que le visa de M. Bainimarama soit refusé.
Depuis, le Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Gérard Poadja (également membre de Calédonie Ensemble) a fait savoir qu’il « boycotterait » les rencontres officielles prévues avec le Contre-amiral fidjien, au motif que le processus de retour à la démocratie, selon lui, est « en panne ».
À sa place, c’est Roch Wamytan, 1er Vice-président du Congrès et ancien Président de cette institution, qui lui suppléera.
En 2012, M. Wamytan, alors Président du Congrès, a effectué plusieurs visites en Mélanésie dans le cadre d’une politique régionale « intraparlementaire ».
Il a notamment signé des accords avec les institutions parlementaires de Vanuatu, des îles Salomon, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
À Fidji, il a rencontré le Contre-amiral et exprimé sa confiance en un retour de la démocratie dans cet archipel.

Le PM papou ne viendra pas, il est en …. Indonésie

Peter O’Neill, Premier ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a pour sa part choisi cette semaine pour effectuer un déplacement en Indonésie, à la tête d’une imposante délégation de dix ministres.
Il a fini par faire savoir en début de semaine qu’il ne serait pas en mesure de participer au sommet des dirigeants du GMFL en Nouvelle-Calédonie, où il sera représenté par son Vice-Premier ministre, Leo Dion.
Les dirigeants mélanésiens doivent entamer leur sommet mercredi, puis passer en mode « retraite » avant de publier un communiqué final vendredi à Nouméa.

Lors d’une rencontre avec le Président indonésien Susilo Bambang Yudhyono, M. O’Neill a signé une série d’importants contrats portant sur les domaines économiques, les dessertes aériennes, mais aussi la sécurité, avec en premier lieu la question épineuses de la gestion de la zone frontalière entre la Papouasie occidentale (partie Ouest de l’île de Nouvelle-Guinée, province indonésienne) et la Papouasie-Nouvelle-Guinée (partie orientale de cette énorme île).
Dans cette zone, les incidents se produisent régulièrement, impliquant souvent des membres des forces armées indonésiennes engagés contre ce qu’ils qualifient de rebelles séparatistes papous.
Ces derniers tentent de traverser la frontière pour se réfugier en territoire de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
La construction d’un poste frontière doté d’infrastructures et de moyens, pour la première fois, a fait l’objet d’un de ces onze accords signés cette semaine à Djakarta.
Un traité portant sur l’extradition de réfugiés à venir a aussi été conclu.
Ces accords portent aussi sur une coopération économique dans le domaine de l’exploitation minière, l’éducation supérieure, la jeunesse et les sports (la Papouasie-Nouvelle-Guinée accueillera les Jeux du Pacifique en 2015), la culture et le tourisme, a indiqué le gouvernement de Djakarta.
Les dirigeants des deux pays ont parlé ensemble d’une étape « historique » dans le renforcement de leurs relations bilatérales, à l’issue de ces rencontres pour lesquelles le dirigeant papou a été accueilli avec tous les honneurs.

« L’Indonésie est notre plus proche voisin, il est donc important pour nous de poursuivre un dialogue constructif », avait précisé M. O’Neill avant son départ pour Djakarta.
La délégation papoue est composée de plus d’une centaine de personnes, parmi lesquelles pas moins de dix de ses ministres (Rimbink Pato -affaires étrangères-, Patrick Pruaitch -sylviculture et changements climatiques-, William Duma -pétrole et énergie-, Kerenga Kua -justice-, Ben Micah -entreprises publiques-, Richard Maru -commerce et industrie-, Justin Tkatchenko -sports et Jeux du Pacifique 2015-, Fabian Pok -défense-, Mao Zeming -pêcheries et ressources marines- et Byron Chan -industries minières-, rapporte vendredi le quotidien The National.

Au pouvoir depuis août 2011, M. O’Neill, concernant le dossier sensible de la souveraineté indonésienne sur la partie occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée, depuis l’annexion en 1963, s’est plutôt positionné en mode neutre.
Cette semaine, à Djakarta, il a réaffirmé que « la Papouasie occidentale fait partie intégrante de l’Indonésie ».

Le Premier ministre papou n’est pas le seul à être plus que tiède concernant un soutien frontal au mouvement indépendantiste papou d’Irian Jaya : Fidji aussi, dont l’homme fort, le Contre-amiral Franck Bainimarama, qui dirige depuis fin 2006 un exécutif issu de son putsch, a amorcé ces derniers mois une coopération avec l’Indonésie.
Sur la question de la Papouasie occidentale, Suva est aussi peu prolixe sur le soutien du GMFL au mouvement indépendantiste.
Mardi 4 juin 2013, M. Bainimarama recevait à Nadi (Fidji) le ministre indonésien des affaires de sécurité, Djoko Suyante, en marge d’une réunion internationale consacrée à l’industrie sucrière, a annoncé le ministère fidjien de l’information dans un communiqué.
Objectif annoncé : renforcer les relations entre Suva et Djakarta, notamment en matière de coopération policière et de lutte contre les incendies.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée (7 millions d’habitants) et Fidji (près de 900.000), aussi bien au plan économique que politique, sont les deux membres les plus influents au sein du GMFL.
Ce groupement, fondé à l’origine en 1988 en soutien au mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, fête cette année ses 25 ans.
Au cours de ces 25 années, le GMFL a élargi le champ de ses domaines d’intervention, pour toucher des thématiques d’échanges commerciaux, de mobilité du travail pour, de manière générale, tendre vers un concept de marché commun et de libre-échange entre pays membres, sous l’impulsion de ses États les plus avancés, comme Fidji et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui font figure de locomotives de cette union subrégionale.

De mercredi à vendredi : réunions et rencontres au sommet

Le vendredi 21 juin 2013 devrait avoir lieu au siège du Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS) la session plénière, qui devrait se conclure par l’adoption et la publication d’un communiqué final de la part des dirigeants.
Le jeudi 20 juin 2013, un autre temps fort aura lieu au centre culturel Jean-Marie Tjibaou (près de Nouméa) avec les cérémonies y compris culturelles marquant le Jubilé d’Argent (25 ans) du GMFL.
Ce sommet sera précédé d’une cérémonie d’ouverture le mercredi 19 juin 2013, avec la passation de pouvoirs de la Présidence (assurée ces deux dernières années par Fidji) au FLNKS.

Au sein même du GMFL, ces dernières années, un autre débat a ressurgi par épisodes : le souhait émis par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie de se substituer au FLNKS en tant que membre du GMFL.
Jusqu’ici, cette idée n’a pas abouti, mais à l’occasion de la tenue de cette série de réunion Fer de Lance, les institutions de la Nouvelle-Calédonie (provinces, Congrès) et, au plan logistique et diplomatique la représentation de l’État français, via des diplomates, se sont fortement impliqués.

pad

Rédigé par PAD le Mardi 18 Juin 2013 à 05:24 | Lu 965 fois