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Solar Impulse attend de repartir pour Hawaii


L'avion solaire Solar Impulse 2 avant son atterrissage à Nagoya (centre du Japon), le 1er juin 2015
L'avion solaire Solar Impulse 2 avant son atterrissage à Nagoya (centre du Japon), le 1er juin 2015
Nagoya, Japon | AFP | mardi 02/06/2015 - Contrainte à une halte imprévue au Japon, l'équipe de l'avion révolutionnaire Solar Impulse 2 a encore été soumise à rude épreuve mardi, dans l'attente d'un abri pour protéger le fragile engin qui attend un temps plus clément pour redécoller vers Hawaii.

"Le suspense continue, c'est une course contre la montre",
a raconté à l'AFP, du centre de contrôle monégasque, le pilote suisse Bertrand Piccard.

Après l'atterrissage forcé lundi sur le tarmac de Nagoya (centre du Japon), "nous avons dû improviser et notre équipe a vécu des moments difficiles", a-t-il avoué.

"Une dizaine de personnes ont été obligées de tenir l'appareil de leurs propres mains pour l'empêcher de s'envoler tout seul",
a expliqué le pilote suisse. La vitesse de décollage de cet avion, "très léger et doté d'une immense surface, est de 45 km/h, donc, au moindre coup de vent, il peut être emporté", selon lui.

Solar Impulse 2, dont les ailes sont tapissées de plus de 17.000 cellules photovoltaïques, a une envergure de 72 mètres, soit plus grande que celle d'un Boeing 747, et un poids initial de 2,3 tonnes.

Le hangar censé abriter Solar Impulse, acheminé par avion cargo, devait être gonflé dans la nuit. "A ce moment-là, on pourra souffler, mais là tout le monde est sur le pied de guerre".


- 'Un Ovni ?' -



Déjà lundi soir, c'est une météo capricieuse qui avait contrarié les plans de Solar Impulse.

Avec aux commandes André Borschberg - binôme de M. Piccard -, l'appareil s'était envolé dimanche à 02h39 (18h39 GMT samedi) de Nankin (est de la Chine) pour la plus périlleuse des étapes de son tour du monde destiné à promouvoir les énergies renouvelables, et en particulier l'énergie solaire.

Mais sa traversée de 8.500 km du Pacifique, censée durer six jours et six nuits, a tourné court quand le temps s'est dégradé, et l'avion a dû faire escale sur le sol de l'archipel nippon.

Avant l'atterrissage, des habitants ébahis ont cru voir "un Ovni", une vingtaine d'entre eux ayant même appelé la police ou les pompiers.

Cette escale impromptue ne remet pas en cause le projet, a assuré André Borschberg à son arrivée.

Déçue mais combative, l'équipe préférait retenir l'exploit accompli. "Félicitations, André, pour ce vol fantastique", s'est-elle exclamé sur Twitter, ajoutant : "3.265 km et 45 heures seul dans le ciel", "le plus long vol solaire jamais réalisé à la fois en distance et en durée".

Avant ce trajet Nankin-Nagoya, l'avion n'avait jamais volé plus d'une vingtaine d'heures. "Quand j'ai initié ce projet, j'avais le rêve d'un avion qui pourrait voler perpétuellement sans carburant. Pour moi, c'est absolument extraordinaire car ce rêve est devenu réalité, même si la météo nous a empêchés d'aller plus loin", a commenté Bertrand Piccard.

Yoga et autohypnose



Désormais, "le but est de repartir le plus vite possible, avant le début de la saison des pluies. Il nous faut identifier une fenêtre météo claire".

"Ce n'est pas un avion qui peut voler par mauvais temps, sauf s'il se trouve à haute altitude, au-dessus des nuages",
a rappelé le pilote qui a prévu de prendre le relais à Hawaii... à condition que l'avion y parvienne sans encombres.

La deuxième partie du voyage s'annonce plus difficile encore, sans aéroport où se poser en cas de problème.

Solar Impulse 2 était parti le 9 mars d'Abou Dhabi pour un tour du monde de 35.000 kilomètres, à la fois défi technologique et exploit aéronautique. Il a ensuite fait escale au sultanat d'Oman, en Inde, en Birmanie, puis en Chine, où il est resté cloué au sol plus d'un mois en raison de conditions météorologiques défavorables.

Pour tenir le rythme en vol, les pilotes s'astreignent à un programme rigoureux, ponctué d'exercices de yoga pour l'un, de séances d'autohypnose pour l'autre, et de courts sommes, d'une vingtaine de minutes, sur le siège, équipé d'un système de toilettes.

Dans la cabine monoplace non pressurisée, ils sont soumis à de rudes conditions, affrontant des altitudes himalayennes et des variations de températures de 55 degrés.

"Dans le pire des cas, nous avons un parachute, un radeau de survie et on sait s'en servir. Evidemment, on espère qu'on n'aura pas à le faire",
avait récemment confié André Borschberg.


Rédigé par afp le Mardi 2 Juin 2015 à 04:31 | Lu 763 fois