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Site du Petit Mousse : les pêcheurs ne quitteront pas les lieux


Les pêcheurs de l'association Nu'utere rava'ai étaient présents ce mardi matin
Les pêcheurs de l'association Nu'utere rava'ai étaient présents ce mardi matin
PAPARA, le 08/11/2016 - L'association Tamari'i Mā'ohi no Papara, présidée par David Tuhiri, a manifesté ce mardi matin sur le site du Petit Mousse, en face du restaurant Nu'utere. Ils demandent à ce que les pêcheurs quittent les lieux et respectent la décision du tribunal datée du mois de septembre 2015. David Tuhiri aimerait que ce site devienne un lieu de distraction pour les familles. De leurs côtés, les pêcheurs sont unanimes : ils resteront sur place.

Rien ne s'arrange entre l'association Tamari'i Mā'ohi no Papara de David Tuhiri et l'association des pêcheurs Nu'utere Rava'ai. Les défenseurs de l'environnement ont manifesté ce mardi matin jusqu'à 11 heures, sur le site du Petit Mousse, pour dénoncer le non-respect d'une décision qui a été prise par le tribunal en septembre 2015. Un lieu appartenant au Pays.

Avec cette décision entre les mains, David Tuhiri demande à faire appliquer la loi. L'an dernier, le tribunal avait donné raison au Pays en demandant à l'association des pêcheurs de Nu'utere Rava'ai de quitter les lieux. Chose qui n'a pas encore été faite, un an plus tard. "Le Pays ne fait rien et ce n'est pas bien, parce que c'est le Pays qui a mis cette affaire devant le tribunal, ce n'est pas nous et ils ont gagné. Donc, il faut qu'ils aillent jusqu'au bout de leur procédure. Ça fait un an que cela dure, et ils sont toujours là", déclare David Tuhiri.

Une affaire inconnue dans les rangs des pêcheurs. "Nous n'avons pas eu de papier qui nous demande de partir d'ici", assure Charles Gordon, président de l'association Nu'utere Rava'ai. "Je ne suis pas d'accord parce que ça fait des années que nous sommes ici, depuis 2007, et il n'y a jamais eu de problème", renchérit le trésorier de Nu'utere Rava'ai, Karl Putoa.

Ceci dit, les pêcheurs ont assuré qu'ils ne quitteront pas les lieux. "Un représentant du service de la pêche nous a dit de rester sur place, en attendant les beaux jours", confie Karl Putoa. "C'est notre gagne-pain. Ici, les clients sont habitués", poursuit-il.

Même le maire leur aurait dit de ne pas quitter les lieux. "C'est vrai, je leur ai dit de rester sur ce site parce qu'il n'y a aucun autre endroit pour les accueillir", dit Putai Taae, tāvana de Papara.

En effet, la commune de Papara ne possède aucune marina, mais ce problème ne date pas d'hier. Selon le premier magistrat, un autre site pourrait accueillir ce projet, il s'agit de Maruia à Tiamao. Un terrain représentant près de 4 000 m² et appartenant à la mairie. "Certes, le site appartient à la commune, mais nous n'avons pas d'argent pour construire cette marina. Donc, nous avons renvoyé cela entre les mains du service de la Pêche pour les pêcheurs de Papara."

En attendant la réalisation de cette marina, "le service de la Pêche nous a dit qu'ils allaient refaire les pontons et mettre une clôture. Ils ont dit qu'ils allaient le faire avant la fin de l'année", souligne Charles Gordon.

FIU DE L'ALCOOL ET DES NUISANCES…

Pour l'heure, c'est le statut quo entre les parties, puisque chacun campe sur sa position. Parallèlement, le président de Tamari'i Mā'ohi no Papara dénonce aussi la consommation d'alcool sur le site.

Un avis partagé aussi par le maire de Papara. "Il est écrit qu'il ne faut pas boire, mais ils boivent quand même devant la population et je ne peux accepter cela. Après je ne suis pas sûre non plus que ce sont que les pêcheurs qui agissent ainsi, parce qu'il y a aussi d'autres jeunes qui vont sur ce site."

"On part à la pêche vers 4 heures ou 5 heures du matin, en revenant on boit une ou deux bières, ça n'a jamais fait de mal. Ce sont les gens de l'extérieur qui viennent après les heures", leur répond Karl Putoa.

À part les rondes de la police municipale, aucune autre mesure n'est prise pour faire respecter les lieux.

Pour le maire, il n'y a plus qu'à attendre la réalisation de la future marina.

QUE LE PETIT MOUSSE SOIT ACCESSIBLE À LA POPULATION

Faire appliquer la loi, c'est une chose, mais David Tuhiri souhaiterait plutôt que le site du Petit Mousse revienne à la population de Papara. "Avant, les familles de Papara venaient à la mer ici, maintenant, elles vont à Papara et ce n'est pas normal. Nous demandons au Pays de laisser cet endroit pour la population, c'est la seule fenêtre pour accéder à la mer", explique-t-il.

Les pêcheurs n'ont pas la même vision : "On sait que les enfants ne peuvent pas se baigner parce qu'il y a de la vase. Il y a d'autres endroits où ils peuvent aller comme à la pointe Éric ou à Taharuu, là, les conditions sont parfaites", prévient Karl Putoa.

"Les gens peuvent se baigner ici, mais il faut améliorer ce site", lui répond David Tuhiri. "Si ce site est dans cet état, c'est à cause de la mer, mais avant il y avait une plage de sable blanc. Mais depuis qu'ils sont arrivés, c'est pire, on ne peut plus rien faire ici."

Face à ces pe'ape'a, le maire ne reste pas insensible. S'il souhaiterait vite faire avancer le projet de marina, il assure néanmoins que cette affaire est toujours en attente de la décision du service de la Pêche. Sa seule inquiétude est que ces associations arrivent à bout et en viennent aux mains.

Putai Taae aimerait que le Pays se penche réellement sur la nécessité de mettre en place une marina sur Papara.


Esther Taiarui
Secrétaire de l'association Nu'utere Rava'ai


"Ici, il n'y a pas de plage, il y a que des cailloux"


"J'ai mal au coeur parce que mon fils n'est pas là. Il joue au beach soccer un peu partout dans le monde pour défendre notre Pays, c'est Heimana Taiarui. Mon fils est un pêcheur professionnel, c'est son gagne-pain. Il a deux garçons. Quand il revient, on l'aide à vendre ses poissons pour nourrir sa famille. Cette histoire de marina ne date pas d'aujourd'hui, ils ont dit qu'ils allaient la faire à Tiamao, à Taharuu, ici à Farerii, mais il n'y a toujours rien. Mais là, ça va mal parce que les pêcheurs commencent aussi à s'énerver. On va éviter les conflits entre Tahitiens parce que ce n'est pas joli. Il faut au moins aider nos petits pêcheurs. On veut bien leur donner un petit endroit pour se baigner, mais ici, il n'y a pas de plage, il y a que des cailloux et en plus c'est plein de poissons-pierre. Il faut réserver cette place pour les pêcheurs et c'est plus facile pour eux pour vendre leurs poissons."

Les pêcheurs attendent la future marina.
Les pêcheurs attendent la future marina.

David Tuhiri et ses amis veulent faire appliquer la loi.
David Tuhiri et ses amis veulent faire appliquer la loi.

le Mardi 8 Novembre 2016 à 19:32 | Lu 5281 fois