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Sara Aline, la bienveillance pour moteur


TAHITI, le 3 février 2021 - Elle a été institutrice puis professeure avant de se tourner vers l’éducation alternative. Sara Aline, fondatrice de l’association Parent Autrement, formée à la pédagogie Montessori, à la discipline positive, partage ses valeurs et son expérience à l’Éco-lieu, à Faa’a. Elle aimerait, à terme, que cet espace prenne des proportions XXL.

À l’origine, il y avait la matière et les couleurs. Sara Aline peint. "J’ai fait une école d’art", démarre-t-elle, "mais à mon retour en Polynésie, je n’ai pas trouvé de travail."

Elle est devenue institutrice puis professeure d’arts plastiques. Cette expérience professionnelle dans l’éducation n’a pas duré, "je me suis très vite orientée vers les pédagogies alternatives".

Elle a intégré des techniques et outils Montessori en école primaire mais "n’a pas trouvé d’écho" auprès de sa direction, ou de ses collègues. Elle se sentait à l’étroit dans un système fixé par des "textes rigides".

Elle se voyait un peu comme une "extraterrestre". À l’époque, elle avait 22 ou 23 ans, elle ne se sentait pas assez solide pour s’affirmer, pour "changer les choses de l’intérieur".

Elle a eu un premier enfant, qu’elle n’a pas souhaité scolariser. Elle a donc pris le chemin de l’école à la maison.

Elle s’est formée à la pédagogie Montessori, à distance d’abord, en présentiel en Polynésie puis au Québec pour valider son parcours.

En parallèle, au Québec, elle s’est formée à la discipline positive. Un peu plus tard, elle a suivi une formation en communication non violente. Elle a également fondé l’association Parent autrement (voir encadré), "tout s’est fait un peu en même temps", reconnaît Sara Aline.

Fermeté et bienveillance

Il y a un an, un lieu a été ouvert pour accueillir et accompagner enfants et adultes dans les apprentissages de la vie, avec joie, respect de soi, de l'autre et de la nature.

C’est l’Éco-lieu, à Faa’a. Sara Aline, dans ce contexte, aborde souvent le thème de la violence éducative ordinaire "encore beaucoup trop présent", regrette-t-elle.

Elle précise qu'"il ne s’agit pas de maltraitance, nous ne sommes pas sur ce créneau pour lequel il y a déjà de nombreux professionnels et spécialistes, nous parlons de la petite violence, douce, quotidienne".

Cette violence ordinaire peut-être verbale, physique, psychologique. Ce sont les cheveux tirés, l’enfant bousculé, les menaces et intimidations ("si c’est comme ça je te laisse dans le magasin"), l’humiliation, les insultes…

"Ce sont des solutions à court terme. C’est efficace, certes, car l’enfant par honte ou par peur s’exécute. Mais sur le long terme, on ne l’écoute pas, on ne répond pas aux besoins."

Selon Sara Aline, il faut passer des contrats avec l’enfant, elle parle de hiérarchie horizontale et non verticale, elle insiste pour accueillir les émotions. "Au sein de ce que l’on appelle l’éducation bienveillante qui est générale et qui a plusieurs courants, il y a la discipline positive, concrète, pratique. Elle donne des outils et met les parents en situation."

L’éducation bienveillante allie, selon Sara Aline, la fermeté et la bienveillance.

Elle insiste aussi pour ne jeter la pierre à personne, elle considère que la situation tient au manque d’outils. "Être parent, ce n’est pas inné, on reproduit en général ce que l’on a vécu, même ce qui n’est pas très aidant."

Aussi travaille-t-elle sur la réalisation de petits spots télévisés sur la violence éducative ordinaire. Initiés par la Direction des solidarités, de la famille et de l'égalité (DSFE), menés avec Sarah Dukhan, les spots (une trentaine) seront présentés au grand public via les chaînes de télévision locales.

Un éco-village à la presqu'île ?

Elle a plein de projets et n’aura "pas assez d’une vie" pour tous les réaliser. Dans l’immédiat, Sara Aline aimerait donner de l’envergure à l’Éco-lieu. Elle est sur le point d’acheter, avec son compagnon, un terrain à la Presqu’île.

Une communauté de gens qui veulent vivre autrement fréquente déjà l’Éco-lieu de Faa’a. Ils font l’école à la maison, consacrent beaucoup de temps à l’éducation de leur enfant, travaillent donc moins.

De ce fait, ils consomment moins. Dans son cheminement, Sara a intégré petit à petit d’autres volets à l’éducation. Elle parle de respect de l’environnement, du vivant en général, des plantes, des animaux. "Tout est en lien et c’est de plus en plus cohérent."

"C’est un cercle vertueux qui se met en place." Pour l’instant, à Faa’a, "tous les pans de la vie de famille sont possibles, sauf dormir et avoir de l’intimité". D’où le projet d’Éco-village. Il serait ouvert de façon permanente ou ponctuelle à ceux qui désirent aller plus loin encore dans la démarche. Ils auraient alors à éco-construire leur fare, sur un terrain partagé.

"Changeons le monde en nous, pour eux"

Sara Aline a fondé l’association Parent Autrement en 2013. Une petite communauté de parents qui ne souhaitaient pas mettre leurs enfants dans un système scolaire classique s’est regroupée.

Son but ? Promouvoir une éducation bienveillante et respectueuse de nos enfants et de l’environnement. Trois domaines principaux sont couverts : l’éducation bienveillante et la communication non violente, l’environnement et la vie saine, les pédagogies alternatives et l’instruction en famille.

"C’est par l’action que nous, parents, pouvons contribuer à construire un monde meilleur pour nos enfants : on doit être responsable du changement que l’on veut voir", énonce l’association qui encourage les parents à se réapproprier leur pouvoir personnel pour gagner en liberté.

"En tant que parents, nous sommes compétents pour éduquer nos enfants et faire des choix de vie qui permettent de conjuguer notre famille, notre profession et nous-même."

Pour Parent autrement, les causes environnementales et sociétales sont indissociables. "En agissant pour protéger la planète, nous offrons un avenir meilleur à nos enfants. Par ailleurs, en outillant les familles sur les compétences interpersonnelles et intrapersonnelles, nous créons une nouvelle société basée sur l’intelligence émotionnelle, la coopération et l’amour du vivant et ainsi offrons à notre planète de meilleurs habitants."

Des outils sur la parentalité positive sont proposés, des ateliers ludiques ou pédagogiques sont ouverts aux enfants et/ou aux parents. Des conférences, formations, groupes de parole sont organisés. Des journées de sensibilisation sont également mises en place.

Tout se passe à l’Éco-lieu qui est un lieu d’accueil et d’échange, une centrale de prêt.


S’initier à la pédagogie Montessori

Pour en savoir plus sur la pédagogie Montessori, en manipulant du matériel vérifié, dans un espace approprié, avec une éducatrice Montessori, des ateliers sont mis en place tous les mardis à l’Éco-lieu depuis janvier.

Ces ateliers s’adressent aux familles qui font l’école à la maison, mais également à tous les autres parents et professionnels de l’enfance. Les enfants sont les bienvenus avec leurs parents. Aucun pré-requis n'est nécessaire.

Au cours de l’atelier (en présentiel de 10 à 11 heures) ou en distanciel, la pratique alterne avec la théorie. Une notion par séance sera abordée dans divers domaines : vie sensorielle, vie pratique, mathématiques, langage et culture.

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Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 3 Février 2021 à 19:08 | Lu 2387 fois