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Rumia, la nouvelle porte d'entrée numérique du service public


Le gouvernement a présenté ce lundi matin à la présidence, le lancement de Rumia, nouvelle plateforme numérique pour rapprocher encore davantage les Polynésiens à leur administration. crédit photo présidence.
Le gouvernement a présenté ce lundi matin à la présidence, le lancement de Rumia, nouvelle plateforme numérique pour rapprocher encore davantage les Polynésiens à leur administration. crédit photo présidence.
Tahiti, le 17 novembre 2025 - Rūmia, le nouveau portail web lancé par le Pays, ambitionne de simplifier profondément le quotidien administratif des usagers, mais aussi des agents publics. Identité numérique unique basée le système Tatou de la CPS, moteur de recherche intelligent avec un langage vulgarisé, coffre-fort numérique, suivi des demandes en temps réel : cette plateforme se veut plus claire, plus humaine et surtout évolutive. Lancée aujourd'hui, elle s’adaptera “au fil de l’eau”, selon les retours des Polynésiens, avec peut-être une appli mobile.
 

Avec Rūmia, le Pays promet la fin du parcours du combattant administratif. Fini les allers-retours entre services, les formulaires éparpillés et la multiplicité des comptes. Ce nouveau portail numérique regroupe toutes les démarches au même endroit, avec un parcours unifié et cohérent.
 
Au cœur du dispositif : l’identité numérique polynésienne. Basée sur le système Tatou de la Caisse de prévoyance sociale (identifiant et mot de passe), elle s’appuie sur un socle déjà solide, puisque plus de 130 000 Polynésiens y sont inscrits. Rūmia n'est pas sortie de nulle part. Elle a d'abord été testée à la DGAE avant d'être déployée à plus grande échelle pour devenir la clé d’accès à l’ensemble des services du Pays. L'idée étant, explique Jean-Philippe Pealat, directeur du système d’information et cheville ouvrière de ce projet, de “permettre à chaque usager de se connecter simplement, toujours avec les mêmes identifiants, et de retrouver une logique identique dans toutes ses démarches”.
 
Une interface claire et vulgarisée pour les usagers
 
Rūmia ne remplace pas “mesdemarches.pf” qui reste pleinement fonctionnel avec plus de 240 démarches dématérialisées. Les deux outils sont complémentaires et avancent côte à côte. Là où Mes Démarches héberge les téléservices, Rūmia joue le rôle de porte d’entrée et de guide. “L’idée, ce n’est pas de refaire ce qui marche déjà, mais de permettre à chacun de trouver sa démarche plus vite et plus simplement”, explique Jean-Philippe Pealat.
 
Grâce à son moteur d’intelligence artificielle, Rūmia comprend les questions posées en langage “naturel”, et traduit automatiquement le jargon administratif en termes simples, accompagnant l’utilisateur pas à pas. “Dire sans détour à l'utilisateur ce qu'il doit faire pour aller à l'essentiel mais pas question d'infantiliser”, insiste Jean-Philippe Pealat. Un guide rédactionnel viendra progressivement harmoniser toutes les démarches, et une version en tahitien est déjà dans les tuyaux pour rendre le service encore plus accessible.
 
Pour ce lancement, une trentaine de démarches est déjà disponible, allant des dispositifs touristiques aux services pour les communes et aux démarches courantes. Le volume augmentera semaine après semaine pour atteindre rapidement plus de 200 procédures accessibles depuis un seul point d’entrée. Les demandes seront désormais centralisées dans un tableau de bord visuel, ce qui permettra à l'usager de connaître en temps réel l’avancement de l'instruction de son dossier, et d’échanger directement avec le service instructeur.
 
Coffre-fort numérique et services élargis
 
Autre avantage : un coffre-fort numérique sécurisé pour tous les documents. Les Polynésiens pourront y stocker leurs pièces justificatives et les réutiliser facilement, sans devoir les fournir à chaque nouvelle demande. Un gain de temps considérable pour le particulier ou l’entreprise “On stocke une fois, puis on réutilise quand on veut”, résume Jean-Philippe Pealat.
 
Si la priorité reste les services du Pays, la plateforme a été conçue pour s’ouvrir progressivement à d’autres acteurs. Plusieurs communes et établissements publics devraient rejoindre le dispositif. Certains services de l’État y voient également une opportunité, notamment parce que "FranceConnect" reste difficile d’accès pour une partie de la population polynésienne. Rūmia est aujourd’hui la solution polynésienne privilégiée en matière d’identité numérique, avec la nécessité d’un pivot pour assurer l’interopérabilité avec FranceConnect, rappelle le président du Pays, Moetai Brotherson. Le projet, qui représente un investissement d’une “vingtaine de millions de francs avec une licence perpétuelle”, a vocation à rassembler à terme un maximum de pourvoyeurs de services autour d’un même écosystème numérique.
 
Rūmia marque une nouvelle étape dans l'évolution du service public : simplifier sans brusquer, moderniser sans exclure. La plateforme a volontairement été pensée “petite”, légère et réactive, pour garantir un accès rapide partout, y compris dans les îles où la connexion peut être moins stable. Elle va aussi simplifier le travail des agents en centralisant la gestion des dossiers et en regroupant les services autour d’un même écosystème numérique. Une manière d’assurer que personne ne reste sur le bord du chemin.

Une application mobile… mais pas tout de suite

L’application mobile Rūmia n’est pas encore lancée. Le président du Pays, Moetai Brotherson, précise qu’elle ne sera développée que si les usagers en expriment clairement le besoin. L’objectif est d’éviter un outil supplémentaire qui ne correspondrait pas aux usages réels. Jean-Philippe Pealat, directeur du système d’information, souligne de son côté que l’application ne constitue pas une priorité tant que le portail web peut évoluer rapidement et absorber la majorité des besoins. Selon lui, il est essentiel de stabiliser d’abord les services, d’observer la façon dont les Polynésiens utilisent Rūmia et d’améliorer le portail au fil des retours. Ce n’est qu’une fois les fonctionnalités bien installées et les usages consolidés qu’une application mobile pourra être envisagée. D'autant que “ce n'est pas gratuit et on sait que se lancer dans le développement d'une application mobile a un coût”. Le calendrier restera volontairement souple pour s'adapter “au fil de l'eau”, en accompagnant les usages réels plutôt que les anticiper artificiellement.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Lundi 17 Novembre 2025 à 13:08 | Lu 1770 fois