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Rugby - La Fédération polynésienne entreprenante


Le rugby tahitien devrait un peu plus se réorienter vers le 7 à l’avenir, sans pour autant abandonner le 15.
Le rugby tahitien devrait un peu plus se réorienter vers le 7 à l’avenir, sans pour autant abandonner le 15.
Tahiti, le 24 juillet 2025 - Le rugby veut s’affirmer dans le paysage sportif tahitien. La Fédération polynésienne travaille pour cela sur plusieurs axes, tant localement qu’à l’international. Teiki Dubois, vice-président de la Fédération polynésienne de rugby, était ainsi présent à l’assemblée générale de l’Oceania Rugby, la semaine dernière à Fidji.
 
La première moitié de saison 2025 a été marquée par des hauts et des bas pour la Fédération polynésienne de rugby (FPR) présidée par Patrick Lopez-Diot, entre relations nationales et internationales constructives et le développement de la discipline qui se confirme doucement chez les jeunes, mais aussi des problèmes d’effectifs au niveau des clubs en rugby à 15 et peut-être la remise en cause du Centre de performance polynésien (CPP) pour la prochaine rentrée scolaire. La FPR et son vice-président, Teiki Dubois, en charge des relations internationales, ont avancé dans leurs démarches auprès des instances nationales, océaniennes voire mondiales.
 
Ainsi, au mois de mars, Tahiti avait accueilli Jordan Roux, l’un des vice-présidents de la Fédération française (FFR), et Franck Pulutea, le directeur général de la Fédération océanienne, et les échanges avaient renforcé les liens entre les différentes entités. Cela s’est confirmé la semaine dernière à Fidji lors de l’assemblée générale de l’Oceania Rugby, d’autant qu’Abdelatif Benazzi, l’un des vice-présidents de la FFR et qui fut un joueur emblématique du rugby mondial, avait fait le déplacement.

Une possible ouverture à World Rugby
 
Teiki Dubois précise : “La présence d’Abdelatif Benazzi à Fidji a donné un peu plus de relief à Tahiti, Wallis-et-Futuna et la Nouvelle-Calédonie, représentants du rugby francophone dans le Pacifique. Un autre moment fort fut notre échange avec David Carrigy, directeur du développement à World Rugby, ce qui nous a permis d’avancer concrètement dans notre démarche pour réintégrer pleinement l’institution internationale, même si le chemin s’annonce encore long.”
 
Rappelons en effet que si Tahiti est membre à part entière de l’Oceania Rugby depuis 2023, elle a perdu sa place au sein de World Rugby depuis 2018 et la dissolution de la Fédération tahitienne, qui a été remplacée par la Fédération polynésienne, laquelle n’a pas été autorisée jusqu’à présent à réintégrer la fédération internationale. D’autant que la FPR est bloquée par deux critères d’affiliation indispensables : être un état indépendant ou que le Comité olympique régional (COPF) soit inscrit au Comité olympique international (CIO).
 
Mais David Carrigny a laissé entrevoir une solution dans la mesure où World Rugby étudie la possibilité d’intégrer des pays non autonomes. La FPR va suivre le dossier de près car si ça se finalise, elle aura l’opportunité d’engranger des subventions supplémentaires par le biais de la fédération internationale.

Une bonne dynamique chez les jeunes
 
La situation évolue donc plutôt dans le bon sens pour le rugby tahitien quant à ses liens avec le rugby français, océanien et mondial. Mais la Fédération polynésienne effectue aussi un gros travail localement pour développer ses effectifs et la relève à terme. Cela devient en effet impératif car le championnat de Tahiti à 15 2025 a mis en avant des problèmes d’effectifs au sein des clubs, seulement quatre d’entre eux allant au bout du championnat remporté par Faa’a. Teiki Dubois expose des solutions : “Nos actions chez les jeunes commencent à porter leurs fruits. Les clubs ont des écoles de rugby de plus en plus denses et il y a eu, cette saison, des compétitions jeunes dans toutes les catégories d’âge. La FPR s’implante aussi de plus en plus en milieu scolaire, une volonté fédérale assurée par le directeur technique Gilles Lafitte et des compétitions scolaires ont été mises en place. Par contre, on va peut-être connaître un coup d’arrêt avec le CPP rugby qui a débuté lors de la dernière rentrée scolaire mais qui ne sera peut-être pas reconduit lors de la prochaine rentrée. Nous avons répondu point par point aux remarques qui nous ont été faites quant à son fonctionnement et nous sommes dans l’attente d’une décision. Notre liste est prête pour la prochaine rentrée et on ne comprend pas trop pourquoi notre CPP est remis en cause.”

 
Punaruu, terrain de repli ?
 
 
L’autre problème qui va se poser pour le rugby local est la fermeture du stade Fautaua pour réfection et pour une durée indéterminée en vue des Jeux du Pacifique 2027. Le stade Fautaua accueillait quasiment toutes les compétitions du rugby tahitien et il va lui falloir trouver un terrain de repli. Mais la situation semble s’arranger, selon Teiki Dubois : “L’IJSPF nous a proposé d’utiliser le terrain de Punaruu pour le deuxième semestre de 2025 voire au-delà. On attend la validation des créneaux que nous souhaiterions obtenir, mais on est déjà satisfait de cette proposition. On va devoir s’organiser au niveau logistique et dans la gestion de notre calendrier, mais on est rassuré quant à la pérennité de nos compétitions.”
 
Le Championnat de Tahiti à 7, qui démarrera le 6 septembre, devrait donc se dérouler à Punaruu. Il permettra d’affiner la préparation de la sélection de Tahiti à 7 qui participera aux Oceania de la discipline les 1er et 2 novembre aux îles Salomon. Le rendez-vous salomonais situera mieux le niveau tahitien en vue des Jeux du Pacifique 2027, où le 7 sera au programme. Mais pour cette compétition aux Salomon, l’actuelle sélection ne sera pas renforcée par les meilleurs joueurs, qui évoluent en métropole. En effet, une soixantaine de joueurs tahitiens évoluent en France dans les divisions fédérales, ce qui explique aussi en partie les problèmes d’effectifs locaux à 15.

 
Perspectives pour 2027
 
 
Le rugby étant le sport intrinsèquement le plus relevé aux Jeux du Pacifique, que peut espérer Tahiti aux Jeux de 2027, même si la sélection sera cette fois renforcée par ses meilleurs éléments “métropolitains” et qu’il lui reste encore deux ans pour élever son niveau ? Teiki Dubois se projette : “Il faut être lucide, avec les Fidji, Samoa, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, il y aura la crème du rugby mondial à 7, donc il semble difficile d’envisager une médaille. Mais avec l’appui dont nous disposons dans la préparation, de la part du Pays et du COPF, et avec nos meilleurs joueurs polynésiens qui évoluent en métropole, je pense que l’on peut viser un Top 6, ce qui serait déjà une performance remarquable pour le rugby tahitien.”
 
Le rugby à 7 devrait se développer à l’avenir à Tahiti, comme l’envisage Teiki Dubois : “Peut-être que l’on doit plus accentuer notre calendrier sur le 7 qui est plus facile à gérer en termes d’effectifs. De plus, c’est une discipline qui se développe partout, notamment dans les petits pays qui ont un potentiel de joueurs moins important que les grandes nations. On va inciter nos clubs à s’orienter plus sérieusement vers le 7, mais on n’abandonnera pas le 15 pour autant, car ça reste quand même la discipline de base du rugby.”
 
Teiki Dubois semble donc envisager un avenir plus serein pour le rugby local. La FPR enchaîne les actions pour cela, ce qui fait dire au vice-président de la FPR : “On est confiant dans le développement de notre discipline et sur les effets positifs de nos actions à terme.” Dans une partie du monde où le rugby est le sport roi, Tahiti doit y jouer un rôle.
 
Patrice Bastian

Rédigé par Patrice Bastian le Jeudi 24 Juillet 2025 à 17:30 | Lu 1721 fois