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Rohfritsch démissionne, Teva candidat


Tahiti, le 2 septembre 2020 - Le vice-président Teva Rohfritsch a démissionné du gouvernement d'Édouard Fritch, pour permettre au "candidat Teva" de s'engager dans la campagne des sénatoriales sans être accusé d'utiliser les moyens du Pays.
 
L'information n'a filtré que mercredi matin, mais dans la foulée de sa présentation du plan de relance "Cap 2025" mardi soir, le vice-président du Pays, Teva Rohfritsch, a présenté sa démission du gouvernement d'Édouard Fritch. Une démission acceptée mercredi en conseil des ministres pour permettre au numéro deux du Tapura de s'engager officiellement dans sa campagne des élections sénatoriales prévues le 27 septembre prochain.
 
Vice-président en charge de l'Économie, des Finances, de l'Économie bleue et des Grands travaux depuis 2016, Teva Rohfritsch a tenu une conférence de presse mercredi après-midi à la permanence du Tapura pour expliquer sa décision. "Au moment où je parle, je ne suis plus vice-président. Il aurait été malvenu de ne plus être vice-président et de faire une conférence de presse à la vice-présidence", s'est justifié l'actuel numéro deux du parti majoritaire, expliquant vouloir s'éviter toute accusation d'utilisation des moyens publics pour sa campagne. "Même si la loi n'interdit pas que nous puissions être candidat et vice-président, puisqu'un autre l'a fait avant moi (Nuihau Laurey, NDLR), conformément à mes valeurs morales, j'ai pris la décision de présenter ma démission de la vice-présidence de la Polynésie française."
 
Pas encore de remplaçant
 
"C'est un moment un peu émouvant pour moi, dont je voulais faire part à la population", s'est expliqué Teva Rohfritsch qui va désormais retrouver sa place de représentant à l'assemblée aux dépens d'Yves Ching dans les rangs du Tapura. "Ces cinq ans que je viens de passer au gouvernement, c'est beaucoup d'investissement. J'ai tenu à ne pas partir avant d'avoir bouclé le plan de relance". Un plan de relance que Teva Rohfritsch compte désormais défendre à Paris, au Sénat, pour "obtenir des financements". "Je ne quitte pas notre navire, je continue à ramer, mais à une autre place".
 
Présent avec ses ministres pour cette conférence de presse, Édouard Fritch a d'abord tenu à remercier le travail de son vice-président. "C'est toujours difficile de perdre un élément aussi important au sein du gouvernement". Mais pour connaître le successeur de Teva Rohfritsch, il faudra attendre. Le président du Pays a expliqué qu'il disposait d'une dizaine de jours devant lui pour nommer un nouveau vice-président. D'ici là, c'est Édouard Fritch qui reprendra les délégations de Teva Rohfritsch. L'occasion d'un remaniement plus large ? "C'est sujet à réflexion", a uniquement indiqué Édouard Fritch, balayant en revanche l'idée que des tāvana puissent négocier leur soutien aux sénatoriales en contrepartie d'un portefeuille ministériel : "Je sais construire des dialogues avec les maires sans qu'ils soient ministres".
 

Teva Rohfritsch : "Je ne quitte pas le va'a, je change de position"

Pourquoi avoir choisi de démissionner maintenant ?
 
"C'est beaucoup de travail pour ma part et puis un engagement pour ma population qui était très fort. Mais néanmoins, je pense qu'il faut porter, particulièrement en cette période-ci, nos valeurs au plus haut. Et je souhaite me présenter à cette élection sénatoriale en tant que Teva et pas en tant que vice-président. Bien sûr, j'ai mon expérience et j'en fait un atout pour cette élection dans la mesure où j'ai été amené à gérer des dossiers importants pour le Pays. Mais je ne souhaite pas non plus de polémiques stériles, à l'heure où on doit tous se rassembler, qui viendraient dire que Teva Rohfritsch fait campagne et utilise les moyens du Pays. (…) Ce n'était pas une décision facile à prendre. On ne quitte pas des fonctions de vice-président sans un peu d'émotion. Mais comme je l'ai dit tout à l'heure, je ne quitte pas le va'a. Je change de position pour ramer encore plus fort, mais à Paris."
 
Dans quel groupe allez-vous siéger si vous êtes élu ?
 
"Pour l'instant je ne siège pas au Sénat. Mais clairement nous nous engageons à soutenir la majorité présidentielle. Parce que l'heure est à l'unité ici, mais également à Paris. On n'a plus le luxe d'être divisé ici et à Paris. Donc on souhaite travailler de manière confiante mais aussi franche, parce que nous allons siéger pour défendre les intérêts généraux des Polynésiens, de nos grands électeurs mais aussi de la population. Défendre aussi l'identité de la Polynésie française, être vigilant sur tous les projets de loi qui ne concernent pas la Polynésie mais qui ne doivent pas venir empiéter sur nos compétences. Et puis surtout établir un dialogue constructif avec le gouvernement central, avec les groupes au Sénat. Il faut que notre voix soit entendue."
 
Vous partez juste après avoir établi le plan de relance, est-ce que vous n'avez pas un goût d'inachevé ?
 
"On a toujours l'impression dans ces fonctions-là que le travail n'est jamais fini. Mais j'ai tenu à boucler ce plan de relance pour nous tous. Je ne m'imaginais pas partir du gouvernement sans laisser une feuille de route économique et sociale. Il y a beaucoup de mesures, 216, mais aussi des besoins de financement. Et je crois que je peux peut-être être utile sur ce volet-là maintenant. Et je crois qu'en ayant été un peu l'architecte, comme le président l'a dit, de ce plan de relance, ça me permet de le maîtriser parfaitement et d'aller le défendre à Paris. Parce qu'il faut obtenir à la fois des fonds pour le fonctionnement, pour les aides sociales, la solidarité, l'augmentation du Diese, l'indemnisation du chômage partiel et en même temps obtenir des financements pour nos investissements."

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Mercredi 2 Septembre 2020 à 13:11 | Lu 9447 fois