Tahiti Infos

Robert Bernut poursuivi pour "banqueroute" à la SMPP-Sogeba


Tahiti, le 16 mars 2021 - L'ancien dirigeant de la SMPP-Sogeba, Robert Bernut, a comparu devant le tribunal correctionnel mardi pour “execution d'un travail clandestin” et “banqueroute”. Il lui était notamment reproché d'avoir “gravement augmenté” le passif de sa société alors que cette dernière venait d'être placée en redressement judiciaire. Deux ans de prison avec sursis probatoire, assortis de l'execution provisoire ont été requis à son encontre. Le tribunal rendra sa décision le 23 mars.
 
Le tribunal correctionnel de Papeete a jugé mardi l'ancien dirigeant de la société de construction SMPP-Sogeba, Robert Bernut, poursuivi pour “execution en Polynésie française d'un travail clandestin” et “banqueroute”. Il lui était reproché de n'avoir payé ni ses salariés, ni les cotisations dues à la Caisse de prévoyance sociale (CPS) alors que sa société avait été placée en redressement judiciaire. Entre 2012 et 2014, Robert Bernut avait également crée un passif postérieur au redressement en augmentant ses dettes de plus de 200 millions de Fcfp, en se refusant pour autant à se déclarer en cessation de paiements.
 
A la barre du tribunal correctionnel mardi, Robert Bernut a longuement expliqué que la SMPP-Sogeba avait complètement perdu pied lorsqu'elle avait été chargée de la construction du Centre hospitalier de la Polynésie française –initialement confiée à la société Bouygues– et que le Pays n'avait pas “honoré” ses engagements financiers, signant ainsi le “début de la fin” pour la société florissante qu'il dirigeait jusqu'alors. C'est dans le cadre d'une enquête ouverte sur les conditions de la passation des lots du chantier du CHPF que Gaston Flosse et Robert Bernut avaient d'ailleurs été mis en examen, avant de bénéficier d'un non-lieu.

Situation “emblématique”

Interrogé sur le fait de ne pas avoir payé ses salariés lors de la période durant laquelle la SMPP-Sogeba était en redressement judiciaire, Robert Bernut a expliqué mardi au tribunal qu'il pensait que des contentieux juridiques alors en cours allaient lui permettre de renflouer la société. A la barre, le sexagénaire a déclaré qu'il n'avait “plus rien” hormis sa retraite, puisque tout lui avait été “pris”.
 
Lors de ses réquisitions, le procureur de la République a fustigé une “situation emblématique de la Polynésie française depuis des décennies” en dénonçant l'augmentation de passif opérée de “manière extraordinaire” par Robert Bernut. “Je ne dis pas que monsieur est un abominable escroc. Je dis que c'est un chef d'entreprise pour lequel ça a marché pendant vingt ans et qui a un jour pris un gros impayé auquel il a fait face en étant dans le déni et en se comportant de manière autistique”, a ainsi déclaré le représentant du ministère public avant de requérir deux ans de prison avec un sursis probatoire de deux ans, assortis de l'execution provisoire et d'une interdiction définitive de gérer une société.
 
Pour la défense de Robert Bernut, Me François Quinquis a affirmé que lorsque son client avait repris le chantier du CHPF, il avait “mal négocié” et qu'après la crise économique en 2008, la Polynésie avait “fermé les robinets” et n'avait pas honoré ses engagements. Le tribunal correctionnel rendra sa décision le 23 mars.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 16 Mars 2021 à 18:14 | Lu 2753 fois