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Retraites: la réforme en conseil des ministres, ses opposants de nouveau dans la rue


Paris, France | AFP | vendredi 24/01/2020 - La manifestation parisienne contre la réforme des retraites a démarré vendredi à la mi-journée, alors que le projet de loi était présenté en Conseil des ministres et qu'une nouvelle journée de mobilisation est annoncée pour le 29 janvier.

Au 51e jour  du mouvement entamé le 5 décembre, "la mobilisation est toujours importante, on va le voir aujourd'hui", a assuré Philippe Martinez sur France 2. Pour le secrétaire général de la CGT, "le gouvernement joue l'entêtement, il faut continuer à faire pression sur lui".
Au départ de la manifestation parisienne, réunissant plusieurs milliers de personnes entre la République et la Concorde, son homologue de FO, Yves Veyrier, a affirmé que "quand le président dit que c'est une réforme faite pour durer, je peux vous dire qu'on va tout faire pour qu'elle ne dure pas et je suis persuadé qu'elle finira par être très largement corrigée".
Une nouvelle journée interprofessionnelle a été décidée pour le 29 janvier après une réunion vendredi matin, au cours de laquelle la CFE-CGC, qui souhaitait faire une "pause", ne s'est pas associée au reste de l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU et organisations de jeunesse).
 

- "Retraités à points, retraités à poil" -

 
"Si le gouvernement examine en Conseil des ministres une proposition de loi, clairement ça veut dire que M. Macron a renoncé à convaincre et que son intention c'est de vaincre et ça, c'est le pire dans une société démocratique", a tonné de Marseille le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
Dans le cortège parisien, une pancarte proclamait: "Retraités à points, retraités à poil". 
La Tour Eiffel restera fermée toute la journée. Dans les transports, après un quasi-retour à la normale ces derniers jours le trafic est de nouveau perturbé. Du côté de la SNCF, le trafic est quasi-normal sur les TGV et l'international, 70% des TER/Intercités et 60% des Transiliens circulent. Mais le réseau RATP est moins fluide avec seulement trois lignes de métro qui fonctionnent normalement. 
"Ça commence à être épuisant, je pense que cette grève a assez duré, ça perturbe trop le quotidien des gens", pestait Aurélie Hetru, une responsable qualité de 32 ans rencontrée à la gare de Lille.
"Je crois que les Francais en ont soupé de cette grève", avait déclaré la veille sur BFMTV le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.
"C'est sûr, c'est compliqué mais je suis en accord avec les grévistes. J'aimerais même que d'autres catégories professionnelles rejoignent la grève", a tempéré Audrey, infirmière de 34 ans, bloquée trois heures durant à Lille à cause de la suppression de son train. 
Le soutien à la mobilisation reste majoritaire: 70% des Français estiment que le mouvement de protestation doit se poursuivre, selon un sondage BVA publié vendredi.
Dans l'éducation, le taux de grévistes était de 15,84% dans le primaire et de 10,30% dans le secondaire (collèges et lycées), selon le ministère, mais de 40% pour chacun d'après les syndicats.
La journée sera rythmée par de nombreuses manifestations. Dans la capitale, sous la verrière de la Gare de l'Est, une centaine de danseuses ont exécuté la chorégraphie "À cause de Macron", après une assemblée générale de cheminots qui ont voté pour la reconduction de la grève.

- L'exécutif s'en tient à son calendrier -

 
A Montpellier, où la manifestation s'est élancée en fin de matinée, on pouvait lire sur les pancartes "Age pivot, âge pipeau" ou "Re-Traite moi bien". 
A Nice jeudi, des avocats ont bloqué une bretelle d'autoroute. Pour Frédéric Duplessis, avocat de 38 ans rencontré lors d'un rassemblement devant le tribunal de Clermont-Ferrand, "cette réforme signe la disparition des petits cabinets" en raison de la hausse des cotisations induite par la réforme.
Le Conseil national des barreaux (CNB), qui a rencontré jeudi soir le Premier ministre Edouard Philippe, a déploré vendredi qu'il n'y ait eu "aucune nouvelle proposition". Il décidera samedi de la suite du mouvement de grève.
L'exécutif s'en tient pour sa part à son calendrier. Sitôt adoptés en Conseil des ministres, les deux projets de loi - l'un organique, l'autre ordinaire - visant à créer un "système universel"  de retraite par points seront transmis à l'Assemblée nationale pour un débat en séance publique à partir du 17 février en vue d'un premier vote début mars.
En parallèle, les discussions se poursuivent entre gouvernement, syndicats et patronat sur des points-clés comme la pénibilité, le minimum de pension, les fins de carrière et l'emploi des seniors.
Autant de sujets qui rendent incertain le coût final de la réforme, dont "l'équilibre d'ici 2027" est renvoyé à une "conférence des financeurs" qui sera lancée le 30 janvier et doit proposer une solution avant la fin avril. La CGT et FO n'ont pas indiqué si elles y participeraient. La CGT en décidera lundi.
"Il faut qu'on mette tout sur la table en termes de besoins de financement. Aujourd'hui ce n'est pas clair encore", a estimé sur Europe 1 le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, pour qui "s'il n'y a pas d'avancée, on va rester sur cette situation extrêmement explosive".

le Vendredi 24 Janvier 2020 à 04:15 | Lu 228 fois