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Retraites: grève dans les transports toujours forte, les cortèges moins fournis


Paris, France | AFP | mardi 10/12/2019 - Les opposants à la réforme des retraites étaient de nouveau dans la rue mardi partout en France, après la démonstration de force du 5 décembre, mais si la mobilisation restait forte dans les transports, les manifestations semblaient moins fournies, à la veille d'annonces très attendues du gouvernement.

Les premiers chiffres communiqués par la police et les préfectures montraient une mobilisation dans la matinée moitié moindre par rapport au 5 décembre: 12.000 personnes à Marseille contre 25.000 la semaine dernière, 7.000 à Rennes contre 10.000, 5.000 à Limoges contre 12.000 ou encore 2.500 à Avignon contre 10.000.
"Il y a moins de monde à Paris", a reconnu Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, avant le départ de la manifestation parisienne. "Il y a moins de monde en province" mais "la mobilisation reste importante et le mécontentement reste aussi haut", a-t-il ajouté. "Aujourd'hui on est dans l'installation d'un mouvement", a indiqué de son côté Yves Veyrier, numéro un de FO, à l'initiative de la mobilisation avec la CGT, la FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse.
"Juste avant les annonces d'Edouard Philippe, il serait bienvenu que la mobilisation ne baisse pas", a nuancé à Rennes Fabrice Lerestif, de FO.
La journée de mobilisation du 5 décembre avait réuni 806.000 manifestants dans toute la France, selon le ministère de l'Intérieur (1,5 million selon la CGT).

- "La semaine est morte" -

 
Dans les cortèges, beaucoup d'enseignants et de personnels de l'Éducation nationale mais aussi des cheminots, des fonctionnaires, des avocats, des retraités, des étudiants... 
Rencontré dans la manifestation à Tours, Anthony Moreau, responsable pompier syndiqué à la CFTC, explique avoir "essayé tous les moyens de négociations, ça fait six mois que l'on est en grève". "La réforme des retraites, c'est la goutte d'eau. On n'a aucune garantie du maintien de nos acquis sociaux, notamment sur les années de bonifications acquises tout au long de la carrière pour pouvoir bénéficier d'un départ anticipé à la retraite", détaille-t-il.
Comme jeudi, les transports publics étaient très perturbés, notamment en région parisienne, au sixième jour de grève: neuf lignes de métro restaient closes à Paris tandis qu'un RER A sur deux et un RER B sur trois circulaient, selon la RATP. La situation ne devrait pas s'arranger puisque la poursuite de la grève a été votée au moins jusqu'à mercredi, parfois jusqu'à vendredi. "La semaine est morte", a résumé Thierry Babec, de l'Unsa RATP, premier syndicat de la régie.
A la SNCF, où l'on comptait 20% des TGV et des Transilien, ce sera "difficile jusqu'à la fin de la semaine", a prédit le directeur général de SNCF Transilien, Alain Krakovitch. Plus de trois quarts des conducteurs étaient en grève mardi, selon la direction.
Et dans les airs, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire leur programme. Air France a annulé 25% des vols intérieurs et 10% des moyens courriers. EasyJet a supprimé 92 vols.
Sept des huit raffineries françaises étaient bloquées, selon la CGT. A Marseille, des dockers en grève ont bloqué partiellement le Grand port maritime, tandis que leurs collègues de Rouen bloquaient des axes de circulation.
Pour cette nouvelle journée d'action interprofessionnelle, l'accueil des enfants dans les écoles et les crèches était également perturbé, avec un taux de grévistes de 12,41% dans le primaire et 19,41% dans le secondaire, selon le ministère (respectivement 30% et 62% selon les syndicats).
"Je suis rentrée dans l'Éducation nationale sur la base d'un contrat qui ne fait que se déliter depuis 24 ans que j'enseigne", s'agace Daphné, professeur de sport à Bordeaux. "Ces décisions visent à nous diviser entre nous, enseignants, et à stigmatiser la fonction publique. C'est un hold up!", estime-t-elle, une pancarte "Non à la vieillesse maltraitée" autour du cou.
Bercy a annoncé 10,2% de grévistes dans la fonction publique d'État, EDF 21,8%. 
Parallèlement et sur un mot d'ordre différent, les internes ont entamé une grève illimitée. Ils étaient notamment 500 à manifester devant l'hôpital de la Timone à Marseille selon la police.

- "Pas d'annonces magiques" -

 
L'enjeu pour les opposants: amener le gouvernement à renoncer à mettre en place un "système universel" par points censé remplacer les 42 régimes existants (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires) et être "plus juste". Eux redoutent une "précarisation" des pensionnés.
Le Premier ministre Édouard Philippe doit annoncer mercredi à 12H00 "l'architecture" de la réforme puis l'expliquer au 20 Heures de TF1. 
"Ce n'est pas parce que je fais un discours (mercredi midi) que les manifestations vont cesser. (...) Il y aura des questions et il y aura des débats dans l'hémicycle sur des sujets légitimes", a déclaré le chef du gouvernement lors d'une réunion à huis clos avec le groupe LREM à l'Assemblée mardi, selon plusieurs participants. 
"Il n'y a pas d'annonces magiques", a-t-il insisté, alors qu'il est particulièrement attendu sur certains sujets comme les périodes de transition pour les régimes spéciaux, une éventuelle revalorisation des carrières de la fonction publique, notamment des enseignants, ou encore la question de la pénibilité et des droits familiaux.
Un dîner "de calage" final est prévu mardi à l'Élysée avec des ministres et cadres de la majorité.
Entre-temps, une intersyndicale est programmée à l'issue de la manifestation parisienne.

le Mardi 10 Décembre 2019 à 05:10 | Lu 257 fois