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Retour triomphal en Australie de l'ex-footballeur du Bahreïn détenu en Thaïlande


Melbourne, Australie | AFP | mardi 11/02/2019 - Le footballeur réfugié Hakeem Ali Al-Araibi a effectué un retour triomphal en Australie mardi, conclusion de deux mois d'épreuve durant lesquels il a été détenu en Thaïlande et menacé d'être extradé vers son pays natal, le Bahreïn.

"Je veux remercier l'Australie (...) Je n'ai pas encore la citoyenneté, mais mon pays est l'Australie. Je vais mourir en Australie", a déclaré tout sourire à sa descente d'avion Hakeem Ali Al-Araibi, qui bénéficie du statut de réfugié politique dans le pays.
De nombreux sympathisants, vêtus de t-shirts #SAVEHAKEEM, l'attendaient à son arrivée à l'aéroport.
Après plus de 70 jours de détention en Thaïlande, l'ancien joueur de la sélection nationale de football du Bahreïn a quitté le royaume lundi soir dans un avion à destination de Melbourne, l'émirat ayant renoncé à sa demande d'extradition.
"Nous avons été informés par le ministère des Affaires étrangères du retrait par le Bahreïn de sa demande d'extradition (...) S'ils ne le réclament pas, nous n'avons aucune raison de le garder ici", avait annoncé un peu plus tôt le parquet thaïlandais.
L'émirat a souligné dans un communiqué que "les poursuites judiciaires" et "le verdict de culpabilité à l'encontre de M. Al-Araibi demeurent en vigueur".
Ce dernier a été condamné en 2014 par contumace à dix ans de prison par la justice de son pays, accusé d'avoir endommagé un poste de police deux ans plus tôt lors de manifestations en marge du "Printemps arabe".
Il a toujours nié les faits, affirmant se trouver à l'époque à l'étranger pour jouer un match. 
S'estimant menacé dans l'émirat, notamment pour avoir critiqué Cheikh Salman ben Ibrahim Al Khalifa - membre de la famille au pouvoir et président de la Confédération asiatique de football, il avait pris la fuite et obtenu le statut de résident permanent en Australie.
Il avait été arrêté fin novembre en Thaïlande, où il était en voyage de noces, sur la base d'un mandat d'arrêt d'Interpol émis à la demande de son pays d'origine.
 

- Soutien international -

 
"Je suis heureux que Hakeem rentre à la maison et je serai heureux de le voir chez lui", s'est félicité le Premier ministre australien, Scott Morrison, remerciant les autorités thaïlandaises.
Sa libération est "une grande victoire pour le mouvement des droits de l'Homme", a déclaré de son côté l'ex-capitaine de la sélection australienne de football Craig Foster, à la tête de la campagne de libération d'Al-Araibi, tandis que l'ONG Human Right Watch a relevé que sa détention "constituait une grave injustice".
Depuis son arrestation, une campagne internationale très médiatisée réclamait son retour en Australie. La Fédération internationale de football (Fifa), le Comité international olympique (CIO) lui avaient notamment apporté leur soutien.
Les autorités thaïlandaises avaient malgré tout accepté d'examiner la demande d'extradition déposée par le Bahreïn et l'affaire avait été renvoyée devant un tribunal pénal de Bangkok.
Début février, ce dernier avait rejeté la libération sous caution de l'ancien joueur craignant qu'il prenne la fuite.
La Thaïlande n'est pas signataire de la convention sur les réfugiés et nombre d'entre eux sont renvoyés dans leur pays d'origine.
Le royaume a promis un assouplissement de sa politique migratoire après l'affaire Rahaf Mohammed al-Qunun, une Saoudienne de 18 ans que les autorités thaïlandaises ont renoncé en janvier, sous la pression des réseaux sociaux, à renvoyer dans son pays où elle se dit menacée, acceptant qu'elle soit accueillie par le Canada.
Les réfugiés ne seront plus renvoyés dans leur pays "contre leur gré", avait alors assuré le chef de la police de l'immigration, Surachate Hakparn.
Il avait à l'époque précisé que cela ne s'appliquerait pas au cas Al-Araibi car il y avait un mandat d'arrêt à l'encontre du joueur.
Le retrait de la procédure d'extradition du Bahreïn est intervenu au lendemain d'une rencontre à Manama entre le ministre des Affaires étrangères de Thaïlande et le prince héritier de Bahreïn, Salman ben Hamad Al Khalifa. Différentes "zones d'intérêt" ont été discutées, selon l'agence de presse officielle de l'émirat.

le Mercredi 13 Février 2019 à 04:58 | Lu 345 fois