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Réinscription : Tarahoi proclame séance tenante "son opposition à la procédure"


Réinscription : Tarahoi proclame séance tenante "son opposition à la procédure"
PAPEETE, jeudi 16 mai 2013 – Les nouveaux élus de l'assemblée ont voté en fin de matinée par 46 voix sur 57 leur opposition à la procédure de réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU alors que l’examen du texte est programmé vendredi matin à New-York..

D’abord présenté comme un projet de résolution "urgent" par le groupe Tahoera’a, le texte a finalement été adopté à une forte majorité avec la qualité de "vœu". Il exprime la volonté de la nouvelle majorité de mettre "un terme à la procédure d'inscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser" aux Nations Unies.

Ce "voeu" sera communiqué au Nations Unies par l'intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, a expliqué Gaston Flosse, interrogé par la chaine TNTV.

> voir aussi : Opposition à la réinscription : "C'est un voeu" martèle Gaston Flosse

En dépit d'un ordre du jour apparemment réglé comme une partition, c'est par une intervention finement préparée de Gaston Flosse – et non officiellement inscrite au programme – que la discorde est entrée dans l'assemblée, alors que la séance inaugurale touchait à sa fin.

A 8 h 50, jeudi, les représentants du groupe A Ti'a Porinetia avait déposé, de leur côté également, au secrétariat de l'assemblée de Polynésie française, une proposition de résolution allant dans le même sens que celle du Tahoera'a, mais le parti orange n'a pas souhaité faire cause commune avec la demande du groupe de Teva Rohfritsch.

L'examen du projet de résolution L56 "Droit de la Polynésie française à l'autodétermination" est programmé vendredi 17 mai à New-York, et doit avoir lieu en assemblée plénière à l'ONU. Les deux groupes se rejoignent sur le caractère d'urgence d'une manifestation d'opposition des autonomistes polynésiens.

Suite à la demande exprimée par Gaston Flosse, sur fond d'agitation bruyante du camp souverainiste, Edouard Fritch avait suggéré à l'assemblée un, “Je vous propose de soumettre au vote le vœu que vient d’exprimer Gaston Flosse", ponctué par les “aita, aita” un brin agacés de Vito Maamaatuaihautapu et alors que Jacqui Drollet s’agitait sur son siège et que Richard Tuheiava pointait un doigt tendu vers le plafond de l’hémicycle pour demander la parole.

Coup de théâtre

A la suite de quoi, je convoque une conférence des présidents”, a continué imperturbable Edouard Fritch “pour modifier l’ordre du jour et afin que vous puissiez intervenir", a-t-il ajouté en couvant Jacqui Drollet du regard alors que l'ancien président de l'APF s'exprimait dorénavant en reo ma’ohi et que les “Aita, aita”, de Vito Maamaatua se distinguaient à peine au-dessus de la sourde rumeur d'une assemblée maintenant en désordre.

Qui est pour…, qui est contre…, qui s’abstient. Personne ? Notre assemblée étant souveraine, je suspends la séance, je convoque la conférence des présidents”, a fini par trancher Edouard Fritch, autoritaire.

Jacqui Drollet : “Non, non, non, non, non, non”, avant d'interpeller directement Jean-Pierre Laflaquière : “Devant le haut-commissaire, vous êtes en train de bafouer… Ca commence bien, ça commence bien”. Puis s'adressant au représentant de l’Etat : “Monsieur le haut-commissaire, il y a des règles qui régissent cette assemblée ! Qu’est-ce que c’est que cette résolution ? Elle n’est pas à l’ordre du jour. Et vous laissez faire ? Vous êtes le garant de la légalité ! La résolution n’est pas inscrite à l’ordre du jour, elle n’est pas inscrite !"

Peu de temps après les 10 conseillers présents du groupe UPLD désertaient les bancs de l'opposition pour tenir une conférence de presse.

> Lire aussi : L'UPLD quitte l'assemblée "les lois ne sont pas respectées"

> Lire aussi : Le Haut-commissaire n’a pas qualité à intervenir à l'assemblée de Polynésie

Quelques instants plus tôt, c’est en ces mots qu’après quelques plaisanteries Gaston Flosse s’était adressé au Président de l’Assemblée : “Nous avons déposé ce matin, au secrétariat général de notre assemblée, au nom des 38 représentants du groupe Tahoer’aa Huira’atira, une proposition de résolution visant à ce que l’Assemblée générale des Nations Unies mette un terme à la procédure qui devrait conduire notre pays à être inscrit sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser. Nous insistons pour que cette proposition soit organisée séance tenante. C’est une proposition urgente, car personne n’ignore que demain, mais en fait dans quelques heures, compte tenu du décalage horaire, l’Organisation des Nations Unies sera amenée à se prononcer sur un projet de résolution initié par monsieur Oscar Temaru et visant à remettre en cause les liens juridiques et politiques qui nous unissent à la France, sans que les personnes directement intéressées, c’est à dire le peuple polynésien, aient été conviées à se prononcer sur cette importante question. Compte tenu de cet impératif, il n’est pas possible de consacrer une journée entière à cette proposition. Mais nous sommes tous informés de cette question, puisque depuis deux ans le débat agite notre pays et qu’il a été tout particulièrement présent durant toute la campagne électorale, c’est pourquoi, M. Le Président, je vous demande de bien vouloir inviter notre assemblée à entériner cette modification de l’ordre du jour et à se prononcer sur ce point (…)

Finalement, ne pouvant valablement être voté sous la forme d'une résolution, le texte a été adopté séance tenante en qualité de voeu de l'Assemblée de Polynésie française.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 16 Mai 2013 à 12:10 | Lu 3223 fois