Tahiti Infos

Réforme de la PSG : les propositions de A Ti'a i Mua


Heifara Parker, secrétaire général de A Ti'a i Mua, Dimitri Pitoeff et Yves Laugrost, président du conseil d'administration du régime des salariés.
Heifara Parker, secrétaire général de A Ti'a i Mua, Dimitri Pitoeff et Yves Laugrost, président du conseil d'administration du régime des salariés.
PAPEETE, le 28 avril 2016. A Ti'a i Mua a détaillé ce jeudi ses propositions pour la réforme de la Protection sociale généralisée. Il en a profité pour se démarquer des autres syndicats accusés de "faire l'autruche". Pour A Ti'a mua, il est hors de question que tous les efforts pèsent uniquement sur les salariés. Le syndicat veut mettre à contribution toute la population en fonction de "ses revenus".

"A Ti'a i Mua a assisté à toutes les réunions de préparation de la réforme de la Protection sociale généralisée", insiste ce jeudi matin lors de la conférence de presse Heifara Parker, secrétaire général de A Ti'a i Mua. Dès le début, les membres du syndicat tiennent à se démarquer des quatre organisations accusées "de faire l'autruche" en niant "la nécessité de réformer la protection sociale généralisée" (lire encadré ci-contre).
Un des points qui tient à cœur au syndicat A Ti'a i Mua est la nécessité que tous les Polynésiens contribuent selon leurs moyens à la Protection sociale généralisée. "75% de l'assurance-maladie est financée par les salariés alors que d'autres personnes qui ont des revenus n'y participent pas mais en bénéficient. Il faut que ça change", regrette Dimitri Pitoeff, l'un des deux membres de A Ti'a Mua qui participe aux réunions sur la réforme de la PSG. "Tout le monde doit participer au financement de l'assurance-maladie et de la caisse retraite", insiste-t-il.

40 ANS DE COTISATION POUR LA RETRAITE
Concernant la retraite, le point qui bloque avec les quatre autres syndicats, A Ti'a i mua note l'âge de départ à la retraite anticipée (aujourd'hui 54, 5 ans) doit être repoussé. Le syndicat est d'accord pour que cet âge soit porté à 57 ans en 2023. Le gouvernement lui souhaiterait voir cette disposition supprimée. Quant à l'âge légal de la retraite que le gouvernement souhaiterait fixer à 62 ans dès l'année prochaine, A Ti'a i Mua ne souhaite pas que cette disposition soit revue mais est d'accord pour revoir la durée de cotisation permettant de recevoir une pension à taux plein. Alors qu'aujourd'hui, il faut avoir cotisé 35 ans pour bénéficier d'une pension à taux plein A Ti'a mua propose d'augmenter progressivement cette durée pour atteindre 40 ans en 2023, le gouvernement souhaiterait lui passer dès l'an prochain à 40 ans de cotisation.

UN MÉDECIN RÉFÉRENT
Pour réduire les dépenses de santé et contenir les frais liés aux arrêts-maladie, A Ti'a i Mua est favorable à la mise en place de médecin référent. Ce système existe en Allemagne. Selon l'âge du patient, le médecin reçoit un forfait trimestriel auquel s''ajoutent éventuellement des suppléments (maladie chronique, examen particulier…). Pour maitriser les dépenses de santé, chaque médecin a un plafond d'activité. Au-delà, sa dotation par acte baisse. "Avec la médecine au forfait, la dotation au médecin est la même que le patient vienne une, deux ou trois fois. Mais si le patient va voir d'autres médecins, ses frais ne seront pas pris en charge", explique Dimitri Pitoeff. "Il faut quitter la médecine à l'acte, celle-ci est ce qu'on appelle l''open bar' des actes." Sur ce point, les professionnels de la santé voudront probablement aussi se prononcer…


"L'appel à la grève doit être faite sur la base d'une étude sérieuse"

Le 21 avril dernier, quatre des cinq syndicats représentants de salariés, CSTP-FO, O Oe to oe rima, Otahi, CSIP et CSTP-FO, ont claqué la porte des rencontres bihebdomadaires sur la réforme de la protection sociale généralisée. Deux jours plus tôt, lors de la réunion d'information au Conseil économique, social et culturel, ils avaient dénoncé les pistes de réforme de la caisse de retraite. Depuis ceux-ci réfléchissent à une "marche" ou "une grève générale". Le syndicat O Oe to oe Rima se réunit ce vendredi matin pour discuter du dossier et de la décision qu'il prendra. A Ti'a i Mua s'est clairement démarqué des quatre syndicats ce jeudi. "Depuis février 2015, nous sommes à tous les ateliers pour examiner les pistes de réflexion et faire nos propositions", souligne Dimitri Pitoeff. "Il y a un nombre d'idées communes, pas beaucoup, que nous avons avec les propositions du gouvernement et plein avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord."
Les membres de A Ti'a i Mua ne se sont pas privés de tacler leurs confrères : "L'appel à la grève doit être faite sur la base d'une étude sérieuse", met en avant Dimitri Pitoeff. "Il faut réformer la PSG : on ne peut pas continuer comme ça. Ils ne sont pas là depuis février 2015 pour discuter et avoir des éléments. Ils ne reconnaissent pas la situation difficile dans laquelle se trouve le régime maladie de retraite et la nécessité de réformer le régime de solidarité. Il faut que tout ça devienne transparent et qu'on trouve les moyens de réformer. Ce n'est pas en quittant la table des négociations qu'on arrive à faire une réforme la PSG."
Ce jeudi matin, à l'assemblée, Sylviane Puhetini, pour le groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste, a interpellé Tea Frogier, ministre en charge de la réforme de la protection sociale généralisée, sur le calendrier des travaux. Quelques rencontres d'information auprès des maires des communes et des élus doivent encore être réalisées. Ensuite, "fort des avis des uns et des autres, nous pourrons procéder aux arbitrages nécessaires à la pérennisation de notre PSG et entamer le lourd processus d'élaboration des textes qui sera poursuivi au second semestre pour une présentation idéale lors de la prochaine session budgétaire", a-t-elle annoncé. L'objectif étant de mettre en place la réforme dès l'an prochain.





Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 28 Avril 2016 à 17:02 | Lu 2890 fois