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RTEi entre au capital de la TEP


Tahiti, le 1er avril 2022 – RTEi, la filiale à l’international du gestionnaire du réseau de transport d’électricité français (RTE), entre à hauteur de 20% au capital de la société d’économie mixte Transport d’électricité en Polynésie (TEP). L’opération est justifiée par un apport en expertise pour atteindre les objectifs du plan de transition énergétique.

L’accord a été conclu vendredi. Pour un montant de 537 millions de Fcfp, le Pays cède 20% du capital de la Société de Transport d’Energie électrique en Polynésie (TEP) à RTEi, la filiale à l’international du groupe RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France. Le capital de la société d’économie mixte TEP est aujourd’hui réparti entre quatre actionnaires : le Pays, majoritaire avec 70% des parts, RTEi qui détient dorénavant 20% des parts, la société Océanienne de capital investissement (OCI), filiale de la banque Socrédo détentrice de 5% du capital et l’Agence française de développement (5%).


La transaction permet à la Polynésie française de passer en deçà du seuil de 84,5% que fixe la réglementation pour brider sa participation dans les sociétés d’économie mixte. Ce seuil était en effet irrégulièrement franchi depuis le rachat, en septembre dernier, des 39% du capital de la TEP à EDT. Le pacte d’actionnaires conclu vendredi ouvre également la porte à une cession des 10% de parts détenues par OCI et l’AFD, équitablement réparties entre le Pays et RTEi. De sorte qu’à terme, le capital de la TEP serait partagé entre la Polynésie française (75%) et la filiale à l’international de RTE (25%). Cet accord marque enfin l’entrée de RTEi au comité de pilotage stratégique des investissements de la TEP, tandis que son évolution permettra à la filiale de RTE de s’octroyer deux sièges au conseil d’administration de la société mixte.

Transition énergétique

La TEP poursuit un programme d’investissement de 12 milliards de Fcfp initié en 2017 et prévu pour arriver à terme en 2023. L’intégration dans le mix énergétique tahitien d’une part croissante d’énergies renouvelables, notamment photovoltaïque, contraint aujourd’hui la société d’économie mixte à repenser le fonctionnement de son réseau pour y intégrer toujours plus d’énergies intermittentes. La première tranche de l’appel à projets lancé par le Pays en 2017 pour des fermes solaires avec stockage sur l’île de Tahiti vient d'être attribuée. Première des trois consultations publiques prévues par le gouvernement, elle planifie déjà l'injection de 30 mégawatts crête (MWc) d’énergie solaire dans le réseau électrique de Tahiti. L'équivalent de 6 à 10% d’énergie renouvelable supplémentaire dans le mix énergétique de l’île. Un nouvel appel à projets pourb30 MWc supplémentaires est sur le point d’être lancé. L’apport de cette masse d’énergies "fatales" sur le réseau, contraint la TEP à adapter la gestion de son réseau.


RTEi est présenté, dans ce contexte, comme un "partenaire industriel naturel", par Hervé Dubost-Martin, P-dg de la TEP avec la promesse d’une "sécurité technique" venant d’un des premiers opérateurs mondiaux de réseau de transport. "Nous sommes face à un certain nombre de défis techniques nouveaux. Notamment au niveau du développement des dispositifs de stockage. Cela nous oblige à repenser notre manière de gérer le réseau. C’est toute la valeur ajoutée attendue de l’expertise de RTE, dans cette collaboration pour la transition énergétique."


De son côté, le RTEi met en avant une expertise reconnue au niveau mondial, dans la gestion et l’interconnexion des réseaux. La société intervient depuis 2020 aux côtés de la TEP, par le biais d’une convention d’assistance. Avec son entrée au capital de la société d’économie mixte, le TEP gagne un "interlocuteur vers qui se tourner à tout moment, à chaque fois qu’on se pose des questions sur le choix d’un équipement, d’un logiciel, etc." Comme le souligne le communiqué diffusé par la présidence à l’heure de la prise de participations de RTEi au capital de la TEP, "l’enjeu de cette nouvelle collaboration sera notamment de contribuer à identifier les pistes les plus viables pour atteindre les objectifs de transition énergétique du Pays, à savoir l’atteinte de 75% d’énergies renouvelables à horizon 2030."

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Dimanche 3 Avril 2022 à 11:34 | Lu 1369 fois