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Quinze tonnes de matériel médical pour la lutte


Tahiti, le 6 avril 2020 - Le vol TN 807 qui devait ramener le matériel médical que le Pays avait commandé en Chine a atterri ce lundi après-midi à l’aéroport de Tahiti-Faa’a avec “une quinzaine de tonnes de matériel médical” à son bord.
 
Le vol TN 807 a atterri avec dix minutes d’avance vers 14 heures lundi après-midi, à l’aéroport de Tahiti-Faa’a. Cet avion était “très attendu” puisqu’il transportait à son bord pas moins d’une “quinzaine de tonnes de matériel médical”, que le Pays avait commandé il y a de ça “trois semaines”.
 
Le président du Pays, Édouard Fritch n’a pas caché sa crainte de voir l’avion revenir vide puisqu’il y a eu “de grosses difficultés pour les procédures de douanes et de mise en place du colisage par le transitaire ce qui a fait qu’on a été un peu juste”, mais aussi car “certains avaient annoncé que nous ne réussirions pas à obtenir nos masques et notre matériel compte tenu du nombre infime de notre commande”. En effet, le Pays avait commandé 4,5 millions de masques, ce qui peut être considéré comme étant “infime” comparé aux commandes métropolitaines ou encore étasuniennes. Mais le président s’est dit “rassuré” et “soulagé” de voir atterrir ce vol.
 

Une mobilisation de grande ampleur

Ce n’était pas une mince affaire puisque de nombreux acteurs ont contribué à rendre cette commande possible. Le P-dg d’Air Tahiti Nui, Michel Monvoisin, a expliqué que ses équipes avaient “travaillé quatre à cinq nuits”, que la compagnie aérienne “Japan Airlines a modifié son programme pour nous laisser une place”, mais aussi que les personnes qui chargent et déchargent les marchandises avaient fait “la prouesse de palettiser le fret en seulement deux heures, alors que cela prend 24 heures d’ordinaire”. Il rappelle également que l’ambassade de France avait fait jouer la voie diplomatique pour obtenir le permis de se poser. Ainsi, en plus des services internes au Pays, des acteurs extérieurs ont concouru à faire en sorte que ce colis arrive à bon port.

Des masques pour préparer le “déconfinement progressif”

En tout, le vol TN 807 est arrivé avec “une quinzaine de tonnes de matériel médical”, a annoncé le pilote, Ludovic Allain. Le président du Pays a cependant précisé : “Aujourd’hui, nous n’avons pas le détail définitif de ce qui a pu être embarqué”. Pour le moment, ce qui est sûr, c’est que la moitié de la commande des masques, soit 2 millions, est bien dans ce colis. Ces 4,5 millions de masques serviront aux services publics, “voire même aux entreprises”. Une partie est aussi “prévue pour la population”. En effet, le président Édouard Fritch a expliqué qu’il souhaitait “penser au déconfinement progressif” et que ces masques serviront “peut-être d’ici 15 jours-trois semaines”, à “se protéger et à protéger les autres”. Par ailleurs, il y aurait des lunettes et des habits pour le personnel médical.

Pas de tests avant la fin de semaine

Quant à savoir si des tests faisaient partie du voyage, le président répond que non. Selon lui, il faudrait attendre “la fin de la semaine”. Les tests devraient arriver avec le vol Ari Tahiti Nui qui part aujourd’hui à destination de la métropole pour remplir la mission de continuité territoriale. “Aujourd’hui, nous en avons 4 000”, a-t-il précisé. D’ici la fin de la semaine, le président l’assure, ce nombre “va doubler”.

Édouard Fritch, président de la Polynésie française

“Il faut faire tourner l’économie”
 
Pourquoi avoir commandé 4,5 millions de masques ?
“Vous savez, mon souci, c’est de penser au déconfinement progressif. Nous ne pouvons pas rester deux mois, trois mois comme cela, il faut faire tourner l’économie et il faut commencer à travailler. Donc ce sont les personnes qui aujourd’hui sont ma préoccupation. Nous avons commandé de quoi fournir les services municipaux et les administrations, voire même des entreprises avec 4,5 millions de masques pour commencer à penser au déconfinement. Parce qu’il faut que ce pays travaille et qu’il faut que l’on se mette au travail rapidement. Une partie des masques est prévue pour la population puisque nous avons commandé 4,5 millions de masques et je pense qu’il faut envisager au moins de doubler en fonction de la propagation du virus. Ce sont des techniciens qui nous le diront, mais je pense que si ça doit s’étendre, il faut répondre aux besoins des services prioritaires, aux besoins de nos communes, des premiers établissements et des premiers services à qui nous demanderont de reprendre du service, à raison de deux-trois masques par jour. Je pense qu’il faudra qu’on double la quantité de masques disponibles d’ici 15 jours à trois semaines. Parce que si d’ici 15 jours, trois semaines, si on commence à parler de déconfinement, je pense qu’il faudra continuer à se protéger et à protéger les autres.”
 
Serait-il envisageable de lever le confinement dans les îles où il n’y a aucun cas ?
“Non, non non ! Il n’en est pas question là, du moins pas jusqu’au 15 avril, voire même après.”

Michel Monvoisin P-dg d’Air Tahiti Nui

“On s’organise pour aller chercher ce qui reste”
 
Votre équipage était volontaire ?
“L’équipage a été remarquable. En effet, en prenant la décision d’aller à Shanghai, ce qui était une décision courageuse, ils auraient pu, si on avait eu du retard, être obligés de passer une nuit à Shanghai ce qui n’est pas enchanteur non plus. Ils ont tous été volontaires, et même pour les vols qui assureront la continuité territoriale. Les équipages et les gens qui travaillent dans les bureaux… ils font tous un travail remarquable.”
 
Allez-vous prendre du matériel médical en plus lors de vos vols pour la continuité territoriale ?
Il y a des vols de continuité territoriale, il faut remercier l’État qui nous a sélectionnés. Il y a eu un appel d’offres avec sept compagnies et nous avons été sélectionnés. Il y aura un premier vol demain, un Paris direct. Ce sera le deuxième d’ailleurs, on va faire un vol sans escale. Le premier vol va également ramener du matériel médical, il faut le savoir. Le Pays a pas mal de commandes en attente en métropole qui vont être acheminées de cette façon. Il y a aussi encore de matériel qui nous attend en Chine. On va déjà vider l’avion, débrieffer et on va voir comment on s’organise pour aller chercher ce qui reste.”

Ludovic Allain, pilote

“On a été utiles à la Polynésie”
 
Comment vous sentez-vous au retour de cette mission ?
“L’attente a été un peu longue, on a attendu les dernières autorisations. On est heureux d’être revenus avec le matériel. On a été utiles à la Polynésie. Rien n’a été vraiment dur, on est habitué à partir longtemps du territoire, mais je tiens à remercier tout l’équipage, ils ont fait un travail formidable.”
 
Qu’est-ce que vous avez transporté ?
“On a eu une quinzaine de tonnes de matériel. On a rempli absolument toutes les soutes, mais le matériel n’était pas très lourd. Nous avons des masques, des blouses et des lunettes et on a rentré tout ce qu’il fallait.”
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Ariitaimai Amary le Lundi 6 Avril 2020 à 19:47 | Lu 7975 fois