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"Quand tu es Tahitien, l'entraide fait partie de ta culture"


Tahiti, le 14 août 2022 - Vingt sapeurs-pompiers polynésiens se sont envolés vendredi et samedi soir à destination de la Métropole pour prêter main forte à leurs collègues engagés sur les violents incendies qui ravagent le territoire national. "Quand tu es Tahitien, l'entraide fait partie de ta culture", expliquent les pompiers volontaires, qui n'ont pas hésité une seconde au moment de s'engager pour cette mission.

 
Vingt pompiers polynésiens, volontaires pour rejoindre leurs collègues en métropole et lutter contre les incendies qui ravagent plusieurs régions et notamment la Gironde, le Jura ou la Drome, sont partis vendredi et samedi soir à destination de Paris. "Jeudi matin, j'ai appelé le président de la fédération des sapeurs-pompiers, Gaston Tunoa. Et il m'a dit : ok, on y va. En moins de 48 heures, nous avons mobilisé une vingtaine de sapeurs-pompiers", se félicitait vendredi soir le président du Pays, Édouard Fritch, venu encourager les pompiers volontaires à l'aéroport de Tahiti-Faa'a.
 
L'équipe conduite par le chef de corps de la caserne de Teva i Uta et président de la fédération polynésienne des sapeurs pompiers, Gaston Tunoa, a également été saluée par les principaux maires et élus des communes d'origine des soldats du feu. "C'est une première. Mon message, c'est d'appeler à être vigilant", a résumé le chef de corps devant ses hommes et les officiels présents au salon d'honneur de l'aéroport. À l'extérieur, familles et amis avaient fait le déplacement pour embrasser les pompiers sur le départ et dire leur "fierté" de cet engagement de leurs proches. Aux cris de "On vous aime !", aux chants et sons des ukulele, se sont joints les sirènes des camions de pompiers de Faa'a venus faire entendre leur soutien envers leurs collègues.
 
"Pas de risque"
 
"Ce soutien, ça nous donne de la force et beaucoup d'énergie pour aller en France", glisse un des volontaires. "La famille est un peu triste, parce que c'est pas un petit feu comme d'habitude. Mais c'est une grande fierté pour nous. On veut aider nos confrères de la France." Tous les pompiers engagés dans cette mission assurent ne pas avoir réfléchi une minute pour accepter la mission. "Quand j'ai reçu le coup de fil, on était en train de prendre le petit déjeuner. J'ai dit oui, sans aucune concertation. Bon, après j'ai dû raccrocher et leur expliquer. Mais ils savent que j'aime ça. Ils n'allaient pas me retenir", sourit un autre sapeur-pompier. "J'ai eu la nouvelle hier après-midi par mon chef de corps. C'était un départ imminent. On pensait partir dès hier soir. Finalement on a eu 24 heures. Je n'ai pas prévenu ma famille, j'ai laissé les réseaux faire le travail. Et ensuite, j'ai eu des coups de fils, des messages…", explique un autre.
 
Le président du Pays a remis à chacun des professionnels deux drapeaux polynésiens "afin qu'ils puissent porter nos couleurs là où ils seront mobilisés". Beaucoup de prières ont été dites vendredi et samedi soir. Beaucoup d'appels à ne pas prendre de risques également. "La religion en général fait partie de la culture polynésienne. On sait que nos familles, nos proches en général vont prier chaque matin, chaque soir en pensant à nous", glisse un pompier de Teva i Uta. "On voit bien qu'en France, ce ne sont pas des petits feux comme ici, ce sont vraiment des hectares en feu. Mais je ne crains pas, parce qu'on est une équipe. Si on travaille ensemble, qu'on ne prend pas de risque, on reviendra." L'équipe polynésienne restera mobilisée deux semaines avant de revenir au fenua.
 
"C'est notre devoir"
 
"On n'est pas les seuls. Il y a beaucoup de monde dans l'Union européenne qui part en renfort en France. C'est notre devoir de pompiers", affirmait vendredi soir un des pompiers, qui se réjouissait du message adressé par le président de la République, Emmanuel Macron, pour saluer l'engagement des pompiers polynésiens. "On est une petite île quand même. Un petit dispositif. Voir un message de Macron, ça fait chaud au coeur." Pour le président du Pays, Édouard Fritch, le chef de l'État ne s'attendait pas à ce soutien polynésien. "Personne n'a imaginé que certains allaient faire le tour du monde pour venir prendre part à ce combat." Une fierté pour la Polynésie et une évidence pour les pompiers engagés, résumée par l'un des sapeurs-pompiers vendredi soir : "Quand tu es Tahitien, l'entraide fait partie de ta culture. Dès qu'on a reçu l'appel. C'était normal. C'était évident."
 

Édouard Fritch, président du Pays : "La solidarité reste une valeur vivante dans notre Pays"

"C'est une mobilisation qui a été faite dans un temps record. Il ne faut pas oublier qu'au-delà de l'appel à chacun de nos volontaires, il y a eu la mise en route de ce personnel. C'est à dire les billets d'avion, la vérification des passeports, les vaccins, l'Esta… C'est la preuve que la solidarité reste encore une valeur vivante dans notre Pays. Tout le monde a vu ces images des incendies en métropole depuis pratiquement trois à quatre jours maintenant. Et le fait que des journalistes ont affiché que les sapeurs pompiers étaient fatigués, que l'ampleur du feu a fait qu'il fallait appeler au secours. Jeudi matin, j'ai appelé le président de la fédération des sapeurs pompiers, Gaston Tunoa. Il m'a dit : ok, on y va. En moins de 48 heures, nous mobilisons une vingtaine de sapeurs-pompiers. Mes pensées vont aussi à leurs familles. C'est beaucoup de risques. C'est l'épouse qui voit son mari partir au front, se battre contre un feu qui a la dimension que l'on a vu à la télévision… Merci à ces épouses, à ces familles, d'accepter ce volontariat. Et je prie le Seigneur pour que tout le monde revienne dans quinze jours."
 


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Lundi 15 Août 2022 à 18:50 | Lu 1627 fois