Tahiti Infos

Prothèses PIP: les femmes concernées demandent la prise en charge de leur retrait avant la rupture


Prothèses PIP: les femmes concernées demandent la prise en charge de leur retrait avant la rupture
"En 2008, mon radiologue m'a annoncé que ma prothèse gauche était rompue. A l'époque, je ne me suis pas inquiétée, puisqu'on pensait que mes implants PIP étaient remplis de silicone chirurgical. Mais le chirurgien esthétique qui m'a retiré mes prothèses et me les a remplacées m'a dit après l'opération que 'ce n'était pas joli à l'intérieur' et qu'il avait eu beaucoup de mal à retirer le silicone. Les douleurs sont arrivées ensuite. Elles étaient si fortes qu'elles me réveillaient la nuit. L'an dernier, j'ai fait une nouvelle échographie, qui a révélé la présence de siliconomes, des résidus qui sont spécifiques au silicone utilisé par PIP, car il s'étale en petites billes dans le corps quand la prothèse se rompt, et s'agrège avec le ganglion. "

Comme Marie*, qui a accepté que son histoire soit racontée dans cet article, elles étaient une petite poignée à se retrouver pour partager leurs soucis autour d'un verre lundi matin à Papeete. Toutes ont le même problème : elles portent les prothèses frauduleuses PIP, fabriquées par une entreprise varoise liquidée judiciairement en 2010. Cette dernière avait recours à un gel de fabrication artisanale maison, à usage non médical, qui entraînait un risque accru de rupture de l'enveloppe de la prothèse, avec pour conséquence une inflammation des tissus, des suintements de silicone et des risques de siliconomes. Le gel est désormais soupçonné d'avoir provoqué ou favorisé le cancer du sein chez au moins 8 femmes.

En Polynésie, 250 femmes seraient concernées. Mais seules celles dont la prothèse est rompue peuvent prétendre à la prise en charge de leur retrait par la CPS, les nouvelles prothèses restant à leur charge. Inacceptable pour les femmes dont la prothèse est encore intacte, mais à qui on recommande une écographie tous les 6 mois.

En vue d'une réunion qui doit se dérouler cette semaine avec les professionnels de santé, elles se sont retrouvées pour nommer une porte-parole qui défendra leur cause auprès de la CPS et du corps médical. Parmi les patientes présentes ce lundi matin, certaines n'ont pas été contactées par le cabinet du chirurgien. A celles qui ont appelé, il a proposé une opération à 400 000 F, c'est-à-dire une ristourne par rapport à la première opération. "On ne sait pas à quoi correspond cette somme, et de toute façon, on n'est pas dans une logique de négociation du prix de l'intervention avec le chirurgien" s'exclame l'une d'entre elle, qui se demande "si elle doit vraiment payer des honoraires au médecin pour la deuxième fois".

Pour une autre, ce chirurgien esthétique a une "responsabilité morale" envers les patientes à qui il a posé ces implants frauduleux. "On trouverait ça normal d'avoir une prise en charge sans attendre que les prothèses ne soient percées" affirment-elles toutes. Aucune d'entre elle ne veut vivre plus longtemps avec cette bombe à retardement dans la poitrine. "Certaines auront de quoi payer leur remplacement, d'autres non. Combien cela coûtera-t-il à la CPS de réparer les dégâts à posteriori?" s'interroge l'une d'entre elles.

Contacté par Tahiti Infos, le chirurgien concerné n'a pas souhaité nous recevoir.

Pour faire partie du collectif, écrire à cette adresse: [email protected] et la rédaction de Tahiti Infos transmettra.


*nom d'emprunt

le Lundi 19 Décembre 2011 à 11:25 | Lu 2537 fois