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Projet Ecoparc : "Est-ce qu'on ne se fout pas de la tête du monde ?" (Yves Doudoute)


Les membres du comité de gestion de la vallée de la Maroto se sont réunis ce lundi matin au complexe de Papenoo.
Les membres du comité de gestion de la vallée de la Maroto se sont réunis ce lundi matin au complexe de Papenoo.
PAPENOO, le 05/10/2015 - Le comité de gestion de la commune de Papenoo s'est réuni ce lundi matin afin de discuter des futures actions à mettre en place dans la vallée de la Maroto. Parmi lesquels, on retrouve celui qui fait couler beaucoup d'encre : le projet Ecoparc. Stupéfaites par la façon de faire des promoteurs, les associations restent pessimistes sur le sujet. Les membres du comité de gestion se retrouveront dans deux semaines.

Le projet Ecoparc continue de faire couler de l'encre, après les élus communaux, la semaine dernière. Ce lundi matin, c'est autour des membres du comité de gestion, qui réunit en son sein, associations de la vallée de la Maroto, entreprises, membres du Pays et de la commune, à réagir.

Tous sont unanimes : ils ne comprennent pas la façon de faire des promoteurs du projet. "J'ai l'impression qu'ils veulent vite faire. Ils ne réfléchissent pas aux conséquences que cela pourra apporter", lâche Vincent Maono, président d'une association d'agriculteurs. "Ce qui est navrant dans cette affaire c'est que les étapes se font à la va vite, ils nous imposent cela".

"On vit ici, on défend cette vallée et puis tout d'un coup, on apprend à la télé, qu'il y a 5 étoiles, etc. Il faut voir la réaction de la population. On plante un hôtel en plein sur le terrain des chasseurs, comment pensez-vous qu'ils vont réagir ?" poursuit Yves Doudoute, de l'association Haururu.

Durant ce comité de gestion, les associations ne comprennent pas non plus la position du Pays. "On voit dans ce qui nous a été présenté, que la part du Pays représenterait 4 milliards Fcfp, alors que nous, dans cette vallée, ça va faire plus de 20 ans qu'on essaye de la développer sans aucun moyen", explique Yves Doudoute, "on a une route qui est exécrable, elle est réparée à chaque fois qu'un ministre arrive, mais ça dure deux semaines après c'est fini. Il faut réfléchir à cela ? Si les touristes ne viennent pas, c'est peut-être d'abord à cause de cela".

L'incompréhension est totale pour ces associations, qui souhaiteraient voir la mise en place des tables rondes à ce sujet. "Je ne comprends vraiment pas, pourquoi est-ce si important d'accélérer les choses ? Les maires utilisent un argument facile, à savoir la création d'emplois, mais qui nous dit que les chiffres qui nous sont avancés sont réels ?" s'insurge Vetea Avaemai, maire délégué de Papenoo.

LES ASSOCIATIONS ONT DES PROJETS QUI RESPECTERONT LA VALLEE

L'impact environnemental est le volet sur lequel associations et entreprises se rejoignent : "Ca va être des ordures partout", souligne le représentant des safaris.

Installer un nouvel hôtel ou encore un golf, "c'est du foutage de gueule", sort Yves Doudoute. L'ancien président de l'association Haururu pousse le bouchon plus loin : "Ce qui nous chagrine c'est qu'ils veulent commencer la construction d'un nouvel hôtel en juillet 2016 et inaugurer cela en 2018. Est-ce que c'est concevable ? Deux ans pour construire la route, les ponts et un hôtel de 5 étoiles et un hôtel de 3 étoiles qui est à refaire, ainsi qu'un centre culturel. Est-ce-que c'est raisonnable ? Est-ce qu'on ne se fout pas de la tête du monde ? Après je pose la question de l'impact environnemental ou patrimonial. Est-ce que tout ça a été pris en compte ? Ca va prendre combien de temps ? Il faut discuter mais pour l'instant, je vous avouerai que ça me fait un peu rire".

Les associations veulent être entendues, "nous voulons développer des pôles d'attraction pour les touristes dans les champs agricoles", explique Vincent Maono.

AUTRE POINT QUI INQUIETENT LES ASSOCIATIONS : LA MISE EN PLACE D'UN COMITE DE PILOTAGE.

Si les promoteurs ont exposé leur projet devant les membres du conseil municipal, il y a plusieurs jours. Les membres du comité de gestion de la vallée de la Maroto veulent qu'une exposition du projet se fasse également durant leur séance. "Je pense que tout devrait passer par ce comité de gestion qui existe depuis quelques années maintenant, et là au moins, tout le monde peut donner son avis. Les décisions de ce comité ne devraient pas être prises à la légère, car les personnes qui le composent connaissent le terrain", rappelle Vetea Avaemai, maire délégué de Papenoo.

L'ancien président de l'association Haururu doute même de la sincérité de ce comité de pilotage. "Le fait qu'ils veulent monter un comité de pilotage alors qu'il y a déjà un comité de suivi, je trouve cela un peu bizarre. Pourquoi ? Alors qu'il représente vraiment ce qui émane de la vallée".

Yves Doudoute regrette que l'avis des associations n'ait pas été pris en compte dès le départ. "Je pense qu'il ne peut pas y avoir de développement sans la population. Notre gros problème, à l'heure actuelle est celui-là. On n'arrive pas à nous développer parce qu'à chaque fois, la population compte pour du beurre".

Les avis que rend ce comité de gestion sont consultatifs. Ses membres se réuniront, une nouvelle fois, dans deux semaines.

le Lundi 5 Octobre 2015 à 17:08 | Lu 2668 fois