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Programme de Marine Le Pen : focus sur ses propositions


Programme de Marine Le Pen : focus sur ses propositions
PAPEETE, le 24 avril 2017. Pour le second tour de la présidentielle, ce ne sont pas seulement deux candidats qui s'opposent. Avec Marine Le Pen et Emmanuel Macron, deux visions de l'Europe aux antipodes l'une de l'autre s'affrontent. Au niveau local, Marine Le Pen a indiqué que la "notion de Pays associé (…) n'est pas un tabou". Emmanuel Macron propose plutôt des "améliorations" à travers l'Accord de Papeete." Voici ici le détail des principales propositions de Marine Le Pen.

Marine Le Pen : La "notion de Pays associé (…) n'est pas un tabou"

Statut :
Marine Le Pen note qu'elle "doit être renforcée et étendue, pour autant que l'Etat conserve ses attributions fondamentales". Pour la candidate, la "notion de pays associé au sein de la France (…) n'est pas un tabou." "Cette évolution statutaire donnerait notamment à la collectivité la compétence pour délivrer des visas touristiques et économiques spécifiques", met-elle en avant.
La candidate du Front national compte aussi mettre en place un "grand ministère de l'Outre-mer".


Santé :
Marine Le Pen indique : "Il est scandaleux que les Polynésiens reçoivent de la France, par personne, une contribution à leur santé inférieure à celle des étrangers en situation irrégulière ! L’inscription de la préférence nationale dans la Constitution devrait permettre de réorienter des sommes retirées de la contribution à la santé des étrangers vers celle des Polynésiens." Elle indique que "L’État reprendra sa place dans le financement du régime de solidarité territorial".

Tarif de l'électricité :
Elle annonce "la mise en place d’une Contribution au service public de l’électricité (CSPE), la Polynésie française devra bénéficier des avantages des dernières technologies en énergies renouvelables, et de ce fait, favoriser par de la défiscalisation, l’implantation en Polynésie française de sociétés françaises en recherche et développement".

Education :
Elle note que "l’État doit reprendre sa place dans le financement de la construction des établissements scolaires". Elle prévoit ainsi de "rétablir la dotation à 1,8 milliard Fcfp par an afin que la jeunesse de Polynésie française puisse pouvoir étudier dans des conditions matérielles similaires à celles des autres Français du territoire national."
Elle prévoit aussi "l’installation en Polynésie française d’une Université Internationale de la Mer".

Immigration :
Mme Le Pen veut ramener le solde migratoire à 10.000 par an et instaurer en attendant "un moratoire sur les visas longue durée", avec en ligne de mire le regroupement familial Marine Le Pen veut aussi supprimer l'aide médicale d'Etat et imposer un délai de deux ans avant qu'un étranger puisse voir ses soins remboursés.

Europe :
En cas de victoire, la candidate frontiste, qui a fait du slogan "achetons français" sa marque de fabrique, a ainsi promis de renégocier les traités commerciaux internationaux et de rétablir des barrières douanières, en imposant une taxe de 3% sur certaines importations.
Elle propose par ailleurs de faire jouer la préférence nationale pour les marchés publics et de couper les ponts avec Bruxelles, avec une mesure radicale: l'abandon de la monnaie commune, accusée de plomber la compétitivité des entreprises françaises et le pouvoir d'achat des Français.

Fonctionnaires:
Marine Le Pen annonce des embauches de fonctionnaires, une hausse de leur point d'indice, mais aussi une prime mensuelle de 80 euros versée par l'Etat pour tous les salariés qui gagnent moins de 1.500 euros par mois.

Surrémunération :
En déplacement à La Réunion en novembre, Marine Le Pen avait annoncé qu’elle supprimerait à terme la surrémunération des fonctionnaires.


PORTRAIT : Marine Le Pen, l'ambitieuse héritière de l'extrême droite

Héritière ambitieuse au tempérament orageux, Marine Le Pen accède au second tour dès sa deuxième campagne présidentielle quinze ans après la qualification surprise de son père Jean-Marie Le Pen qu'elle a mis à la retraite, afin de faire triompher le Front national.

Depuis son accession à la tête du parti en janvier 2011, Marine Le Pen, 48 ans, a fait sienne la formation paternelle, sans toucher aux fondamentaux idéologiques du Front national.

Comme la cadette, Yann, en charge des grandes manifestations frontistes, son destin s'est longtemps inscrit dans le giron du "diable de la République". "Quoi qu'il arrive, tu es mon père", lui avait-elle dit après une violente brouille en 2005.

Avocate de formation, née dans la foulée de mai 1968, Marine Le Pen se lance sous couleurs frontistes aux législatives de 1993.

"Enfant de la télé", bretteuse plus qu'oratrice, elle crève l'écran le soir du second tour de la présidentielle 2002 en expliquant la victoire de Jacques Chirac sur "Le Pen" par la transformation de la France en "camp de rééducation psychologique".

A partir de là, cette grande femme blonde et gouailleuse entreprend avec le soutien de son père une ascension continue jusqu'à la présidence du parti, début 2011. Les vieux barons, qui la voyaient en "night-clubbeuse" dénuée de culture politique, sont progressivement écartés.

Deux fois divorcée, mère de trois enfants, aujourd'hui en couple avec l'une des figures du parti, Louis Aliot, Marine Le Pen insiste sur l'économie, parent pauvre du discours frontiste, avec une forte dose de protectionnisme et la sortie de l'euro pour séduire les "perdants" de la mondialisation.

Ces thèmes sont gagnants dans le bassin minier sinistré d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), devenu son fief, comme au niveau national: à toutes les élections intermédiaires et notamment lors de la présidentielle 2012, le parti progresse.

Pour entrevoir un succès électoral d'ampleur, elle essaie de rompre son isolement: en 2017, elle rencontre trois chefs d’État, dont le russe Vladimir Poutine.

- 'Marine' plutôt que 'Le Pen' -

Elle tente aussi d'adoucir son image, en tempérant l'agressivité qui lui est parfois reprochée à coup d'anecdotes personnelles, d'affiches "La France apaisée" ou de photos avec ses chats: pour 2017, c'est "Marine" que le Front national essaie de faire élire, et non la fille de Jean-Marie Le Pen --une filiation dont le rappel l'agace.

Mais "la dédiabolisation", le nom que Marine Le Pen donne à son grand œuvre de normalisation, vise surtout à débarrasser ce parti de son image antisémite et raciste. Après avoir toléré pendant de nombreuses années des propos valant de multiples condamnations à Jean-Marie Le Pen, elle se résout à le faire exclure en août 2015. Depuis, peu ou plus de contact.

Marine Le Pen le prophétisait dans son autobiographie "A Contre Flots" en 2006 : "la politique nécessite un certain nombre de sacrifices. La vie familiale en fait partie".

Elle ne s'épargne pourtant pas les propos radicaux ou polémiques: contre "l'islamisation de la France", elle établit un parallèle entre les prières de rue et l'Occupation allemande ; elle compare l'immigration aux invasions barbares du IVe siècle, et juge que la France "n'est pas responsable de la rafle du Vel d'Hiv" de 1942.

La patronne du FN est restée sur les "trois i", les "fondamentaux" historiques frontistes : dénonciation de l'immigration, des impôts, de l'insécurité. Elle prône la préférence nationale, rebaptisée "priorité nationale", et s'oppose aux aides sociales pour les étrangers.

La députée européenne depuis 2004 brouille aussi les lignes: si elle veut supprimer le mariage homosexuel, elle ne défile pas avec les "anti". Elle se proclame "meilleur bouclier" des Français juifs, cite Jaurès ou De Gaulle, et arbore République et laïcité en étendard.

Dans le Front national, ce "parti gaulois", Marine Le Pen "prend toutes les décisions", assurent les frontistes. A ses côtés dans la lumière, une équipe qui l'adule et notamment son fidèle bras droit, Florian Philippot. Dans l'ombre, des amis sulfureux, comme le "prestataire" Frédéric Chatillon.

AFP

Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 24 Avril 2017 à 09:40 | Lu 6584 fois