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Programme d'Emmanuel Macron : focus sur ses propositions


Programme d'Emmanuel Macron : focus sur ses propositions
PAPEETE, le 24 avril 2017. Pour le second tour de la présidentielle, ce ne sont pas seulement deux candidats qui s'opposent. Avec Marine Le Pen et Emmanuel Macron, deux visions de l'Europe aux antipodes l'une de l'autre s'affrontent. Au niveau local, Marine Le Pen a indiqué que la "notion de Pays associé (…) n'est pas un tabou". Emmanuel Macron propose plutôt des "améliorations" à travers l'Accord de Papeete." Voici ici le détail des principales propositions d'Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron : "Maintien de la surrémunération" des fonctionnaires

Statut :
"Nous ne savons pas grand-chose de ce statut de pays associé, mais s’il devait se traduire par le passage de la magistrature dans la compétence du gouvernement local, comme j’ai pu le lire, je n’y suis pas favorable car je ne vois pas comment il serait possible, dans ces conditions, de garantir l’indépendance de la justice", a indiqué Emmanuel Macron dans une interview à nos confrères de La Dépêche de Tahiti. "La Polynésie française bénéficie d’un régime d’autonomie dans la République. Rien ne s’oppose d’ailleurs à ce que des améliorations soient recherchées, comme c’est envisagé dans le projet d’Accord de Papeete."

Coût de la vie :
L'ancien ministre de l'Economie a demandé à ce comité de travail de rédiger des recommandations pour le fenua. Ce comité a listé quatre priorités. D'abord, la lutte contre la cherté de la vie. "Dans le cadre de ses compétences et de par son pouvoir de persuasion lié au fait qu’il soit le premier bailleur de fonds du Pays, l’Etat s’engage à créer les conditions de diminution du coût de la vie", indique le comité local qui propose notamment que les " taux bancaires soient fixés par le haut-commissaire au même niveau que les taux pratiqués en France métropolitaine". La continuité territoriale, au sein de la France, du Pacifique et entre les îles, est la seconde priorité du comité local. Emmanuel Macron prévoit des billets d’avion à prix aidés pour les ultramarins, en particulier les étudiants et les entrepreneurs.

Emploi :
Pour favoriser l'emploi, les soutiens au candidat Emmanuel Macron souhaitent mettre en place une "préférence locale appliquée au travail ainsi qu’à l’attribution des marchés publics".
Enfin le comité local compte créer une "Assurance Formation". "Les salariés, fonctionnaires, patentés, chefs d’entreprise ayant involontairement perdu leur emploi bénéficie(raient) d’une assurance formation. Ils (seraient) rémunérés à la condition sine qua non de suivre une formation qualifiante correspondant au marché local du travail", souligne le document du comité polynésien.

Immigration :
Emmanuel Macron plaide pour "une immigration de la connaissance", avec un accent sur l'immigration qualifiée (allègement des procédures...). Il fait de l'intégration des étrangers en situation régulière "une priorité absolue", mais évoque seulement l'amélioration de l'offre linguistique et "programmes locaux d'intégration". La France "doit être à la hauteur de sa tradition historique d'accueil", même s'il faut se montrer "inflexible avec les personnes qui ne remplissent pas les conditions de séjour sur notre territoire".


Europe :
Une politique à l'opposé de celle d'Emmanuel Macron, qui souhaite renforcer le libre-échange, en validant le CETA (accord commercial entre l'Union européenne et le Canada), et approfondir l'intégration européenne, via la création d'un budget propre à la zone euro.

Fonctionnaires :
Le leader d'En Marche! a annoncé un plan de 60 milliards d'euros d'économies sur l'ensemble du quinquennat, via la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires et sur une réduction des subventions aux collectivités territoriales.

Surrémunération :
Le candidat d’En Marche soutient le maintien de la surrémunération des fonctionnaires, en raison du coût de la vie.

Macron, un chamboule-tout dans le paysage politique

Produit du système qui se veut "anti-système", conformiste et audacieux à la fois, "ni de droite, ni de gauche", Emmanuel Macron a bouleversé en quelques mois le paysage politique au point de se hisser dimanche au second tour de l'élection présidentielle.

Ancien banquier d'affaires chez Rothschild inconnu il y a trois ans, ministre de l'Economie deux ans durant, héritier et parricide de François Hollande, le candidat âgé de 39 ans, pour la première fois face à des électeurs, promet un "renouvellement" profond de la vie politique, à la tête d'un grand mouvement du centre.

Education bourgeoise chez les jésuites à Amiens, nez dans les livres auprès de sa grand-mère directrice de collège, c'est un élève modèle mais aussi rebelle, quand il s'agit de défier les conventions pour épouser Brigitte Trogneux, sa professeure de français au lycée, de 24 ans son aînée.

Avec Sciences-Po Paris, un diplôme de philosophie, l'ENA promotion Sedar-Senghor puis l'Inspection générale des finances, il a attiré l'oeil de ses premiers mentors politiques: Jacques Attali en 2007; puis François Hollande, qui le nomma secrétaire général adjoint de l'Elysée en 2012 et le propulsa à Bercy à l'été 2014.

Mais c'est autant son cursus que ses "intuitions", alors qu'il n'a que "cinq ans de boutique en politique", selon l'expression d'un rallié de droite, qui impressionnent dans son premier cercle comme chez ses adversaires.

"Je pense que Macron a eu l'intuition, précisément parce qu'il était extérieur à la vie politique traditionnelle, que les partis de gouvernement avaient créé leurs propres faiblesses, avaient perdu leur propre attractivité, étaient, pour reprendre un vieux mot, usés, fatigués, vieillis", confiait récemment François Hollande.

Par exemple, "il a eu cette intuition de créer En Marche! quand il a élaboré sa loi" adoptée par 49-3 à l'été 2015, se souvient le député PS Richard Ferrand.

C'est en défendant ce texte fourre-tout, qui va de l'extension du travail du dimanche à la libéralisation du transport en autocar, qu'"il a constaté les scléroses du pays", souligne ce soutien de la première heure, secrétaire général du mouvement lancé le 6 avril 2016.

- 'Son plaisir, c'est de jouer' -

A la tête de sa petite entreprise politique, siglée de ses initiales, qui revendique aujourd'hui 250.000 adhérents, sans obligation de cotisation, Emmanuel Macron a affiché de plus en plus ostensiblement ses ambitions, avec un fervent meeting fondateur à La Mutualité le 12 juillet 2016 devant 3.000 personnes, puis en quittant le gouvernement le 31 août.

"Ses intuitions correspondent aux défis de notre époque", insiste Richard Ferrand. "Rappelez-vous ce qu'il a dit à La Mutualité: pourquoi reste-t-on attaché à un modèle qui a fait 6 millions de chômeurs et 10 millions de pauvres ?"

Dans cette perspective, le trentenaire veut à la fois "libérer" et "protéger", en refondant "un modèle social dépassé" tout en "réarmant les individus".

Un programme jugé flou par ses détracteurs, qui raillent sa propension à articuler dans la même phrase deux idées contradictoires, sans toujours éviter le jargon "techno".

Son ascension a aussi été scandée par des déclarations polémiques, des "erreurs" qu'il "assume", comme lorsqu'il avait jugé en février que la colonisation avait été un "crime contre l'humanité".

Alors qu'il était ministre, il avait aussi choqué en qualifiant "d'illettrées" les employées d'un abattoir, ou bien en répondant à des grévistes en tee shirt qui lui reprochaient son costume, que "la meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler".

Avec son ascension dans les sondages, Emmanuel Macron, regard bleu et sourire accroché au visage, s'est laissé gagner par la ferveur des réunions publiques, s'attardant sur scène, se délectant des "Macron président!", au point que ses adversaires moquent des attitudes "christiques".

Lui répond en prônant la "bienveillance" et refuse de faire siffler ses concurrents en meeting.

Mais s'il n'est pas élu dans deux semaines, ses intentions profondes restent énigmatiques.

"Macron, son plaisir c'est de jouer, c'est pas de gagner. Le jour où il aura perdu, il s'en fout, il passe à autre chose", assurait à l'automne un membre du gouvernement.

Lui jure qu'il gardera les commandes d'En Marche! et un oeil sur l'avenir. Et en même temps qu'il ne sera "plus en politique dans 20 ans". Paradoxal ?

Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 24 Avril 2017 à 09:40 | Lu 5089 fois