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Première famille d'Indonésie: une modestie qui contraste avec le "bling bling" en Asie


Jakarta, Indonésie | AFP | mercredi 05/11/2014 - Avec une femme qui s'habille simplement et une fille qui attend son tour dans un hôpital public, le nouveau président indonésien, Joko Widodo, affiche une modestie qui contraste avec le "bling bling" d'autres familles de dirigeants en Asie du Sud-Est.

Ainsi, les enfants de l'ancien dictateur indonésien Suharto (1967-1998) menaient un train de vie fastueux, l'épouse du Premier ministre de Malaisie est critiquée pour ses dépenses somptuaires et la famille du sultan de Brunei est montrée du doigt pour ses excès.

Par contraste, la femme, la fille et les deux fils du président indonésien, surnommé Jokowi, paraissent modestes et les pieds sur terre. Ils sont bien plus représentatifs de la classe moyenne qui se développe rapidement en Indonésie que de l'élite à l'écart de la société.

"Même après que Jokowi a été élu président, la famille veut continuer à vivre comme des gens ordinaires", déclare à l'AFP Anggit Noegroho, un ami de Jokowi qui lui a apporté son aide lors de nombreuses campagnes électorales, et connaît la famille depuis plusieurs décennies.

L'image des Jokowi correspond à celle du président élu en juillet en Indonésie, le premier issu d'un milieu modeste hors de l'élite politico-militaire. La réduction de la pauvreté et la lutte contre la corruption figurent parmi ses priorités dans ce pays qui est l'un des plus corrompus au monde.

Les enfants du prédécesseur de Jokowi, Susilo Bambang Yudhoyono, ont parfois fait l'objet de controverses, l'un de ses fils devant se défendre d'accusations de corruption. Mais ce sont surtout ceux de Suharto qui ont provoqué les plus vives critiques en Indonésie.

Ses six enfants auraient fait fortune en bénéficiant d'un accès priviligé à des affaires lucratives pendant les trois décennies de pouvoir de l'ex-dictacteur, un règne marqué par une corruption massive. Suharto a finalement été chassé du pouvoir en 1998, pendant la crise financière asiatique.

Son fils cadet, Hutomo Mandala Putra, était le plus controversé de ses enfants. Ce play-boy ayant un goût prononcé pour les voitures de luxe a passé 15 ans en prison pour avoir recruté des tueurs à gages afin d'assassiner un juge qui l'avait condamné à une peine d'emprisonnement pour corruption. Il a été libéré en 2006.
- "Pas beaucoup d'argent de poche" -

En ce qui concerne le président Jokowi, âgé de 53 ans, sa femme Iriana, 51 ans, porte des chemisiers et pantalons simples, qui contrastent avec les robes haut de gamme portées par de nombreuses premières dames.

Son fils aîné, Gibran Rakabuming, 27 ans, a créé une société de livraison de repas dans la ville natale de Jokowi et roule en Mazda, une voiture très ordinaire.

Sa fille de 23 ans, Kahiyang Ayu, aime apparemment aussi la simplicité. Après une récente blessure à la main, elle aurait insisté pour être transportée dans un hôpital public plutôt que dans une onéreuse clinique privée. A l'hôpital, elle a attendu son tour avant d'être examinée par un médecin.

La famille du président a pourtant les moyens, Jokowi ayant exploité pendant de nombreuses années une lucrative société de meubles avant d'être maire de Solo (sa ville natale) puis gouverneur de Jakarta, mais elle préfère dépenser dans d'autres domaines, notamment l'éducation des enfants: les deux fils ont été au lycée à Singapour -- ville-Etat bien plus coûteuse que l'Indonésie --, et la fille a fait des études commerciales à Singapour et en Australie.

Le plus jeune fils, Kaesang Pangarep, 18 ans, a même reconnu que ses parents ne l'avaient pas gâté pendant qu'il étudiait à Singapour: "je prends très rarement le métro car c'est beaucoup plus cher que l'autobus", écrivait-il alors sur son blog, observant que sa mère refusait de lui donner plus d'argent de poche.

"Tu ne devrais pas avoir beaucoup d'argent de poche pour que tu saches comme c'est difficile de vivre dans un autre pays", lui avait-elle dit.

Rédigé par () le Mercredi 5 Novembre 2014 à 05:21 | Lu 916 fois