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Première caméra OceanIA installée à Moorea pour protéger les baleines


Le projet OceanIA combine caméras haute définition et intelligence artificielle et vise à détecter les baleines en temps réel pour prévenir les collisions avec les navires.  ©Oceania
Le projet OceanIA combine caméras haute définition et intelligence artificielle et vise à détecter les baleines en temps réel pour prévenir les collisions avec les navires. ©Oceania

TAHITI, le 13 août 2025 - Ce mardi, l’association Oceania a franchi un nouveau cap avec le lancement du projet OceanIA. Ce dispositif innovant, combinant caméras haute définition et intelligence artificielle, vise à détecter les baleines en temps réel pour prévenir les collisions avec les navires, notamment dans les zones les plus à risque de Polynésie : les passes de Papeete et de Vaiare.
 
C'est sur les hauteurs de Vaiare, à Moorea, que l’association Oceania, engagée depuis des années dans la protection des mammifères marins, a installé la première plateforme de détection du projet OceanIA. Huit bénévoles ont accompagné Anaïs Pierre, cheffe de projet, dans une ascension exigeante, chacun portant un élément du dispositif. “La randonnée s’est transformée en escalade”, raconte-t-elle. Une fois le sommet atteint, l’équipe a mis en place le support, les panneaux solaires, la caméra et le système électronique. La plateforme s’est allumée dès la première tentative, alimentée par le solaire et connectée en 4G, prête à capturer ses premières images de la passe et de ses alentours. Cette étape marque le début de la phase pilote d’OceanIA, un projet technologique inédit en Polynésie.
 
Un projet né de la lutte contre les collisions
 
OceanIA s’inscrit dans le programme Ocean Watch, financé par le Fonds Vert, l’OFB, la Diren et des partenaires privés. L’objectif : réduire les risques de collision entre navires et cétacés dans les zones les plus sensibles, notamment les passes de Papeete et Vaiare. Depuis plus de dix ans, les Observateurs de Mammifères Marins (OMM) embarqués sur les ferries ont permis d’éviter près de 900 collisions potentielles. Mais l’association veut aller plus loin grâce à l’intelligence artificielle.
 
Comment ça fonctionne ?
 
La plateforme de Moorea, comme celle qui sera installée au Hilton Tahiti, le mardi 19 août, est équipée d’une caméra à zoom ×20, résolution 4 Mpx (millions de pixels), et vision nocturne infrarouge. Les images alimentent un “réseau de neurones” en phase d’apprentissage, capable d’identifier une baleine à partir de signes caractéristiques : caudale, pectorale, dorsale, souffle ou saut. Lorsqu’une détection est confirmée, un message d’alerte est transmis aux capitaines de navires afin qu’ils adaptent leur route ou leur vitesse.
 
Choix des sites
 
À Tahiti, c'est l'hôtel Hilton qui a été retenu pour son point de vue privilégié sur la passe de Papeete et ses conditions techniques idéales : hauteur, stabilité, raccordement électrique et couverture 4G. À Moorea, l’installation de Vaiare bénéficie d’une vue dégagée et d’une autonomie énergétique grâce au solaire. Si la caméra du Hilton est vouée à être fixe, celle de Moorea restera temporaire, afin de tester différents paramètres en vue d’un déploiement élargi.
 
Le projet réunit un réseau solide : SENSEA France (technologie et IA), Greenov (application Whale Alert), Fare Connect (installation), SES Consulting Tahiti (système solaire), Vini, ainsi que les compagnies de ferries, la capitainerie et le port autonome. Le Hilton apporte un soutien logistique et financier, et accueillera bientôt des panneaux éducatifs pour sensibiliser le public. “Le dispositif pourrait être visible pour les visiteurs et clients du Hilton à quelques endroits de l’Hôtel mais restera très discret pour l’ensemble des occupants de l’établissement. Nous ferons des interventions d’observation au Hilton les jeudi 28 août, 11 septembre, 25 septembre, 9 octobre, et 23 octobre durant lesquelles nous parlerons également de la plateforme de détection. L’autre plateforme ne sera pas accessible au public mais, là encore, nous réaliserons des interventions au Belvédère de Toatea, à Moorea. Il n’y aura pas d’accès prévu en ligne, ce projet est un projet à caractère scientifique”, explique Anaïs Pierre. 
 
Estimé à 12 millions de francs (100 000 euros), le projet OceanIA est principalement financé par le programme BESTLife2030 de l’UICN et de l’Union européenne, avec le concours de dons et subventions. La phase pilote permettra d’évaluer la robustesse du système et de l’adapter. Si elle est concluante, la technologie pourrait être déployée sur d’autres passes du Fenua.

Rédigé par Darianna Myszka le Mercredi 13 Août 2025 à 15:50 | Lu 3859 fois