Tahiti, le 26 juin 2023 - Chaque élection de Miss Tahiti apporte son lot de polémiques. Mais avec la montée en puissance des réseaux sociaux, les commentaires haineux sur le physique des candidates se sont transformés en attaques racistes. La Miss 2023, Ravahere Silloux, “trop Chinoise”, n'y a pas échappé. Après 12 ans passés à organiser cet événement, Leïana Faugerat s'est “malheureusement fait à l'idée que le peuple polynésien est devenu raciste et intolérant”.
Les “haters”. C'est comme cela qu'on les appelle. Sur les réseaux sociaux, bien cachés derrière leur écran, et parfois derrière un pseudonyme, ils commentent tout et n'importe quoi, en déversant leur frustration avec des termes et des insultes qu'ils ne se permettraient sans doute pas dans “la vraie vie”. L'élection de Miss Tahiti n'y a pas échappé. Dès le soir de l'élection, les attaques ont commencé à fuser, et cela s'est poursuivi depuis : “On s'est trompé d'élection ?” ; “Mais c'est l'élection de miss Dragon 2 ou quoi” ; “Silloux, c'est vrai que ça fait chinois !” ; “Du coup, on aura deux candidates à Hong Kong ? Qui ira à Miss France ?” ; “Ce n'est pas l'élection de miss Tahiti, c'est encore miss Dragon, désolé !”, etc. Il suffit de descendre un peu sous chaque article pour trouver des commentaires de ce genre depuis vendredi.
Ravahere Silloux, élue miss Tahiti vendredi soir a en effet des origines chinoises. Elle avait même hésité à se présenter il y a quelques années car “à l'époque, je me trouvais trop chinoise et je ne pensais pas qu'un jour, je pourrais prétendre au titre”, a-elle confié à Tahiti-Infos au lendemain de son sacre. Mais avec également des origines allemandes et tahitiennes, la nouvelle Miss Tahiti est surtout la représentation parfaite de la mixité qui fait la beauté et le charme des Polynésiennes.
“Coup de gueule visé” de Hinarere Taputu
Il n'en a pas fallu davantage à Hinarere Taputu [Miss Tahiti 2014 qui a coaché les candidates pendant la préparation de cette élection, NDLR] pour qu'elle sorte de ses gonds ce lundi sur Facebook : “Ce n'est pas dans mon habitude, mais ... À vous mes amis experts de tout et de rien !!! Vous me fatiguez avec vos commentaires racistes, dénigrants, elle est ci, elle est ça. Êtes-vous capable de vous présenter sur une scène et de faire la moitié du job d'une Miss. Et si c'était votre fille, sœur, cousine, amie, ... Ça vous plairait de lire vos propres commentaires haineux à la limite du harcèlement. Il faudrait tourner votre langue 7 fois dans votre bouche avant de parler. Coup de gueule visé.”
“C'est fini ce peuple d'accueil et d'amour”
Jointe par Tahiti Infos, la directrice du comité Miss Tahiti, Leïana Faugerat, a indiqué ne plus être “vraiment choquée” même si chaque année, ça lui fait “mal au cœur”. Elle poursuit et ne mâche pas ses mots : “Malheureusement, je me suis fait à l'idée que le peuple polynésien, le nuna'a est devenu intolérant et raciste. Il s'est dévergondé avec le temps et les réseaux sociaux. C'est fini ce peuple d'accueil et d'amour, je suis triste de le constater. À l'époque, Mareva Georges faisait trop popa'a, Mareva Galanter était trop blanche, Vaimalama Chavez était trop ronde...”
Leïna Faugerat sait pertinemment qu'elle risque à son tour d'être la cible de ces mêmes “haters” mais elle persiste et signe : “Ça fait 12 ans que je me retiens et j'assume mes propos !” Et elle ajoute : “L'année dernière, le jury a élu une Polynésienne, Herenui Tuheiava, et personne ne l'a soutenue à Miss France. Ceux qui critiquent aujourd'hui sont ceux qui embrasseront la miss demain en la félicitant. Qu'ils se regardent d'abord dans une glace”, a conclu la directrice du comité qui conseille d'ailleurs aux candidates de ne pas se connecter, même si c'est difficile, car “ça fait 12 ans que je les console et que je supporte ces âneries”.
D'autant que les candidates ont fait preuve d'un fairplay exemplaire et même si certaines peuvent être déçues, elles n'en restent pas moins dignes et courtoises à l'image de Korail vernaudon, élue Miss Heiva, qui déclarait le soir de l'élection que “dix belles amitiés” s'étaient créées et qu'elle était persuadée que “[son] amie Ravahere ferait une Miss Tahiti exceptionnelle”.
En ce sens, heureusement, il y avait aussi énormément de commentaires positifs, à l'instar de celui de cet internaute qui écrit : “Soyez à la hauteur du message de vos favorites qui n'ont cessé de démontrer, tout au long de l'aventure, leur attachement au respect de l'autre, à la bienveillance, à la solidarité, à l'éducation, à la culture, au fait d'incarner l'humanisme au-delà de tout”. Fermez le ban.
Stéphanie Delorme
Les “haters”. C'est comme cela qu'on les appelle. Sur les réseaux sociaux, bien cachés derrière leur écran, et parfois derrière un pseudonyme, ils commentent tout et n'importe quoi, en déversant leur frustration avec des termes et des insultes qu'ils ne se permettraient sans doute pas dans “la vraie vie”. L'élection de Miss Tahiti n'y a pas échappé. Dès le soir de l'élection, les attaques ont commencé à fuser, et cela s'est poursuivi depuis : “On s'est trompé d'élection ?” ; “Mais c'est l'élection de miss Dragon 2 ou quoi” ; “Silloux, c'est vrai que ça fait chinois !” ; “Du coup, on aura deux candidates à Hong Kong ? Qui ira à Miss France ?” ; “Ce n'est pas l'élection de miss Tahiti, c'est encore miss Dragon, désolé !”, etc. Il suffit de descendre un peu sous chaque article pour trouver des commentaires de ce genre depuis vendredi.
Ravahere Silloux, élue miss Tahiti vendredi soir a en effet des origines chinoises. Elle avait même hésité à se présenter il y a quelques années car “à l'époque, je me trouvais trop chinoise et je ne pensais pas qu'un jour, je pourrais prétendre au titre”, a-elle confié à Tahiti-Infos au lendemain de son sacre. Mais avec également des origines allemandes et tahitiennes, la nouvelle Miss Tahiti est surtout la représentation parfaite de la mixité qui fait la beauté et le charme des Polynésiennes.
“Coup de gueule visé” de Hinarere Taputu
Il n'en a pas fallu davantage à Hinarere Taputu [Miss Tahiti 2014 qui a coaché les candidates pendant la préparation de cette élection, NDLR] pour qu'elle sorte de ses gonds ce lundi sur Facebook : “Ce n'est pas dans mon habitude, mais ... À vous mes amis experts de tout et de rien !!! Vous me fatiguez avec vos commentaires racistes, dénigrants, elle est ci, elle est ça. Êtes-vous capable de vous présenter sur une scène et de faire la moitié du job d'une Miss. Et si c'était votre fille, sœur, cousine, amie, ... Ça vous plairait de lire vos propres commentaires haineux à la limite du harcèlement. Il faudrait tourner votre langue 7 fois dans votre bouche avant de parler. Coup de gueule visé.”
“C'est fini ce peuple d'accueil et d'amour”
Jointe par Tahiti Infos, la directrice du comité Miss Tahiti, Leïana Faugerat, a indiqué ne plus être “vraiment choquée” même si chaque année, ça lui fait “mal au cœur”. Elle poursuit et ne mâche pas ses mots : “Malheureusement, je me suis fait à l'idée que le peuple polynésien, le nuna'a est devenu intolérant et raciste. Il s'est dévergondé avec le temps et les réseaux sociaux. C'est fini ce peuple d'accueil et d'amour, je suis triste de le constater. À l'époque, Mareva Georges faisait trop popa'a, Mareva Galanter était trop blanche, Vaimalama Chavez était trop ronde...”
Leïna Faugerat sait pertinemment qu'elle risque à son tour d'être la cible de ces mêmes “haters” mais elle persiste et signe : “Ça fait 12 ans que je me retiens et j'assume mes propos !” Et elle ajoute : “L'année dernière, le jury a élu une Polynésienne, Herenui Tuheiava, et personne ne l'a soutenue à Miss France. Ceux qui critiquent aujourd'hui sont ceux qui embrasseront la miss demain en la félicitant. Qu'ils se regardent d'abord dans une glace”, a conclu la directrice du comité qui conseille d'ailleurs aux candidates de ne pas se connecter, même si c'est difficile, car “ça fait 12 ans que je les console et que je supporte ces âneries”.
D'autant que les candidates ont fait preuve d'un fairplay exemplaire et même si certaines peuvent être déçues, elles n'en restent pas moins dignes et courtoises à l'image de Korail vernaudon, élue Miss Heiva, qui déclarait le soir de l'élection que “dix belles amitiés” s'étaient créées et qu'elle était persuadée que “[son] amie Ravahere ferait une Miss Tahiti exceptionnelle”.
En ce sens, heureusement, il y avait aussi énormément de commentaires positifs, à l'instar de celui de cet internaute qui écrit : “Soyez à la hauteur du message de vos favorites qui n'ont cessé de démontrer, tout au long de l'aventure, leur attachement au respect de l'autre, à la bienveillance, à la solidarité, à l'éducation, à la culture, au fait d'incarner l'humanisme au-delà de tout”. Fermez le ban.
Stéphanie Delorme