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Plus de chances de survie avec des massages cardiaques prolongés


Plus de chances de survie avec des massages cardiaques prolongés
PARIS, 5 sept 2012 (AFP) - Les patients victimes d'arrêt cardiaque à l'hôpital ont plus de chances de survivre dans les établissements pratiquant des massages cardiaques prolongés, selon une étude américaine publiée mercredi dans la revue médicale The Lancet.

Masser le coeur d'un patient plus longtemps pour avoir des chances supplémentaires de le faire revenir à la vie: ce qui peut paraître une évidence dans la rue ne va pas forcément de soi dans les salles de réanimation.

Tout d'abord la durée des efforts de réanimation varie considérablement d'un hôpital à l'autre, note l'étude qui a passé en revue 64.339 cas de réanimations dans 435 hôpitaux américains, classés en quatre catégories en fonction de la durée moyenne des tentatives de réanimation (de 16 à 25 minutes).

"Les méthodes de réanimation cardiopulmonaire sont plutôt standardisées mais les recommandations sur la durée de la tentative sont moins précises et souvent soumises à l'appréciation subjective des équipes", notent deux spécialistes britanniques, Jerry Nolan et Jasmeet Soar.

Le Pr Dan Benhamou, président de la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation, confirme ce trait à l'AFP: "un réanimateur sera plus actif sur un patient plus jeune dont on sait que le pronostic de récupération est meilleur et la réanimation sera prolongée".

Sur la base d'études précédentes ayant montré des résultats défavorables en matière de survie pour des réanimations longues, la pratique habituelle était de se poser la question de poursuivre ou non la réanimation "en l'absence d'une réponse rapide" du patient, explique l'article du Lancet dont Zachary Goldberger, spécialiste en cardiologie à l'Université de Washington, est principal signataire.

Observation

Mais ces études portant sur de faibles nombres étaient biaisées, suggère le cardiologue, car elles tendaient à associer réanimations courtes avec issues positives.

Résultat de la grande étude américaine, première du genre, selon The Lancet: le fait d'insister plusieurs minutes supplémentaires avec un massage cardiaque améliorerait les chances de survie.

"Nos résultats suggèrent que le fait de prolonger les efforts de réanimation de 10 ou 15 minutes pourrait améliorer l'issue", commente prudemment Dr Goldberger.

Mais le spécialiste insiste sur le fait que son travail est pure "observation": "nous ne pouvons montrer de relation causale directe entre durée des tentatives de réanimation et taux de survie".

Il reste que "les patients dans les hôpitaux où les efforts de réanimation durent plus longtemps ont des taux de survie supérieurs à ceux traités dans les hôpitaux où les réanimations sont plus courtes".

Un rétablissement complet du patient avec sortie d'hôpital a été atteint dans 16,2% des cas pour les établissements pratiquant des réanimations longues (25 minutes) contre 14,5% pour ceux pratiquant des réanimations courtes (16 minutes).

Les experts britanniques Nolan et Soar jugent dans un commentaire accompagnant l'article : "quand la cause de l'arrêt cardiaque est potentiellement réversible, cela peut valoir la peine d'essayer un peu plus longtemps".

Pour le Pr Benhamou, si ces résultats se confirment, il faudra peut-être "remettre en cause l'attitude habituelle de ranimer peu longtemps quand cela semble sans espoir".

ot/fa/bma

Rédigé par AFP le Mercredi 5 Septembre 2012 à 05:45 | Lu 449 fois