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Pirogue à voile – Channel Crossing : Holopuni Moorea grand vainqueur

C’est finalement la pirogue Holopuni Moorea qui s’est imposée au classement général du Channel Crossing 2016, devant Terematai et Tamari’i Moana. Les sept pirogues à voile de type Holopuni auront bouclé les 332 km des cinq étapes entre le lundi 21 et le samedi 25 novembre, comme prévu, ce malgré des conditions de vent relativement peu favorables. En dehors du résultat, c’est la fin d’une aventure humaine extraordinaire et le début d’une autre : l’Ironmana 2016, prévu du lundi 28 novembre au dimanche 4 décembre à Bora Bora.


Une expérience exceptionnelle pour les participants
Une expérience exceptionnelle pour les participants
Sept équipages ont pris le départ du Channel Crossing
 
Sept équipages de trois personnes ont participé au Channel Crossing 2016, une course de pirogue à voile de type Holopuni à deux balanciers, en cinq étapes entre Tahiti, Moorea, Huahine, Raiatea, Taha’a et Bora Bora. C’était la septième édition mais la première sous forme de course chronométrée. Le suspense aura été intense et chaque pirogue aura eu son moment de gloire dans des conditions météorologiques changeantes.
 
La première étape de 50 km entre Tahiti et Moorea fut remportée par Holopuni Tahiti, menée par l’organisateur Stéphan Lambert, une étape où il fallait savoir évoluer dans le surf en raison d’un vent favorable qui a permis aux va’a de rejoindre Moorea en un peu plus de trois heures. On retrouvait en deuxième position Holopuni Moorea et Manu Ura, la pirogue à l’équipage 100% Hawaiien.
 
La deuxième épreuve entre Moorea et Huahine fut la plus longue et ce fut Holopuni Moorea, avec à son bord Laurent Grimaud, George Plsek et Roch Frey, qui arriva au bout des 169km en premier en 13H46’, devant Tamari’i Moana le pirogue menée par Kavika Knight le président de l’association Va’a Tai’e Tautoru et Manu Ura, la pirogue des Hawaiiens. Le vent avait baissé par rapport à la première étape, cette deuxième étape fut donc plus physique, les hommes devant ramer. La dernière pirogue, Kuanalu, avait mis plus de 16H pour arriver, en pleine nuit, à Huahine.

Plusieurs catamarans ont accompagné la course
Plusieurs catamarans ont accompagné la course
Une étape symbolique à Taputapuatea, Raiatea
 
La troisième étape de 38 km entre Huahine et Raiatea fut remportée, en moins de trois heures cette fois-ci, par Terematai, un équipage de Moorea composé de Vatea Quesnot et de son fils Eric, accompagnés du jeune kiter Ronald Teraiharoa. Une étape riche en symbolique car arriver en pirogue à voile au marae Taputapuatea n’est pas anodin puisque ce marae était, aux temps ancestraux, le point de ralliement des peuples du Pacifique qui parcouraient des centaines de kilomètres en grande pirogue double de voyage pour assister à des cérémonies qui pouvaient durer plusieurs jours.
 
La 4e étape de 25km, la plus courte, entre Taputapuatea à Raiatea et le motu Mahaea de Taha’a s’est faite dans la même journée que la  troisième étape. Holopuni Moorea gagnait ainsi sa deuxième étape en réalisant le parcours en 2H05, devant Terematai et Kuhela. L’équipage de Kuhela était composé de Pascal Bredin, Mauna Bennett et Tamatoa Arbelot, ils montaient ainsi pour la première fois sur le podium d’une étape.
 
La dernière étape de 50km entre Taha’a et Bora Bora fut également remportée par la pirogue de Moorea Terematai, devant Kuhela et Tamari’i Moana. Au classement général, Holopuni Moorea avait trop d’avance avant la dernière étape, elle remporte ainsi ce Channel Crossing 2016 avec un total de 27H35 de navigation devant Terematai en 27H44 et Tamari’i Moana en 27H49. Manu Ura est 4e, Kuhela 5e, Holopuni Tahiti 6e et Kua Nalu 7e, avec à son bord l’unique femme Léa Brassy. SB

Le Channel Crossing, une reconnection avec la culture, avec la nature
Le Channel Crossing, une reconnection avec la culture, avec la nature
Parole à Stéphan Lambert l’organisateur :
 
La course a été pleine de suspense ?
 
« Cela a été intéressant car à chaque étape chacun a pu tirer son épingle du jeu. Il y a eu de la compétition tout au long de la semaine. Les conditions n’ont pas été très favorables sur les 2/3 du parcours. Il y avait à peu près cinq nœuds de vent, cela nous a fait faire de gros efforts physiques. Au mental, chacun des équipages a pu à un moment ou à un autre monter sur le podium. »
 
Cela a changé quoi par rapport au éditions précédentes ce classement ?
 
« Pas grand chose, cela a simplement officialisé des résultats. Pour le futur, c’est important car en ambiance « course » cela attire un plus large public qui est toujours intéressé par les combats. La course est restée très fraternelle. Les catamarans qui nous suivent ont servi de base de vie, on était souvent ensemble, on mangeait ensemble, cela a rapidement créé un groupe très soudé. »
 
Le Channel Crossing reste une aventure extraordinaire ?
 
« Oui. On a de la chance. La beauté des îles vues de la mer c’est quelque chose de très émouvant. On a été accueillis de manière extraordinaire, notamment à Bora Bora avec une centaine d’enfants, à Huahine des associations nous préparé des repas sur les motus, à Moorea pareil…Ce qui a changé, c’est qu’on est passé un peu moins inaperçus d’île en île, c’était la fête quand on arrivait. »
 
« On a rencontré le maire de Taputapuatea sur le marae, il a fait un discours en disant que c’était extraordinaire de voir ces pirogues à voile arriver à une époque où il y a ce besoin primordial de reconnection à la culture, avec l’identité polynésienne. Quel symbole plus fort que celui du voyage avec la pirogue à voile. »
 
Quelles sont les premières impressions des concurrents ?
 
« Les habitués sont déjà enthousiastes pour bloquer leur dates pour l’année prochaine, les nouveaux ont été subjugués par la beauté des paysages. L’effort très difficile qui leur a été demandé a été rapidement oublié. Tout ce qui reste, c’est ce voyage. On a eu la chance d’avoir beaucoup d’accompagnateurs internationaux embarqués sur les catamarans pour suivre la course et qui ont passé, semble-t-il, un très bon moment. Suivre une course de pirogue à voile a été très intéressant car ces voiles sur l’océan c’est très visuel, c’est le retour qu’on a eu de leur part. C’est un bon moyen de faire la promotion du tourisme en Polynésie. Il y a ainsi les gens qui viennent faire les compétitions et d’autres qui viennent les voir. On était plus d’une cinquantaine en tout, entre compétiteurs et accompagnateurs. »

Holopuni Moorea sort grand vainqueur de la course
Holopuni Moorea sort grand vainqueur de la course
Quelques mots sur la technique de course ?
 
« Lors de la première étape, avec gros vent et gros swell, on a fait la différence par la manière de placer la pirogue dans le surf. Ensuite, sur les autres étapes, il fallait de la finesse dans le maniement de la voile pour profiter un peu plus que les autres de ces petites risées. Le choix des caps a compté beaucoup également. Il fallait prendre les bonnes décisions au bon moment. La qualité des équipages a fait aussi la différence. Il a fallu du physique dans les étapes où il y a eu peu de vent, des étapes qui étaient à « propulsion humaine ». Ceux qui étaient les plus affûtés ont tiré leur épingle du jeu. »
 
Il y a eu même de la navigation de nuit ?
 
« On a déclenché une balise lumineuse pour être vus, c’était important, surtout à Huahine où on arrivait sur la trajectoire de bateaux de fret. On restait aussi en contact avec les bateaux suiveurs, ce qui nous rassurait également. Le feeling que tu as en pleine nuit te connecte avec les éléments de manière extraordinaire car tu n’a plus le visuel qui te perturbe. Tu n’as plus que le feeling de ta pirogue et tu avances en te rapprochant des lueurs de l’île. C’est une super expérience, bien sûr une fois que la sécurité adéquate a été mise en place. »
 
La deuxième phase va pouvoir commencer avec l’Ironmana ?
 
« Oui, c’était l’échauffement, on prépare la finale du Waterman World Tour. Après une journée de préparation et de partage avec les athlètes on démarrera le programme, qui reste comme à chaque fois confidentiel pour que les athlètes « ne s’attendent à rien, soient prêts à tout » selon notre slogan, et qu’à n’importe quel moment ils puissent être prêts à une épreuve surprise. On a hâte. »
 
Un dernier mot ?
 
« Un grand merci à Air Tahiti Nui, Air Tahiti, le Tahiti Tourisme, Sofitel, Reef, l’IJSPF et bien sûr Tahiti Infos. Surtout un grand merci à Vodafone avec son système de Wifi mobile qui nous a permis en tant qu’aventuriers-exploreurs de pouvoir rester en contact avec les gens en offrant ce côté « live » dans notre aventure. Cette technique nous permet de mettre en valeur ce type d’événement où on est loin de tout mais où on a quand même besoin de communiquer. » Propos recueillis par SB

Le classement après les cinq étapes
Le classement après les cinq étapes

Le parcours effectué = 332km au total
Le parcours effectué = 332km au total

Rédigé par SB le Dimanche 27 Novembre 2016 à 13:18 | Lu 1443 fois