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Philippines: révocation de la licence d'un média critique envers M. Duterte


Manille, Philippines | AFP | lundi 15/01/2018 - Le gouvernement philippin a révoqué la licence de Rappler, un important site d'informations, une décision dénoncée par les opposants au président Rodrigo Duterte comme un nouveau coup porté à la liberté de la presse.

Lancé en 2012, Rappler figure parmi les médias philippins dont la couverture critique envers la guerre antidrogue de M. Duterte leur vaut des soucis.
La Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur boursier, a déclaré avoir révoqué les certificats d'enregistrement de Rappler et de Rappler Holdings Corp au motif qu'ils violaient une clause de la Constitution réservant la propriété des médias aux Philippins. 
Les deux entités "n'existent que grâce à un système trompeur visant à contourner la Constitution", a dit la SEC dans sa décision datée du 11 janvier, publiée lundi sur son site.
Le directeur général de Rappler Chay Hofilena a annoncé à l'AFP que le site allait faire appel de la décision qui entrera en vigueur dans 15 jours. 
"C'est du harcèlement pur et simple, le coup de grâce apparent dans la campagne malveillante et sans relâche d'attaques que nous subissons depuis 2016", a déclaré Rappler, accusant M. Duterte de faire partie des auteurs des attaques.
"Nous allons continuer à vous informer, à rendre les puissants comptables de leurs actions et de leurs décisions, à attirer l'attention sur les manquements du gouvernement qui affaiblissent encore davantage les plus défavorisés". 
L'affaire porte sur des certificats de dépôts philippins octroyés par Rappler Holdings pour des actions Rappler et vendus, selon les autorités, à des entreprises étrangères.
L'année dernière, M. Duterte avait promis de prouver que Rappler appartenait à des intérêts américains.
Plusieurs médias ont subi des revers après avoir critiqué la guerre contre la drogue du président philippin dans laquelle près de 4.000 personnes ont été tuées.
En mars, le bouillant chef de l'Etat avait insulté et mis en garde le Daily Inquirer et la première chaîne de télévision ABS-CBN, accusant leurs journalistes - "ces fils de pute" - d'être "sans vergogne".
Quelques mois plus tard, les propriétaires du Inquirer annonçaient être en pourparlers pour vendre la publication avant qu'un homme d'affaires ayant soutenu la campagne présidentielle de M. Duterte ne se dise intéressé.
M. Duterte a également menacé en 2017 de bloquer le renouvellement de la licence d'ABS-CBN.
L'Union nationale des journalistes des Philippines a dénoncé la décision de la SEC, "une des nombreuses menaces contre les médias critiques envers M. Duterte et son gouvernement".

le Mercredi 17 Janvier 2018 à 05:13 | Lu 1026 fois