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Peter O’Neill se fait réélire par un Parlement présumé dissout


Peter O’Neill se fait réélire par un Parlement présumé dissout
PORT-MORESBY, mercredi 30 mai 2012 (Flash d’Océanie) – Peter O’Neill, qui avait remplacé le 2 août 2011 Sir Michael Somare, considéré comme le père de l’indépendance de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, s’est fait élire une seconde fois mercredi par un Parlement réuni en urgence et malgré que cette assemblée ait été dissoute il y a quelques jours en prévision de la tenue des législatives, à partir du 23 juin 2012.
Mercredi, M. O’Neill avait convoqué l’assemblée avec pour ordre du jour de cette séance extraordinaire l’élection du Premier ministre.
La veille, lors d’une autre de ces séances post-dissolution d’un Parlement réputé fantôme, l’un des membres de sa majorité, le Vice-président de l’assemblée, Francis Marus, avait créé la surprise en reconnaissant finalement une décision prise par la Cour Suprême, le 21 mai 2012, et qui considérait l’élection de M. O’Neill, le 2 août 2011, comme anticonstitutionnelle.
Dans la foulée, il déclarait le poste de Premier ministre vacant, mais prenait soin de déclarer le siège de M. Somare vacant (dans sa circonscription du Sépik) pour cause d’absence à trois reprises des séances depuis le début de l’année.
La Cour Suprême avait rendu un premier jugement en décembre 2011, favorable à M. Somare, marquant ainsi le point de départ d’une crise politique et constitutionnelle dans ce pays de sept millions d’habitants.
Les juges avaient en substance estimé que malgré le fait qu’il ait été absent entre mars et septembre 2011, pour raisons médicales (une opération à cœur ouvert), le vieux dirigeant Sir Michael Somare, 76 ans, n’avait pas valablement été empêché.
Les juges faisaient référence à une procédure stipulée par la Constitution précisant ma marche à suivre et le recours à des experts médicaux avant que de constater la vacance du pouvoir.
M. O’Neill avait ouvertement ignoré les deux décisions de justice estimant qu’il tenait sa légitimité du Parlement, qui l’avait élu.
Il bénéficie aussi du soutien affiché de la police, de l’armée et de la fonction publique.

Imbroglio politico-juridique

Depuis décembre 2011, l’appareil judiciaire papou a été la cible d’attaques soutenues de la part de l’exécutif, et en particulier le Président de la Cour Suprême, Salamo Injia.
Ce dernier a été traqué dans ses bureaux la semaine dernière, par un groupe d’une dizaine de policiers menés par le Vice-premier ministre Belden Namah.
M. Injia a finalement été arrêté, puisa brièvement comparu pour s’entendre notifier de chefs d’accusation de sédition.
Un autre juge, qui avait participé à ce verdict constitutionnel, a lui aussi, peu après été arrêté et a subi le même sort.
Le procès des deux magistrats a été ajourné à juillet 20120.
Mercredi 30. mai 2012, lors de cette séance parlementaire, M. O ‘Neill a recueilli les voix des 56 élus (sur 109) présents lors de la séance.
Dans ce tumulte politique, des voix se sont élevées, contestant la validité d’un parlement dissout et donc inexistant, afin de laisser la voie livre à des élections qui doivent toujours avoir lieu à partir du 23 juin 2012, sur fonds de violences préélectorales dans plusieurs régions du pays.
Au cours des deux dernières semaines, deux personnes (dont un ancien homme politique, Wamna Gun, 44 ans, dans la province de Chimbu) ont trouvé la mort à la suite d’affrontements entre partisans rivaux.
Des États d’urgence localisés ont été déclarés et la police et l’armée ont été appelées en renfort.
Le Gouverneur Général (représentant local de la Reine d’Angleterre dans ce pays du Commonwealth, Sir Michael Ogio, refuse depuis la semaine dernière d’apposer son seing à tout acte, de quelque camp qu’il émane, et ceci jusqu’à la conclusion des élections et la réunion d’un nouveau Parlement issu des urnes.
M. Ogio a d’ailleurs quitté la Papouasie-Nouvelle-Guinée en début de semaine afin de se rendre aux cérémonies du jubilé de la Reine Elisabeth II, à Londres.
Les troubles en Papouasie-Nouvelle-Guinée suscitent depuis plusieurs semaines de vives inquiétudes au sein de la communauté internationale, exprimées notamment par l’Australie, le Commonwealth ou encore les Nations-Unies et les États-Unis qui, mardi, exhortaient encore toutes les parties en présences à respecter les institutions constitutionnelles, démocratiques et judiciaires.
Un énorme projet de production de gaz naturel liquéfié, piloté par le géant américain ExxonMobil, pour un montant d’une quinzaine de milliards de dollars US, est en cours de construction en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pays par ailleurs riche en minerais (r, argent, nickel, cuivre) et en pétrole.

pad

Rédigé par PAD le Mercredi 30 Mai 2012 à 05:54 | Lu 484 fois