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Peine de mort : la Papouasie-Nouvelle-Guinée veut revoir sa copie


PORT-MORESBY, lundi 11 mai 2015 (Flash d’Océanie) – Le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Peter O’Neill, a annoncé ce week-end que toutes les lois relatives à la récente remise en vigueur de la peine de mort, ainsi que ses modes d’exécution, seraient soumises à une « révision » afin de ce remettre ce très polémique sujet à l’ordre du jour des débats de l’assemblée nationale.

Interrogé au cours d’une conférence de presse, au sujet de la récente exécution de condamnés étrangers en Indonésie, pays voisin de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le chef de l’exécutif papou n’a pas caché ses interrogations concernant la pertinence de cette mesure dans son propre pays.
« J’ai dit publiquement que la peine de mort était actuellement en mode revue et j’ai transmis le messages à nos services gouvernementaux concernés pour qu’ils passent en revue tous les aspects de ce dossier. Nous débattrons de ce sujet au Parlement, lors de la reprise des débats », a-t-il indiqué.
Ces déclarations interviennent alors que le Président indonésien, Joko Widodo, est attendu lundi 11 mai 2015 à Port-Moresby pour une visite de deux jours, dans la foulée d’un autre déplacement dans la province indonésienne voisine de Papouasie occidentale, qu’il a effectué ce week-end.
Une douzaine de condamnés papous se trouvent toujours sur la liste de potentiels exécutables.
Mais même si la loi relative à la remise en vigueur de la peine de mort a été votée en 2013, le choix de son mode d’exécution a depuis ralenti le processus.

Début mars 2014, une commission parlementaire, chargée d’examiner le meilleur moyen de faire appliquer la peine de mort, avait tranché en recommandant l’injection létale, parmi un éventail de modus operandi.
Plusieurs options étaient disponibles : l’électrocution, l’injection létale, l’asphyxie, le peloton d’exécution ou la pendaison.

Depuis 2013, une vague d’exécutions sommaires de personnes jetées à la vindicte publique (et pour certaines brûlées vives) pour pratique de « sorcellerie » a suscité de vives réactions au plan local.
En réaction, le gouvernement a fait passer au Parlement une nouvelle loi réintroduisant la peine de mort pour les crimes considérés comme les plus odieux.

Depuis, l’ONU et ses agences dédiées à la protection des droits humains n’ont de cesse, en conjonction avec d’autres acteurs de développement, comme l’Union Européenne, d’exhorter les autorités papoues de ne pas relancer le processus des exécutions, pourtant prévu courant 2014 et qui concerne, selon les derniers comptes-rendus, 13 personnes.
Fin janvier 2014, le ministre de la justice, Kerenga Kua, a tenté de clouer le bec aux critiques concernant la décision papoue, qu’il considère comme un vrai effort en vue de « lutter contre un grave problème d’ordre public ».
« Jusqu’ici, personne n’a trouvé de solution efficace. Alors je dis à ces critiques que pour lutter contre un problème reconnu internationalement, et au lieu de critiquer, qu’ils me donnent une autre solution applicable, et là, on peut peut-être écouter ceux qui veulent que nous renoncions à cette voie », a-t-il déclaré à la presse locale.
Dans ces conditions, l’argument du bloc occidental s’appuie sur une phrase-choc : la mort est irréversible.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, où les exécutions sommaires de personnes accusées de sorcellerie se sont multipliées ces derniers mois, l’organisation non gouvernementale Amnesty International a dénoncé début février 2014 ce qu’elle considère comme l’inaction des autorités locales afin de traduire en justice les responsables de la mort d’une jeune mère de vingt ans, en février 2013, dans la ville de Mount Hagen.
La jeune avait été torturée, puis brûlée vive, en public, sur une décharge publique.
Un an après cette exécution que la police, présente, n’avait pu empêcher, Amnesty International, en milieu de semaine, a une nouvelle fois dénoncé les carences de l’État de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Cette exécution, qui avait suscité une indignation aux plans régional et mondial (notamment de la part des Nations-Unies), n’a été que l’exemple le plus emblématique de ce que l’ONG qualifie de « schéma récurrent » à l’échelle d’un pays tout entier.
Première victimes de ce genre d’exécutions sommaires : les femmes, souvent accusées de la mort d’individus en réalité décédés de cause mal connues dans ces régions reculées, come par exemple du fait du VIH-SIDA.
Dans d’autres cas, ces exécutions sont réellement motivées par des conflits communautaires récurrents, parfois liés à des questions foncières ou de rivalité entre villages.
Simultanément, le Parlement papou abrogeait une ancienne loi datant de 1971 relative aux pratiques de sorcellerie et qui, selon les législateurs, n’avait pour effet actuel que de fournir une excuse aux personnes appelant au meurtre pour de tels motifs.

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Rédigé par PAD le Lundi 11 Mai 2015 à 05:17 | Lu 884 fois