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Patrick Guichard revient après quatre années d’absence


PAPEETE, le 9 mars 2018 - Il est resté fidèle à ses pinceaux, mais a préféré œuvrer dans l’ombre depuis sa dernière exposition avec Hiro ou Wen en 2014 à la Maison de la culture. À partir de mardi, ses toiles seront exposées salle Muriavai. Elles sont une quarantaine réunies sous le titre "Rétro".

Patrick Guichard revient. Il s’est absenté quelques années. Il n'a participé à aucune exposition depuis quatre ans. Mais, celui qui refuse le qualificatif d’artiste, n’a pourtant jamais cessé de vivre en relation étroite avec les toiles. Il dit : "Je suis un peintre du dimanche, mais c’est tous les jours dimanche". Autrement dit, même s’il ne s’affiche pas au devant de la scène, il continue d’œuvrer.

Au passage, il indique tout de même : "c’est prenant la peinture, c’est bien aussi de se libérer, de prendre de la distance". Pourquoi je peins ? "Je n’en sais rien à vrai dire d’ailleurs, parfois, j’aimerais bien m’en débarrasser."

Patrick Guichard est autodidacte, même si le terme ne lui parait pas tout à fait juste. "À notre époque on ne plus vraiment dire que l’on est autodidacte, il y a eu tellement de fait déjà, disons qu’on est des éponges." D’après lui, le plus difficile est le cheminement personnel, "trouver son propre style", "faire sa propre soupe avec ce dont tu disposes".

Il n’a jamais suivi d’études d’art "sanctionnées par un diplôme". Il peint depuis son plus jeune âge. "J’ai commencé j’avais moins de 10 ans", assure-t-il. "Mon père qui n’était pourtant intéressé par l’art m’a encouragé en m’achetant une boîte en acajou avec des huiles." Patrick Guichard marque une pause. "D’ailleurs, je l’ai toujours. Ce ne sont plus les mêmes huiles mais la boîte est ici", confie-t-il, amusé par l’idée.

Un temps il a pensé à faire les Beaux-arts. "Un beau-frère y était. Mais j’étais trop feignant pour faire un dossier d’inscription. Je suis un mélancolique avec tous les travers de cette nature, et notamment, remettre au lendemain ce que l’on peut faire le jour même." La peinture est restée comme une partenaire de route.

Patrick Guichard aime "bidouiller". Il teste, s’est essayé au dessin, à la bande-dessinée, a goûté à la dorure, au collage, s’est servi de laques japonaises, de bois, de tôle. Il a tout repris dans le désordre. Il change de matière, de support, de médium. "J’aime la surprise, ou plutôt j’aime me laisser surprendre. Il y a une grosse part de hasard quand je peins. Je ne trace pas de traits au crayon avant d’utiliser les pinceaux, je pars de matière liquide et j’avance au fur et à mesure."

Pour son exposition Retro, il annonce une quarantaine de toiles, "plutôt petites". Il avoue "ne pas les avoir toutes terminées". Mais un peintre est-il capable de considérer un jour ses toiles terminées ? "Je fais des retouches, j’efface certaines parties, parfois je mets le feu pour les faire disparaitre."

Rétro : Patrick Guichard livre un carnet de Voyage

Le pinceau est précis, les couleurs toutes en nuances. Nuit après nuit, les tableaux ont gagné en épaisseur. "C’est vrai que j’ai ris l’habitude de peindre la nuit." Le carnet de voyage de Patrick Guichard est le fruit de ses errances nocturnes... Les images capturées sont vivantes et complexes, floues et puissantes, "comme des tests de Rorschach qui révèlent le spectateur à lui-même". Elles sont parfois intimes, comme un souvenir photographique qui a toujours le goût de l'enfance. Parfois, "elles sont obscures comme l'instant juste avant le réveil, ce moment où l'on glisse entre les épais rideaux du rêve pour revenir à la réalité..."



Pratique

L’exposition se tiendra du 13 au 17 mars 2018 à la salle Muriavai de la Maison de la culture. Le vernissage aura lieu le 13 mars.
Ouverture : de 9 heures à 17 heures, le samedi de 9 heures à midi.

Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 9 Mars 2018 à 16:24 | Lu 1692 fois