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Papouasie: de nouveaux affrontements intertribaux font 8 morts


Papouasie: de nouveaux affrontements intertribaux font 8 morts
PORT-MORESBY, lundi 14 janvier 2013 (Flash d’Océanie) – De nouveaux affrontements intertribaux dans la province de Chimbu (Papouasie-Nouvelle-Guinée) ont fait huit nouvelles victimes pendant les fêtes, rapporte lundi le quotidien The National.
Ces combats se sont déroulés entre deux villages de la zone de Chave (district de Chimbu), où plusieurs personnes ont été retrouvées tuées par balles.
D’autres, évacuées d’urgence vers le centre hospitalier le plus proche, sont décédées des suites de leurs blessures.
La police locale, par la voix de son chef, le Commandant Augustine Wampe, s’est une nouvelle fois déclarée particulièrement inquiète de ce niveau de violence dans cette région, où des renforts policiers ont été envoyés la semaine dernière, pour tenter de s(‘interposer entre les deux communautés des villages rivaux de Lende et Laia.
Dans le cas de ce conflit, a rappelé l’officier de police, les combats n’ont jamais véritablement cessé depuis 2007.
Après une relative accalmie, les élections de juin-juillet 2012 semblent avoir ravivé les rancœurs, sur fond de rivalités politiques.
« Ces affrontements sont clairement liés aux élections et ils ont des connotations politiques. Et ceux qui étaient candidats rivaux l’an dernier n’ont depuis rien fait pour mettre un terme à ces combats », n’a pas hésité à affirmer M. Wampe.
Le bilan humain des derniers affrontements (huit morts autour du Jour de l’An) sont répartis également entre chaque camp.
Les policiers déployés sur place depuis la fin de la semaine dernière auront aussi la lourde tâche d’enquêter sur les causes de ce conflit.
« Et comme chacun des camps rejette sur l’autre la faute quant à savoir qui a commencé, j’ai constitué deux groupes de policiers, qui enquêteront dans chaque camp pour entendre le point de vue de tous. Ils resteront deux semaines sur le terrain », a expliqué le Commandant Wampe.
Ce dernier s’est aussi une nouvelle fois inquiété de la présence apparente d’armes de guerre lourde utilisées par les belligérants lors de ces conflits tribaux.

Mi-décembre 2012, après un nouvel épisode des affrontements entre communautés rivales de la vallée de Kompri (Hauts-Plateaux de l’Est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée) qui avait fait quinze morts, dont un nourrisson, le Gouverneur de cette province de, depuis Goroka, chef-lieu de cette province, n’a pas hésité à déclarer depuis cette région « zone de guerre ».
Cette déclaration avait permis de donner des pouvoirs spéciaux à la police afin d’intervenir sur d’éventuels suspects.
Ce lourd bilan mortel était intervenu à la suite d’une attaque préméditée sur le village de Kiregena et serait le fait des membres de la communauté voisine de Barola.
Selon la police, qui privilégie la piste de représailles tardives, lors d’un précédent affrontement, en 2009, les Barola auraient été chassés de Kiregena.
Le bébé aurait été tué lors de cette attaque à coup de sabre d’abattis, alors qu’il était au sein de sa mère, également tuée.
Plusieurs personnes, gravement blessées par balles, ont été hospitalisées depuis à Goroka.
Les deux tribus vivent non loin du passage d’une autoroute stratégique reliant cette région (site d’exploitation pétrolière et minière) aux grands centres urbains du Sud du pays.
La police a depuis envoyé des renforts pour assurer la sécurité des usagers de cet axe routier, mais aussi pour empêcher toute nouvelle éruption de violence entre membres de ces deux communautés.

Entre-temps, un nouveau chef de la police a été nommé pour la seconde ville de ce pays mélanésien (peuplé de plus de sept millions d’habitants), Lae, en la personne du Superintendant Ivan Lakatani.
Au cours d’une cérémonie officielle de passation de pouvoirs, il a ainsi succédé au Superintendant Nema Mondiai, qui avait exercé ces fonctions au cours des cinq dernières années.


Trafic d’armes

Papouasie: de nouveaux affrontements intertribaux font 8 morts
Ces derniers mois, de nombreuses activités de trafic d’armes ont été mises à jour et interceptées par des opérations de police.
L’un de ces coups de filet a ainsi permis de démanteler, début décembre 2012, un réseau d’échange d’armes contre des stupéfiants, entre les provinces de Tari et Daru (tout près du Nord de l’Australie), avec comme principaux moyens de transport des petits avions.
L’un des deux principaux suspects dans cette affaire a été interpellé en possession de d’une trentaine de kilogrammes de feuilles de cannabis, dissimulés parmi d’autres sacs de riz et de tabac.
Il a ensuite réussi à prendre la fuite, en laissant derrière lui sa cargaison.
Fin septembre 2012, un ressortissant australien établi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a comparu devant un tribunal de Melbourne dans le cadre d’une affaire de trafic d’armes dans la région Pacifique.
Cet homme d’affaires, Ian Chow, 49 ans, avait été interpellé le mois précédent à Sydney par la police fédérale australienne.
Toujours en septembre 2012, le directeur de la cellule papoue de lutte contre l’immigration clandestine, John Bria, était arrêté à la suite d’une enquête de police concernant un autre trafic d’armes : le suspect était alors accusé d’avoir usurpé l’identité de policiers pour « confisquer » des armes à feu à leurs propriétaires, pour la plupart en possession de tous les permis nécessaires.
Fait troublant : après leur confiscation, ces armes semblaient s’être évaporées dans la nature, sans plus laisser de trace au registre national des armes à feu, tenu par la police.
Face à la recrudescence des violences et affrontements, que ce soit par des criminels ou de simples membres de communautés rivales, certains agents de police, ces dernières semaines, sont allés jusqu’à demander au gouvernement national d’interdire jusqu’aux sabres d’abattis, qui peuvent aussi se révéler de redoutables machines de mort lors de ces affrontements.


Le retour de la peine de mort ?

Début janvier 2013, l’Attorney General, Garde des Sceaux et chef des services juridiques du gouvernement papou, Kerenga Kua, a par ailleurs remis à l’ordre du jour le débat sur le recours à la peine de mort dans l’arsenal judiciaire du pays.
M. Kua a notamment déclaré son intention de remettre au goût du jour cette pratique, qui figure toujours dans le code pénal du pays, mais n’avait pas été appliquée depuis des décennies.
Selon M. Kua, sur les dix peines capitales déjà prononcées, mais non exécutées, au moins une pourrait avoir lieu courant 2013.
« Tant que la peine de mort demeurera dans le Code Pénal papou, et tant que les tribunaux appliqueront cette peine en (…), alors le système judiciaire de notre pays est dans l’obligation de l’appliquer. Dans ce domaine, nous n’avons pas le choix (…) On ne peut pas choisir d’obéir à un ordre et pas à un autre », a-t-il déclaré au quotidien Post Courier.

En matière d’exécution et de méthode, concernant les dix condamnés connus à ce jour, l’une des raisons du retard de leur exécution a, entre autres, une décision prise en conseil des ministres, en 2005, de suspendre toute exécution par pendaison (la pendaison étant la méthode prescrite dans les textes).
Motif : cette méthode avait été jugée cruelle et inhumaine.
Depuis, d’autres méthodes ont été suggérées, comme l’injection létale ou le gaz, rapportait la presse locale fin 2012.
Dans le domaine des peines passibles de la mort, les textes distinguent jusqu’ici la haute trahison et le meurtre.
Le gouvernement actuel envisage de la rendre applicable aux criminels reconnus de viol, de vols à main armée ou encore de trafic de stupéfiants.

Manuels du petit bourreau

Selon une première étude réalisée courant 2012 et présentée par l’Attorney General lors des débats parlementaires sur ce sujet, en novembre 2012, il a été estimé que la mise en place d’une nouvelle méthode d’exécution de type injection létale engendrerait des coûts pouvant atteindre le million de dollars US.
« Ce que nous allons faire maintenant, c’est de réactiver cette étude. J’ai demandé à notre gouvernement de se mettre en contact avec des pays qui pratiquent la peine de mort, en particulier les États-Unis. Nous les contacterons via leur ambassade ici, pour qu’ils nous fournissent des détails et même des manuels concernant la façon dont ils le font. Ensuite j’en rendrai compte au conseil des ministres qui aura alors la possibilité d’entériner cette procédure et ensuite, nous enchaînerons avec l’étape suivante », a expliqué M. Kua devant les députés.
L’Attorney General a même assuré que de nombreux volontaires s’étaient d’ores et déjà manifestés pour « participer à ce processus » en devenir, de fait, des bourreaux.

pad

Rédigé par PAD le Lundi 14 Janvier 2013 à 05:36 | Lu 611 fois