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Papouasie-Nouvelle Guinée: Brûlée vive en public pour sorcellerie


Nous avons légèrement occulté une partie de la  a photo de l’exécution publique telle que publiée jeudi par le quotidien Post-Courier.
Nous avons légèrement occulté une partie de la a photo de l’exécution publique telle que publiée jeudi par le quotidien Post-Courier.
PORT-MORESBY, jeudi 7 février 2013 (Flash d’Océanie) – Les croyances en la sorcellerie ont fait une nouvelle victime mercredi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où, dans la ville de Mount Hagen (province des Hauts-Plateaux de l’Ouest), une jeune femme a été torturée avant que d’être brûlée en public.
La jeune femme, âgée d’une vingtaine d’années, avait été accusée de sorcellerie après le décès d’un jeune homme, à l’hôpital, en début de semaine, rapportent jeudi les deux quotidiens du pays, le Post-Courier et The National, qui ont aussi décidé de publier des photographies montrant un groupe de personnes regardant brûler plusieurs pneus, sous lesquels se trouve la jeune femme, le tout dans une décharge publique.
Selon les comptes-rendus locaux, un groupe d’hommes présumés appartenir à la famille de du jeune homme décédé, se serait rendu au domicile de la victime, aux environs de cinq heures du matin mercredi (GMT+9), l’ont torturée à l’aide de tisons chauffés à blanc, puis l’ont emmené sur cette décharge, l’ont déshabillée, ligotée pieds et poings et aspergée d’essence, avant de l’immoler.
La police, ainsi que les pompiers, auraient tenté timidement d’intervenir, sur les lieux du bûcher, mais ont a ensuite déclaré avoir été violemment repoussés par le groupe.
Ils n’ont pu intervenir que pour récupérer le corps, ensuite transféré à l’hôpital en urgence à bord d’une ambulance et finalement constater le décès.
A posteriori, le chef de la police de cette province, le Superintendant Kaiglo Ambane, a condamné cet acte tout en promettant des arrestations et des poursuites à l’encontre des perpétrateurs.
La jeune femme a été identifiée par The National comme étant une jeune femme âgée de vingt ans, mère d’une fillette de huit mois, mariée, nommée Kepari Leniata et originaire du village de Paiala (district de Porgera, province d’Enga).
Deux autres jeunes femmes, elles aussi accusées de sorcellerie par le même groupe, qui leur réservait un sort semblable, auraient réussi à échapper à leurs agresseurs.
L’une d’entre elles a été sauvée in extremis par la police et l’autre s’est enfuie et est toujours portée disparue.
Selon la famille de jeune garçon de six ans hospitalisé mardi 5 février 2013 et décédé le jour même, elles avaient reconnu avoir pratiqué des actes de sorcellerie.




Papouasie-Nouvelle Guinée: Brûlée vive en public pour sorcellerie
En juillet 2012, dans la province de Madang, un groupe d’une trentaine de personnes adeptes a été arrêté pour cannibalisme dans une affaire de meurtre de sept personnes, rebouteux traditionnels, dont ils étaient convaincus qu’ils pratiquaient la sorcellerie.
La police locale a alors affirmé que dans le cadre de son enquête, elle avait acquis la conviction que les membres de ce groupe avaient d’abord exécuté ces sorciers à l’aide de couteaux sacrificiels, puis mangé la cervelle de leurs victimes et confectionné une soupe à base de leurs organes, un mélange de foies, de cœurs, et de ….pénis.
« Ils sont persuadés qu’ils n’ont rien fait de mal, en fait ils ont avoué très rapidement », a ensuite raconté Anthony Wagambie, chef de la police de Madang.
Ce groupe de personnes, depuis traduit en justice, avait tenté de justifier ses actes par le fait qu’ils considéraient que les « sorciers » avaient profité de leurs dons pour escroquer des villageois de la communauté ou obtenir des faveurs sexuelles.
D’ordinaire, pour une « consultation », ces chamanes exigent des sommes pouvant aller jusqu’à 400 euros, ou, en nature, un cochon.

La liste d’exécutions sommaires, en mode punitif, de personnes accusées de sorcellerie, n’a cessé de s’allonger en Papouasie-Nouvelle-Guinée au cours des dernières années.
Mi-mars 2012, les corps mutilés de deux hommes, ceux de Motunga Steven, la soixantaine, et de Boling Itai, la cinquantaine, ont été retrouvés non loin du village de Gobadik (province de Morobé).
Les deux individus avaient au cours des jours précédents été publiquement accusées d’avoir pratiqué la sorcellerie, a précisé la police après une enquête préliminaire.
Les premiers éléments recueillis révèlent aussi l’organisation d’une véritable expédition exécutoire de la part d’un groupe d’hommes du village, qui sont allés réveiller l’une des deux victimes à son domicile aux alentours de trois heures du matin.
Deux des hommes se sont d’abord fait passer pour des agents de police menant une perquisition à la recherche de plants de cannabis.
Après avoir ainsi convaincu l’homme de sortir de chez lui, ce dernier a alors été assailli par le groupe d’hommes, armés de haches, de sabres d’abattis et même de tournevis.
Le corps de la victime aurait ensuite été traîné sur une bonne centaine de mètres avant que d’être laissé sur place.
Quelques heures plus tard, un villageois avait fini par avouer à la police qu’un autre homme avait été exécuté le même jour et que son corps gisait aussi sur une route.
Mi-janvier 2012, dans un village de la province du Sépik occidental, six personnes, dont un collégien, auraient aussi été exécutées après avoir été publiquement accusées de pratiquer la sorcellerie, rapportait à l’époque le quotidien Post Courier, qui faisait aussi état de la présence au moment du crime d’agents de police.
Depuis la multiplication de ces affaires de meurtres en sorcellerie, les appels se multiplient en Papouasie-Nouvelle-Guinée afin de faire abroger une loi considérée comme un facteur encourageant ce genre d’attitudes : le texte condamne les actes de sorcellerie, pratiques auxquelles une grande majorité de la population croit encore.


Une grande majorité de victimes sont des femmes

Les dernières statistiques disponibles concernant cette seule cause de décès font état, chaque année, de pas moins de deux cent victimes, principalement dans les régions isolées et reculées de Hauts-Plateaux.
À l’occasion de la dernière édition de la journée internationale des femmes, le 8 mars 2012, l’organisation humanitaire Amnesty International avait une nouvelle fois exhorté le gouvernement papou à s’attaquer sérieusement à ce phénomène, en s’appuyant au besoin sur les ONG locales.
Outre l’ignorance et les croyances en milieu tribal, une autre cause a ces dernières années été identifiée comme contribuant de plus en plus à ces assassinats : l’existence d’une vieille loi relative à la sorcellerie, toujours présente dans le code pénal, et qui semble faire croire à de nombreux dirigeants locaux, villageois ou coutumiers, qu’ils sont fondés à se faire justice eux-mêmes.

Début décembre 2011, le tribunal de Kundiawa (district de Simbu, province des Hauts-Plateaux) avait condamné à quinze ans de travaux forcés deux hommes reconnus coupables du meurtre d’une vieille femme, qu’ils pensaient être une sorcière responsable du décès d’un responsable provincial.
Le juge Lawrence Kangwia, en rendant son verdict vendredi 2 décembre 2011, avait justifié la lourdeur de la sentence par le fait que ce genre de crimes, motivé par d’anciennes croyances, « n’a aucune place dans une société moderne ».
Dans le cadre de la même affaire d’homicide, un troisième homme a été placé en détention préventive, en attendant sa comparution.
Les cas de meurtres et d’exécutions ouvertement motivés par des accusations de sorcellerie envers les victimes, le plus souvent en milieu rural, se sont multipliés ces dernières années en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Dans certains cas, les victimes sont accusées d’être responsable de la mort inexpliquée de membres de la communauté qui, en fait sont décédé des suites de maladies comme le VIH-SIDA, qui fait des ravages dans cet État mélanésiens peuplé de quelque sept millions d’habitants.

pad

Rédigé par PAD le Jeudi 7 Février 2013 à 05:24 | Lu 2211 fois