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Paka : le beau plant était un mauvais plan


​Karl Anihia, le président de l’association Tahiti Herb Culture, au palais de justice de Papeete lundi.
​Karl Anihia, le président de l’association Tahiti Herb Culture, au palais de justice de Papeete lundi.
Tahiti, le 9 mars 2020 - Le président de l’association Tahiti Herb Culture, Karl Anihia, a été présenté en comparution immédiate lundi pour répondre de « détention » et « transport » de stupéfiants. L’homme, auquel il reproché d’avoir planté un pied de paka le 5 mars dernier devant l’assemblée de Polynésie française, a demandé un renvoi pour préparer sa défense. Il sera donc jugé le 30 mars prochain. 
 
Karl Anihia, le président de l’association Tahiti Herb Culture, a comparu lundi devant le tribunal correctionnel de Papeete pour répondre de « transport » et détention » non autorisés de paka. 
 
Lors d’une manifestation organisée le 5 mars dernier, Karl Anihia avait planté un pied de paka de deux mètres devant l’assemblée de Polynésie française afin de revendiquer la légalisation du cannabis à usage thérapeutique. Dès le lendemain, il avait été convoqué à la DSP de Papeete puis placé en garde à vue. Il avait ensuite été déféré devant le procureur de la République puis présenté devant le juge des libertés et de la détention qui l’avait placé sous contrôle judiciaire. 
 
Présenté en comparution immédiate lundi, Karl Anihia est arrivé au tribunal en compagnie d’une trentaine de militants de l’association qu’il préside depuis 2013. Il a demandé un renvoi pour préparer sa défense. 
 

Procédure "minimaliste"

Avant de se retirer pour délibérer sur cette demande de renvoi, le président du tribunal a souligné le caractère « minimaliste » de la procédure en expliquant que cette dernière comportait « très peu d’éléments ». A la barre, Karl Anihia, qui a déjà été condamné pour des faits similaires en avril 2018 à trois mois de prison avec sursis, a quant à lui rappelé qu’il militait « depuis des années » avec l’association et qu’il n’avait jamais eu de « problèmes avec les forces de l’ordre ». Le président de Tahiti Herb Culture a conclu son propos en indiquant qu’il était « respectueux de l’autorité »
 
Demandant à ce que le contrôle judiciaire du mis en cause soit alourdi d’une interdiction de quitter le territoire, le procureur de la République a tenu à rappeler que Karl Anihia avait tout à fait conscience du « caractère répréhensible » de son acte.
 
Pour l’avocat du prévenu, Me Edouard Varrod, la justice a fait usage d’un « arsenal répressif exagéré » à l’encontre de son client qui n’a fait que militer pour l’usage thérapeutique du cannabis. Le conseil de Karl Anihia a également affirmé lors de l’audience qu’il s’agissait d’un « mouvement politique et public » qui n’a aucun lien avec le trafic de stupéfiants.
 
Après en avoir délibéré, le tribunal a renvoyé l’affaire au 30 mars en ordonnant la prolongation du contrôle judiciaire. Jusqu’à sa prochaine comparution, Karl Anihia a l’interdiction de prendre part à l’association Tahiti Herb Culture.  
 
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 9 Mars 2020 à 19:43 | Lu 4802 fois