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Oscar Temaru : "C'est de l'acharnement"


Tahiti, le 22 mai 2020 – Le maire de Faa'a, Oscar Temaru, a tenu une conférence de presse vendredi pour se défendre avant sa convocation à la section de recherche de la gendarmerie, mardi matin, dans le cadre de l'enquête sur le vote de la "protection fonctionnelle" par la mairie pour prendre en charge ses frais de justice dans l'affaire Radio Tefana.
 
Après les révélations de Tahiti Infos sur la convocation d'Oscar Temaru, de son premier adjoint et de ses avocats à la section de recherches de la gendarmerie à Papeete mardi prochain, le maire de Faa'a a tenu sa conférence de presse vendredi matin pour se défendre sur le vote de sa "protection fonctionnelle" par la mairie, pour prendre en charge ses frais de justice dans l'affaire Radio Tefana. "C'est du harcèlement. C'est de l'acharnement. On veut nous intimider", a débuté le leader indépendantiste depuis sa mairie, après un bref rappel historique à la fois du vote de sa protection fonctionnelle, de la procédure judiciaire en cours et du contexte de la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires non-autonomes de l'ONU qu'il estime directement liée à ses déboires judiciaires.
 
Sur le vote de la protection fonctionnelle, le premier adjoint au maire de Faa'a, Robert Maker, a expliqué que jamais son maire n'était intervenu dans une procédure qu'il a lui-même initié fin 2018/début 2019 et qui a été "votée par les élus de l'opposition et de la majorité". Pour les élus de Faa'a, si le haut-commissaire n'a pas déféré cette décision communale au titre de son contrôle de légalité, c'est qu'il l'a "validée et reconnue comme étant parfaitement légale". Argument certes régulièrement utilisé dans les affaires politico-judiciaires au fenua, mais qui a rarement fonctionné aux yeux de la justice. Robert Maker a également justifié le montant de la protection fonctionnelle de 12 millions de Fcfp, en soulignant l'importance du dossier et d'un procès "prévu sur une journée, mais qui s'est déroulé sur quatre jours".
 
"Deux poids, deux mesures"
 
"C'est de l'acharnement. On veut détruire le mouvement indépendantiste", a tancé le président du Tavini, Oscar Temaru, annonçant avoir saisi le conseil supérieur de la magistrature et le défenseur des droits, Jacques Toubon. S'insurgeant contre le nombre des enquêtes et procédures diligentées à son encontre ces deux dernières années (voir encadré), le leader indépendantiste a dénoncé la différence de traitement avec d'autres élus, comme Cyril Tetuanui, dont la peine d'inéligibilité n'a jamais été appliquée : "Il y a deux poids, deux mesures (…). Il y en a qui ont bénéficié de la perte et de l'oubli de leur décision".
 
Pour Oscar Temaru, ces nouvelles poursuites judiciaires seraient en lien direct avec la réinscription de la Polynésie sur la liste des pays à décoloniser de l'ONU et avec son annonce d'une plainte pour crime contre l'humanité il y a deux ans. "En 2018, la plainte qui a été déposée au tribunal international de La Haye a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase je crois. Dois-je rappeler la déclaration de Mme Girardin tout de suite après, disant que 'la France se défendra, la France ne se laissera pas faire'. C'était déjà un avertissement."

L'autre enquête sur les comptes de campagne

Outre l'appel du procès Radio Tefana et l'enquête en cours sur le vote de la protection fonctionnelle, une troisième enquête préliminaire portant sur les comptes de campagne du Tavini huiraatira, notamment lors des territoriales de 2013 et des présidentielle et législatives de 2017, est toujours en cours. Oscar Temaru est également revenu vendredi sur cette affaire, expliquant que plusieurs cadres du parti tels que l'ancien secrétaire général du parti, aujourd'hui décédé, Etienne Chimin, l'ancien sénateur indépendantiste, Richard Tuheiava, le député Moetai Brotherson ou encore l'élue de l'assemblée Valentina Cross avaient déjà été entendus par les gendarmes dans cette affaire. "Aujourd'hui, on attend", a conclu Oscar Temaru, estimant que ces trois affaires récentes et son inéligibilité prononcée par le Conseil d'Etat étaient toutes les conséquences de son annonce de 2018 d'une plainte pour crime contre l'humanité à l'ONU.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Dimanche 24 Mai 2020 à 21:58 | Lu 1797 fois