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Orientations budgétaires : l'opposition fait déjà de la résistance


Edouard Fritch a présenté les orientations budgétaires pour 2016 devant une assemblée partagée, jeudi.
Edouard Fritch a présenté les orientations budgétaires pour 2016 devant une assemblée partagée, jeudi.
PAPEETE, 29 octobre 2015 - Edouard Fritch a présenté les orientations budgétaires de son gouvernement pour 2016, jeudi à l'assemblée. L'opposition Tahoera'a-UPLD, encore majoritaire, a clairement posé les bases de ce que sera son attitude dans les prochaines semaines : critique, au Tahoera'a ; opportuniste chez les bleus.

Exercice difficile que celui d’Edouard Fritch à la présentation en résumé d’un document d’orientations budgétaire de 208 pages, jeudi matin devant la représentation polynésienne. Le DOB détaille les axes sectoriels de chaque ministère de son gouvernement pour l’exercice 2016 et l'après. Pendant 10 jours, les ministres du gouvernement viennent de se succéder à la barre, en commission des Finances, pour exposer aux élus de l’assemblée les éléments de la politique que devra mettre en forme le projet de budget primitif 2016. "Pour donner de la transparence à l’exercice 2016", a précisé Edouard Fritch dans son allocution : "rompre avec (…) la succession de longs discours imposés par le débat d’orientation budgétaire qui n’avait de débat que le nom ; redonner à ce préalable à l’examen du projet de budget primitif (…) tous les éléments de clarté permettant la tenue d’un débat d’orientation budgétaire ouvert, transparent et fructueux".

Le gouvernement souhaite visiblement mettre en avant son souci de transparence en la matière, histoire de couper l’herbe sous le pied du groupe Tahoera’a, qui lui reproche justement d’en manquer. A l’heure d’aborder le délicat exercice du débat budgétaire, le gouvernement Fritch ne peut compter potentiellement que sur le soutien indéfectible de 27 représentants. Or, le budget primitif 2016 ne sera adopté qu’avec le soutien d’au moins 29 représentants, seuil de la majorité absolue.

La représentation polynésienne devrait entrer dans le vif du sujet à compter de la mi-novembre tandis que le président de l’assemblée souhaiterait que les comptes budgétaires de l’exercice 2016 soient adoptés au plus tard le 15 décembre. Entre temps chacun jouera sa partition.

Le groupe souverainiste n’entend pas quitter la position idéale d’arbitre que lui offre la division des voix autonomistes à l’assemblée. A 11, le groupe UPLD tient les clés de la majorité absolue et savent en tirer profit. "Notre attitude sera à l’identique de celle que nous avons depuis quelques temps. Si les projets présentés retiennent l’assentiment de l’UPLD nous les soutiendrons ; mais dans le cas contraire, nous ne soutiendrons pas", confirme volontiers Antony Géros.

Pour le Tahoera’a, le manque de visibilité, l’absence de cap et de considération pour les plus défavorisés, font de ce projet politique un programme inopérant. Quand bien même repose-t-il sur un projet annuel de performance. Il remplace "la foi par le doute" dans l’économie polynésienne, pour Teura Iriti. Son défaut : ne pas mettre en œuvre le programme Tahiti Nui 2025, pour le groupe orange, alors que 38 des 57 représentants de l’assemblée ont été élus sur sa foi en mai 2013.

Pour le président délégué du parti, Marcel Tuihani, le cap n’est pas assez précis pour "créer assez de croissance pour placer notre économie sur la pente positive. Ces éléments manquent au document et j’espère que le budget qui nous sera présenté dans les trois semaines à venir apportera une réponse à ce manque".

Objectif 29 représentants

"Je l’applique ce programme Tahiti Nui 2025", se défend pourtant Edouard Fritch. "Qu’ils me disent où je fais défaut et en quoi je mérite les critiques qu’ils m’adressent aujourd’hui. (…) Je crois que l’avenir n’est pas derrière ; l’avenir c’est devant et il faut que nous nous rassemblions pour construire cet avenir ensemble".

La pause fiscale annoncée pour 2016 encore par Edouard Fritch, ni les bleus ni les orange n’y accordent le moindre crédit. Pour l’UPLD, elle n’est pas pertinente : "les partis s’étaient tous engagés en 2013 pour faire du mandat actuel celui de la réforme. Le pot commun des prélèvements obligatoires se réparti entre fiscalité et cotisations sociales. Or que voit-on ? Ca va faire deux ans que sont repoussés les travaux de la réforme fiscale alors que l’on discute en coulisses d’un projet de réforme de notre PSG", dit Antony Géros.

Marcel Tuihani, met directement en doute la sincérité de l’annonce, de même que Teura Iriti : "Le vice-président a indiqué devant une grande majorité d’élus que le démantèlement de l’impôt sur les transactions allait se faire ; que le ministre du Tourisme allait mettre à plat la fiscalité dans le secteur du tourisme… Que doit-on comprendre ? Qu’il y aura une réforme de la fiscalité en 2016 ou pas ?"

Au fond, on sent bien que le budget primitif 2016 sera forgé sur les mêmes bases polémiques que tous les textes présentés à l’assemblée depuis juin dernier : dans la difficulté. "Si nous avons besoin d’informations complémentaires, nous demanderons au gouvernement de venir nous apporter ces éclaircissements de manière à nous permettre de nous positionner en toute légitimité sur les textes présentés", confirme Marcel Tuihani.

Les débats s'annoncent houleux et les tractations actives, à moins que les pro-Fritch ne parviennent à réunir au moins 29 fidèles dans leurs rangs. Cela ne semble pas impossible. Charles Fong Loi, qui inaugurait son nouveau siège jeudi après avoir quitté la cause orange lundi, croit savoir que de nouveaux élus pourraient choisir de rejoindre le camp des transfuges du Tahoera’a. Le débat budgétaire entrera dans le dur à partir du 15 novembre, d’ici-là beaucoup d’options restent possibles.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 29 Octobre 2015 à 17:29 | Lu 1529 fois