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Opération anti-orpaillage en Papouasie : plus de 200 maisons rasées


Photo: Brendan Esposito
Photo: Brendan Esposito
PORT-MORESBY, mardi 10 juin 2014 (Flash d’Océanie) – Plus de deux cent maisons ont été détruites en fin de semaine dernière dans le cadre d’une vaste opération anti-orpaillage menée par la police contre un groupe d’orpailleurs de la région de la mine d’or et de cuivre de Porgera, rapporte la radio nationale.
Cette attaque a été menée autour de la mine de Porgera (exploitée par le groupe Barrick), en vue de « nettoyer » le camp d’orpailleurs illégaux.
Mais au passage, les villageois de la petite communauté de Wingima, riveraine, ont aussi été touchés et, en réponse, ils ont mené une contre-attaque.
Ils contestent aussi la légitimité d’une telle opération, estimant que de nombreuses personnes, considérées comme des orpailleurs, et en particulier les membres du clan Tiene, possèdent en fait des droits fonciers coutumiers sur le site de la mine.
Au cours des affrontements, un ressortissant australien aurait été blessé au cuir chevelu par un objet métallique.
L’attaque a eu lieu à l’aube, prenant les orpailleurs par surprise et forçant de nombreuses familles à se réfugier dans la brousse environnante.
Les activités d’orpaillage aux abords des nombreuses exploitations minières de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont connu, ces dernières années, un développement constant, provoquant souvent, au passage, des affrontements entre coutumiers riverains, sociétés et leurs services de sécurité.
Un élu local, Nixon Mangape, s’insurge depuis contre ces méthodes d’expulsion, rappelant que lors d’une précédente opération similaire, en 2006, un état d’urgence avait même dû être décrété pour rétablir l’ordre.
« Ça fait deux fois maintenant que le village de Wingima, qui est le lieu de vie de la tribu Tiene, est détruit (…) Au lieu d’employer ces méthodes, qui ne résolvent rien et ne font que mettre de l’huile sur le feu, Barrick ferait mieux de penser à des solutions à long terme, comme par exemple identifier les orpailleurs qui sont dans leur droit et les reloger ailleurs », a-t-il confié au quotidien Post Courier.
Depuis le milieu de la semaine dernière, la police papoue a aussi participé à cette opération anti-orpaillage, sous le nom de code « Mekim Save » (Faire Savoir), avec pour principal objectif de dissuader les orpailleurs de s’établir dans cette région, mais aussi d’en chasser ceux déjà présents.
Au cours de ces opérations, un autre objectif a été de confisquer le matériel d’orpaillage (plats) et les fruits de leur activité.
En guise de prélude à cette opération, une première phase de cette opération avait été consacrée à faire passer le passage, sous forme d’avertissement, aux communautés concernées.
Le Superintendant Norman Kambo, de la police de Porgera, a confirmé ce week-end que ses hommes avaient effectivement mené une opération vendredi et, dans un premier temps, brûlé une vingtaine de maisons et cabanes réputées appartenir à des orpailleurs clandestins.
Mais il a depuis démenti les allégations selon lesquelles le nombre de maisons détruites serait dix fois supérieur.
« Nous, je peux vous dire qu’on a le soutien des coutumiers et propriétaires fonciers, car eux, tout ce qu’ils veulent, c’est que ces orpailleurs illégaux quittent la zone », a-t-il insisté au cours d’une interview à la radio australienne internationale.

En fin de semaine dernière, par ailleurs, dans le district de Wabag (province d’Enga), la police locale estimait à pas moins de 44 le nombre de victimes d’affrontements intertribaux qui ont eu lieu au cours des six derniers mois.
Parmi ces morts, certaines sont survenues dans le cadre de conflits liés à des élections locales, alors que d’autres ont été tués dans des opérations punitives lancées entre tribus rivales, a précisé le Superintendant George Kakas, chef de la police d’Enga.

pad

Rédigé par PAD le Mardi 10 Juin 2014 à 06:46 | Lu 389 fois