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Ondes: modifications biologiques mais pas d'"effet avéré" sur la santé


Ondes: modifications biologiques mais pas d'"effet avéré" sur la santé
PARIS, 15 octobre 2013 (AFP) - L'exposition aux ondes électromagnétiques peut provoquer des modifications biologiques sur le corps mais les données scientifiques disponibles ne montrent pas "d'effet avéré" sur la santé, indique l'Agence nationale sanitaire (Anses) dans un avis rendu public mardi.

L'Anses ne juge pas nécessaire de modifier la réglementation qui fixe des seuils limites mais recommande néanmoins de réduire l'exposition aux ondes, en particulier celles des téléphones mobiles, surtout pour les enfants et les utilisateurs intensifs.

Cet avis de l'Anses a été formulé par un groupe de 16 experts qui a passé en revue plus de 300 études scientifiques parues au niveau international depuis 2009, date du dernier état des lieux de l'Agence sanitaire sur ce sujet.

Les interrogations sur les effets sanitaires des ondes se multiplient avec le déploiement toujours plus large des technologies sans fil, et notamment avec l'arrivée de la 4G.

Ces nouvelles technologies sont susceptibles d'augmenter l'exposition de la population générale, via de nouvelles antennes, ou des utilisateurs, via de nouveaux équipements (smartphones dernière génération, tablettes, etc.), résume l'Anses.

Les conclusions "ne mettent pas en évidence d'effet sanitaire avéré" mais néanmoins "elles font apparaître, avec des niveaux de preuve limités, différents effets biologiques", avance l'Agence.

Un effet biologique est une modification de l'organisme sans être synonyme de pathologie. "La dilatation ou la rétractation de la pupille en fonction de l'éclairage ou le changement de la couleur de la peau exposée au soleil sont des exemples d'effets biologiques", explique Dominique Gombert, directeur de l'évaluation des risques à l'Anses.

Les effets biologiques constatés sur l'homme ou l'animal ont concerné les performances cognitives (orientation par exemple), le sommeil (modification de l'encéphalogramme) et la fertilité masculine (modification des paramètres cellulaires de spermatozoïdes).

Mais l'agence indique ne pas avoir pu "établir un lien de causalité entre les effets biologiques décrits sur l'homme ou l'animal et d'éventuels effets sanitaires".

Risques pour utilisateurs intensifs

Au sujet de la survenue de tumeurs cérébrales, certaines études épidémiologiques publiées depuis 2009 indiquent "un risque possible pour les utilisateurs intensifs de téléphone" , avance l'Anses. Mais le lien de causalité reste là aussi à démontrer, selon l'Agence.

Pour Dominique Gombert, un utilisateur est intensif à partir d'une quarantaine de minutes de conversation quotidienne.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait estimé en mai 2011 que l'usage des téléphones portables devait être considéré comme "peut-être cancérogène pour l'homme".

Dans ce contexte, l'agence fait plusieurs recommandations: recours au kit mains libres pour les utilisateurs intensifs, privilégier des téléphones émettant moins d'énergie (débit d'absorption spécifique), réduire l'exposition des enfants, mieux mesurer l'exposition actuelle de la population, réaliser des études préalables avant l'installation de nouvelles infrastructures, étendre la limitation de l'exposition à d'autres appareils (tablettes, veille-bébé, téléphones sans fil dans les maisons, etc.).

Le rapport rappelle que "les téléphones mobiles constituent la principale source d'exposition pour les utilisateurs". Quant aux antennes, "si des travaux récents montrent une exposition globale faible", il existe des zones d'exposition "notablement plus importantes (...) qui pourraient être technologiquement réduites".

Enfin, la question de l'hypersensibilité de certaines personnes "fera quant à elle l'objet d'une expertise spécifique qui démarrera dès la fin de cette année", a annoncé l'agence sanitaire.

Les ondes électromagnétiques sont générées par de nombreux appareils (radios, micro-ondes, téléphones sans fil et portables, systèmes Wifi ou Wimax, radars, télécommandes, micro sans fil, etc.) et par les antennes-relais.

Au sujet des antennes, à l'origine de tensions locales, si l'exposition globale reste "faible", il existe localement des zones d'exposition "notablement plus importantes (...) qui pourraient être technologiquement réduites", selon l'Anses.

Ses responsables ont toutefois rappelé avec insistance que "les téléphones mobiles constituent la principale source d'exposition".

Un rapport récemment remis au gouvernement indiquait que sur 99% du territoire, le niveau d'exposition lié aux antennes n'était que de 2,7 volts par mètre. A comparer avec les quelques volts par mètre émis par un seul téléphone portable utilisé avec un kit mains libres, une exposition déjà divisée au moins par 10 par rapport à un appareil collé à l'oreille, selon l'Anses.

Rédigé par Par Céline SERRAT le Mardi 15 Octobre 2013 à 05:53 | Lu 418 fois