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Nucléaire : “On ne veut pas de médaille en chocolat”


Tahiti, le 4 février 2025 - Ce mardi, seul le président de l'association Tamarii Moruroa, Yannick Lowgreen, était auditionné par la commission de l’Assemblée nationale relative à la politique française d'expérimentation nucléaire. Il a demandé aux députés présents d'intervenir pour que la commission de suivi des essais nucléaires, endormie depuis 2021, se réunisse à nouveau afin de faire évoluer la loi Morin et la liste des maladies. Mais aussi, de plaider pour que les vétérans polynésiens obtiennent enfin le titre de reconnaissance par la Nation et pas “une médaille en chocolat”.
 
Les auditions se poursuivent à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête réactivée par la députée Mereana Reid Arbelot sur la politique française d'expérimentation nucléaire. Ce mardi, en présence d'une dizaine de députés, c'est le président de l'association Tamarii Moruroa qui était entendu en visioconférence depuis Tahiti. Association créée en 2006 et qui milite pour “réhabiliter ceux qui ont bossé sur les sites”.
 
Car cet ancien technicien du service des forages au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) trouve “regrettable que les personnels militaires et civils aient été traités injustement de complices de crime”, comme l'a rappelé en préambule le président de la commission, Didier le Gac.
 
Avec ses 2 000 adhérents, il milite depuis de nombreuses années pour que les vétérans polynésiens bénéficient, au même titre que ceux du Sahara, de la reconnaissance de la Nation. Un titre qui n'est pas qu'honorifique puisqu'il permettrait une prise en charge, par l'État et non plus par la Caisse de prévoyance sociale (CPS), de tous les frais médicaux de ceux qui ont travaillé à Moruroa, Fangataufa et Hao.
 
L'association demande l’ajout de 4 nouvelles maladies
 
“La médaille de la Défense, ça ne nous apporte rien contrairement au titre de reconnaissance. On ne veut pas de médaille en chocolat. Parfois, on se demande si on est des Français à part entière ou des Français entièrement à part”, a-t-il regretté, demandant ainsi à la dizaine de députés présents de l'autre côté de son écran à Paris, d'intervenir “pour modifier le décret de titre de reconnaissance par l'État”.
 
Il a par ailleurs rappelé que son association se bat aussi pour une évolution de la loi Morin et, surtout, pour rajouter à la liste des pathologies reconnues comme potentiellement radio-induites quatre nouvelles maladies. Répondant à la députée Dominique Voynet, il a cité les cancers liés “au pancréas, au pharynx, la prostate précoce, sans oublier les maladies du muscle cardiaque”.
 
Mais pour ce faire, il faut que la commission de suivi des essais nucléaires, qui ne s'est pas réunie depuis 2021, se remette enfin autour de la table. “Parce que c'est elle qui fait évoluer la loi Morin et la liste des maladies”, dit-il, plaidant aussi pour qu'enfin un “médecin polynésien qui parle tahitien” soit intégré au comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen). Des doléances qui seront relayées notamment auprès de la ministre de la Santé du gouvernement central qui doit être auditionnée en avril prochain.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 4 Février 2025 à 14:00 | Lu 1524 fois