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Nouvelles menaces sur le tourisme


Tahiti, le 26 janvier 2021 – Dans un contexte bien morose de menace de reconfinement en métropole, de crainte de la propagation des variants et de durcissement des règles de transport pour les Américains, le haut-commissaire, Dominique Sorain, et le président, Edouard Fritch, ont rencontré des acteurs économiques du transport aérien et de l'hôtellerie particulièrement "inquiets" ce mardi.

Alors que la fréquentation touristique est déjà réduite au tiers de son volume habituel, le ciel s'assombrit encore pour le tourisme polynésien. Sérieusement envisagée par l'Elysée, la piste d'un reconfinement de l'hexagone, le troisième depuis le début de la crise sanitaire, pourrait bien isoler encore d'avantage la Polynésie et son secteur touristique à l'agonie. En décembre dernier, déjà, le confinement en métropole avait causé un arrêt total des flux touristiques avec l'hexagone. Dans le même temps, la perspective d'un durcissement des mesures sanitaires d'entrée au fenua dans un contexte de multiplication des variants et l'arrivée de l'administration Biden aux Etats-Unis avec des conditions de voyages supplémentaires –septaine "préconisée" et test PCR- pour les passagers américains ne sont pas non plus de bon augure…

Ces mesures et menaces pèsent plus que jamais sur les deux derniers marchés émetteurs du fenua que sont la France et les Etats-Unis. Présidant mercredi un conseil de défense sanitaire, Emmanuel Macron privilégie d'attendre quelques jours avant de prononcer, ou non, un nouveau confinement généralisé du pays.

Incertitudes

Dans ce contexte d'incertitude générale, le haut-commissaire, Dominique Sorain, et le président, Edouard Fritch, ont engagé une phase de consultation avec les acteurs économiques et les élus, multipliant les rencontres depuis vendredi. Lundi, c'était au tour des tavana d'être reçus à la résidence du haussariat pour faire le point sur la situation sanitaire en Polynésie. Mais c'est surtout du côté du tourisme que tous les regards se tournent. Car, vaccin ou pas, de très nombreux pays ont décidé de renforcer les mesures sanitaires applicables aux voyageurs. Raison pour laquelle L'Etat et le Pays ont également réuni les acteurs du transport domestique et international ainsi que les professionnels de l'hôtellerie mardi matin, toujours à la résidence du haut-commissaire.

Il s'agissait selon un professionnel présent à cette réunion de "prendre le pouls" dans les deux secteurs durement impactés par la crise et de savoir comment ces professionnels appréhendent les nouvelles menaces. Alors que 50 à 80% des réservations, alimentées notamment par du tourisme affinitaire, avaient déjà été reportées à cette année, la lueur d'espoir d'une reprise au deuxième semestre s'amenuise face au spectre de restrictions harmonisées à tout le territoire national contre les variants. "Le souci, ce n’est pas ce que l'Elysée va annoncer" mais "de protéger nos populations contre l’arrivée de ce variant du Covid qui risque de causer beaucoup de mal chez nous", a précisé Edouard Fritch mardi midi, mettant en garde : "Tout est envisageable : le confinement, la septaine, le double test…"

Retour de la septaine ?

Toutes les pistes sont donc envisagées et les professionnels du tourisme attendent pour l'heure avec "inquiétude" la "position ferme et définitive" qui sera prise par l'Etat. Le retour d'une septaine pour tous les passagers arrivant en Polynésie fait particulièrement trembler dans le secteur touristique. Une telle mesure, si elle était adoptée, "reproduirait le scénario d'il y a un an" à l'époque du confinement, commente un hôtelier. "Aucun touriste ne monterait dans un avion pour venir jusqu'ici. Il n'y aurait plus d'activité touristique".

Pour d'autres, une telle mesure reviendrait à fermer les frontières. "On crie misère avec 30%, alors tomber à 0%, ou à une clientèle uniquement locale, c'est-à-dire 5 à 10% d'occupation de nos hôtels avec des prix moyens très très bas, ça nous fera quelques clients pour garder le moral. Mais ça n'aura aucun impact positif sur la vie des hôtels", commente un professionnel. "Quoiqu'il en soit, si on ferme les frontières, on s'ampute du peu de business qu'il nous reste aujourd'hui."
 


Rédigé par Esther Cunéo le Mardi 26 Janvier 2021 à 19:06 | Lu 6279 fois