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Nouvelle-Calédonie: les crises en série ont pesé sur l'économie en 2020


THEO ROUBY / AFP
THEO ROUBY / AFP
Nouméa, France | AFP | jeudi 15/04/2021 - L'économie de la Nouvelle-Calédonie a souffert en 2020 de la crise sanitaire mais également de crises politique, sociale et industrielle, alors que 2021 "s'annonce tout aussi compliquée", a estimé jeudi l'IEOM, la banque centrale des collectivités d'Outremer du Pacifique.

"Il n'y a pas eu que la Covid mais un enchaînement de multiples crises, intervenues dans un contexte déjà fragilisé par la recherche de nouveaux moteurs de croissance et de déséquilibre des finances publiques", a déclaré Magali Ardoino, responsable du service des études de l'IEOM (Institut d'émission d'Outremer) pour la Nouvelle-Calédonie. 

L'IEOM assure le rôle de banque centrale des collectivités d'Outremer du Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis-et-Futuna), dont la monnaie est le franc Pacifique.

Peu touché par le coronavirus (zéro décès), l'archipel a retrouvé son statut de "Covid-free" le 9 avril, moyennant deux périodes de confinement strict en mars-avril 2020 puis du 9 mars au 1er avril derniers, et des frontières toujours fermées.       

Malgré le chômage partiel, les aides de la collectivité et des prêts de l'Etat, un recul du PIB de 5,6% à 6,7% est attendu. L'emploi privé s'est replié l'an dernier de 1,4% (-950 emplois).

A la crise sanitaire se sont ajoutées des tensions politiques liées au deuxième référendum sur l'indépendance le 4 octobre 2020, remporté d'une courte tête (53,3%) par les pro-Français, qui a ravivé les clivages communautaires. 

Tensions sur le nickel

En décembre, une flambée de violences et de troubles à l'ordre public ont suivi autour de la reprise de l'usine de nickel du groupe brésilien Vale, à laquelle s'opposaient indépendantistes et chefferies kanak.

"Les tensions fortes sur la filière nickel, conjuguées aux incertitudes institutionnelles, n'auront pas permis au territoire de bénéficier de la remontée des cours mondiaux du nickel au second semestre", indique l'IEOM, alors que l'industrie du nickel est la principale richesse de l'île.

La production de nickel connait une situation contrastée avec un recul de la production métallurgique de près de 4% en 2020 (-90.700 tonnes), après un repli de 18% en 2019, en raison des déboires des trois usines locales.

En revanche, les exportations de minerai brut vers la Chine, la Corée du sud et le Japon sont en hausse, tant en valeur qu'en volume.       

L'inflation négative (-0,5%) et "la bonne tenue des dépenses des ménages" ne suffisent pas à éclaircir l'avenir alors "que le gouvernement (local) a été dans l'incapacité de voter le budget 2021 dans le temps imparti", rappelle l'IEOM.      

Son élaboration a été confiée à l'Etat le 1er avril, sur fond de crise politique. Après la chute de l'exécutif collégial provoquée par les indépendantistes le 2 février, ces derniers ne sont toujours pas parvenus à désigner le président du nouvel exécutif élu, où ils sont pourtant majoritaires.

Ce blocage institutionnel ne va pas faciliter les "réformes structurelles" auxquelles appelle l'IEOM face au déséquilibre des comptes sociaux, à la hausse du taux d'endettement (144% en 2021) et à la baisse des recettes fiscales.

L'Institut préconise "le rétablissement de la confiance des agents économiques", qui sera également une gageure alors qu'un troisième et dernier référendum sur l'indépendance doit se tenir avant octobre 2022 sur le "Caillou".

le Jeudi 15 Avril 2021 à 05:58 | Lu 632 fois