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"Nous ne pourrons pas mettre un gendarme derrière chaque personne"


Tahiti, le 18 mars 2020 - Entretien avec Christophe Deschamps, le directeur de cabinet du haut-commissaire de la République en Polynésie française, au sujet du contrôle par l'État des mesures de confinement imposées à Tahiti depuis lundi à tous les passagers à l'arrivée des vols internationaux.
 
Comment pouvez-vous garantir que les mesures de confinement décidées lundi sont respectées ?
"Lundi a été prise la décision, pour toutes les arrivées à l’international de ressortissants non-résidents, qu’ils seraient placés en auto-confinement. Cela est fait. Ils sont tous en auto-confinement. Il y a des instructions claires qu’ils doivent absolument respecter sous peine d’amende
 
Pourquoi des arrêtés du haut-commissaire ne sont-ils pas pris pour encadrer cela ?
"On se base sur le règlement sanitaire international. Le Pays qui est compétent en matière de santé a pris un arrêté, le 16 mars. Par rapport à cet arrêté, nous pouvons prendre des mesures pour restreindre la liberté d’aller et de venir, sous peine d’amendes. Les gens qui se sont engagés sur l’honneur à rester confinés, dès lors qu’ils sortent, sont passibles d’une amende. Et cela peut constituer un délit s’ils récidivent. Les gens se comportent bien pour l’instant. On les surveille. C’est pour cela qu’ils ont été placés dans des endroits, où ils sont regroupés, si possible. La police et la gendarmerie font leur travail et surveillent. 
Maintenant, vous avez entendu qu’il y a une suspension des arrivées de tous les non-résidents. Seuls des résidents sont dorénavant susceptibles d’arriver. Ils seront placés en quatorzaine, en auto-isolement à domicile. Ils donnent une adresse. On sait où ils sont. Et ils savent qu’ils doivent respecter les gestes barrières. Ce ne sont pas forcément des cas infectés. Je tiens à le redire
."
  
Un appel au civisme est lancé, sans mesure coercitive. C’est suffisant ?
"Il y a des contraintes. On connaît exactement leur adresse. Ces personnes sont suivies par la veille sanitaire et les services de l’État. Les forces savent exactement où sont confinées les personnes. Après, on ne va pas contrôler tous les auto-isolement en permanence. Il y a des patrouilles de gendarmerie et on fait confiance aux gens. Je pense que le président Fritch a été assez clair : là, il y a un devoir de responsabilité. (…).
Aujourd’hui, le grand danger c’est le cas importé. À ce stade, nous n’avons pas de cas autochtone. Des enquêtes sanitaires sont en cours. On va voir ce qu’elles vont donner. Il y aura peut-être des cas autochtones. On espère que non. Mais à partir d’aujourd’hui, plus personne n’arrive. On rapatrie dans leur pays, le plus vite possible et dans les meilleures conditions, les touristes qui sont encore présents sur le territoire. 
Une fois que tout cela est fait, on organise la continuité territoriale pour que les résidents puissent revenir dans des conditions de sécurité optimale, pour les auto-confiner et les contrôler. Mais nous ne pourrons pas mettre un gendarme derrière chaque personne
."
  
Aujourd’hui, on s’achemine vers une phase 2 de l’épidémie en Polynésie ?
 "Je ne peux pas vous le dire à ce stade. En revanche, on s’achemine vers des mesures adaptées à la situation. Cette situation est importante, préoccupante. On essaie de devancer absolument l’épidémie et on met toutes les mesures en place."

Rédigé par Propos recueillis par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 18 Mars 2020 à 19:06 | Lu 5624 fois