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Mutinerie dans une prison indonésienne: cent détenus en fuite


Mutinerie dans une prison indonésienne: cent détenus en fuite
MEDAN, 12 juillet 2013 (AFP) - Les forces de l'ordre ont repris vendredi le contrôle d'une prison indonésienne surpeuplée, après une mutinerie qui a fait cinq morts, mais restaient toujours à la recherche d'une centaine d'évadés, dont des "terroristes".

Après près de 24 heures de mutinerie, policiers et soldats ont "repris le contrôle de la prison", a indiqué à l'AFP Akbar Hadi Prabowo, porte-parole de l'Administration pénitentiaire.

L'opération s'est faite sans aucune résistance, après des négociations tenues directement dans l'enceinte carcérale par le ministre de la Justice et des Droits de l'homme, Amir Syamsuddin, a-t-il précisé.

En revanche, une immense chasse à l'homme, menée par des centaines de policiers et de militaires, se poursuivait afin de retrouver une centaine d'évadés encore en fuite, dont des "terroristes", a indiqué à l'AFP Heru Prakoso, porte-parole de la police provinciale de Sumatra-Nord (nord-ouest).

"Nous avons repris 55 évadés, dont trois condamnés pour des actes terroristes", a-t-il ajouté. Entre "95 et 100" détenus sont toujours en fuite, dont six "terroristes".

La prison abritait au total onze détenus condamnés en vertu de la loi antiterroriste, certains pour avoir fait partie d'un camp d'entraînement de militants dans la province voisine d'Aceh, où une rébellion séparatiste a sévi pendant des décennies, d'autres pour des hold-up visant à financer des actes terroristes, a précisé Heru Prakoso.

Devant l'établissement aux murs calcinés, des centaines de policiers et militaires montaient la garde vendredi. A l'intérieur, les détenus étaient réunis dans la cour de la prison, se déplaçant librement hors de leurs cellules, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Certains d'entre eux bavardaient devant la porte d'entrée noircie de la prison, face aux forces de l'ordre qui n'osaient pas avancer.

Les détenus de l'établissement Tanjung Gusta de Medan, capitale provinciale de Sumatra-Nord, se sont mutinés en signe de protestation contre une coupure d'électricité qui affecte la prison surpeuplée depuis jeudi matin.

L'absence d'électricité a bloqué toute distribution d'eau, tirée de puits par des pompes, empêchant les indispensables ablutions d'avant-prière en cette période sacrée du ramadan. L'établissement abrite 2.600 prisonniers pour une capacité d'un millier, selon les autorités.

Des détenus ont mis feu à des bureaux, lançant des bouteilles en verre aux gardiens. Dans l'agitation, environ 150 personnes en ont profité pour s'évader. Dix gardiens ont été brièvement pris en otages avant d'être relâchés, a précisé la police.

"Cinq personnes sont mortes: trois sont des prisonniers et deux autres du personnel de l'établissement", a indiqué Heru Prakoso.

Cette nouvelle mutinerie, après celle survenue en février 2012 à Bali, jette une lumière crue sur les conditions déplorables dans les établissements pénitentiaires d'Indonésie, quatrième pays le plus peuplé au monde avec 240 millions d'habitants.

"Tanjung Gusta est surpeuplée: sa capacité est de seulement 1.200 détenus mais elle abrite actuellement environ 2.600 condamnés et prévenus", a reconnu Gonjang Raharjo, porte-parole du ministère de la Justice et des Droits de l'homme. "Le surpeuplement est un problème pour la majorité des prisons dans le pays".

En février 2012, la prison de Kerobokan sur l'île de Bali, vétuste et surpeuplée, avait été le théâtre de violentes émeutes.

Les détenus avaient pris le contrôle pendant plusieurs jours de l'établissement qui abrite un millier de détenus. Des prisonniers étrangers avaient dû être évacués par peur qu'ils soient pris en otages comme monnaie d'échange avec l'administration. Ces émeutes, qui n'avaient fait aucun mort, avaient éclaté à la suite d'un énième épisode de violence entre détenus, les ONG soulignant la promiscuité en raison du surpeuplement.

Rédigé par Par Kharisma DANI le Vendredi 12 Juillet 2013 à 06:33 | Lu 244 fois